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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(108)

Author:Elle Kennedy

Je sens les larmes qui montent. Je ferme brièvement les yeux, j’espère arriver à ne pas pleurer. Je ne peux même pas bl?mer Gemma. C’est le pire, je la comprends. Bien s?r qu’elle ne veut pas de ce rappel. Chaque fois que son fils ramènera sa copine à la maison, elle va lui rappeler que son mari l’a trompée ? Avec la mère de cette fille ?

– Je ne peux pas faire ?a à maman, dit Tate d’une voix étranglée. Je t’aime, Cass, je t’aime beaucoup, mais je ne pourrais pas vivre en sachant que je fais de la peine à ma propre mère. Je ne peux pas lui faire ?a.

Il serre les dents. Il déglutit à plusieurs reprises. Il a l’air tellement bouleversé.

J’attrape sa main, j’entrelace nos doigts.

– Ce n’est pas grave. Je comprends.

– Je suis vraiment désolé.

Chaque mot traduit une grande souffrance.

– Tu ne peux pas ramener à la maison la fille dont la mère a presque détruit le mariage de tes parents. ?a restera toujours un nuage noir qui va planer au-dessus de notre relation, surtout si ta mère n’arrive pas à le surmonter. Il n’y a plus la moindre lueur d’espoir.

Mes lèvres commencent à trembler, je les mordille autant que je peux. Je ne veux pas pleurer.

– Alors, je suppose qu’on va se dire au revoir.

– J’imagine.

Sa voix se fissure à nouveau, tout comme une partie de mon c?ur.

– J’ai passé un bel été, je lui dis.

– Le meilleur été de ma vie.

Je souris. Ses yeux s’embrument à nouveau. Les miens suivent rapidement. Je peux à peine le voir, tellement ma vision est floue. Nous pleurons tous les deux, et je sais que si je reste assise ici plus longtemps, je vais craquer.

– Je suis content de t’avoir rencontrée, rouquine.

– Heureuse de t’avoir rencontré aussi, Gate.

Je le laisse là, sur la jetée. Je ne sais pas comment mes jambes parviennent à me porter jusqu’à la maison, mais je finis par y arriver. Même dans ma chambre, je continue à lutter contre les larmes, car s’il était dans sa chambre maintenant et que nous passions devant nos fenêtres en même temps, il me verrait. J’entre dans la salle de bains et m’assois sur le bord de la baignoire. Ce n’est qu’à ce moment-là que je me mets à pleurer.

Chapitre 35

Cassie

Novembre

– On a réussi !

Le visage tout rouge de Tate remplit l’écran de mon ordinateur portable. Il passe une main dans ses cheveux plus dorés que jamais par le vent, tout sourire dehors. Me voilà soulagée. Je suis constamment inquiète depuis qu’il a mis les voiles, et chaque fois que je le vois, sain et sauf, j’ai envie de pleurer de joie.

– Je peux vous dire qu’on a eu chaud plus d’une fois. J’ai failli me pisser dessus pendant la tempête du mois dernier…

Je frissonne. C’était un mauvais moment à passer. J’ai vu la vidéo qu’il a faite du pont après la tempête et elle hante encore mes rêves.

– Et je ne m’excuserai jamais assez de t’avoir imposé ma version a cappella de ? Poker Face ?1 le soir où j’ai descendu cette bouteille de Jack2.

Je glousse.

– Cette fois, le voyage a officiellement pris fin. Enfin, si on veut. Je vais rester ici jusqu’à ce que les parents de ma copine me la reprennent.

Il balaie amoureusement de ses yeux bleus le hunier du Surely Perfect.

– Je passerai le mois prochain à naviguer autour de l’Australie. Histoire de voir de quoi on parle. Alors, restez à l’écoute, les amis. Le voyage n’est pas encore terminé. On se reparle bient?t. Salut à tous !

La vidéo s’arrête là.

Je me mets à pleurer.

C’est désormais une routine hebdomadaire. Chaque lundi, lorsque Tate publie son vlog de voyage, je m’assois sur mon lit, j’ouvre l’ordinateur portable et je regarde les trente ou quarante minutes de récapitulation de sa semaine. Je ne sais pas quel logiciel de montage il utilise, mais ses vidéos sont excellentes. Il y a des superpositions de photos, des cartes de dates pour montrer quand certaines séquences ont été filmées et aussi des plans fixes, quand Tate place la caméra quelque part et la laisse tourner. Mon c?ur bat toujours la chamade lorsque je vois ses mains habiles hisser une voile ou souquer un bout. Mais ce que je préfère dans ses vidéos, c’est quand on le voit assis sur le pont ou attablé dans la cambuse et qu’il me parle. En fait, il parle à tout le monde, mais j’aime à penser qu’il me parle à moi toute seule.

Peyton dit que je me torture pour rien. Joy menace de venir de Manhattan pour organiser une action de diversion. Elles pensent que je dois passer à autre chose. Je suis s?re qu’elles ont raison. Il n’y a rien d’utile dans tout ?a, rien à gagner à fixer le beau visage de Tate semaine après semaine pendant trois mois d’affilée. Tout ce que ?a fait, c’est qu’il me manque encore plus.

Ce semestre est d’une longueur interminable. Je n’arrive pas à me concentrer sur mes cours. Je n’arrive pas à voir mes amis ni à participer à des fêtes. Je ne suis pas encore devenue une totale ermite : je me douche toujours, je continue à me laver les cheveux et je mange. Je nettoie ma chambre, j’envoie des messages aux gens et je réponds même aux courriels de mon agent littéraire, Danna Hargrove, qui nous a vendu la série Kit et McKenna dans le cadre d’un contrat de cinq livres.

Pour l’instant, on parle d’une avance modeste, mais Danna est enthousiasmée par le potentiel de la série. Elle pense qu’elle va décoller. Elle parle déjà d’adaptations télévisées et de produits dérivés.

Comme toujours, je tempère mes attentes. Mais j’ai bon espoir. Robb fait parie de l’aventure en tant qu’illustrateur, et le premier livre, celui que j’ai offert à mes s?urs, sortira à l’automne prochain. La date limite pour le deuxième album est la nouvelle année suivante, donc heureusement, je n’ai pas besoin de me forcer à être créative en ce moment.

De toute fa?on, ces jours-ci, je ne me sens pas créative du tout. Je ne ressens rien, en fait… et surtout pas l’ombre de ce qui pourrait ressembler au bonheur. Mais c’est Thanksgiving et j’ai un peu le moral dans les chaussettes. Maintenant, j’ai h?te de voir ma famille. Depuis la nuit où j’ai débarqué chez papa et où j’ai pleuré dans les bras de Nia, tout va mieux. Papa fait un effort pour savoir comment je me sens ; Nia et moi avons même commencé à nous envoyer des textos.

Avec ma mère, c’est le contraire. Je ne lui ai pas parlé depuis la fameuse nuit du Beacon. Je m’en fous. Elle m’a envoyé plusieurs textos, elle m’appelle souvent, et même si je ne peux pas me résoudre à la bloquer, je ne réponds pas. D’après ma grand-mère, ?a la rend folle. Je découvre que les narcissiques n’aiment pas la méthode du silence. Quelquefois, j’ai peur de la voir débarquer sur le campus pour essayer d’arracher une réconciliation de mes mains obstinément fermées, mais jusqu’à présent, elle a gardé ses distances. Qui sait combien de temps cela va durer.