– Ce n’est pas bien grave, je répète. Ce n’est pas comme si Robb et moi passions des vacances ensemble dans les Hampton. Je lui ai juste demandé de faire quelques dessins pour moi.
– Et c’est quoi, ?a, tu écris des livres pour enfants maintenant ? (Elle a l’air énervée)。 C’est à ?a que sert mon gros chèque pour tes frais de scolarité ?
– C’est juste un cadeau d’anniversaire. Les jumelles adorent les histoires que j’invente pour elles à l’heure du coucher. Papa m’a suggéré d’en prendre une et d’en faire un livre.
– Tu m’étonnes.
Je serre et je fais tout ce que je peux pour libérer la tension de mes m?choires. La pression ne fait qu’augmenter quand elle me demande sèchement :
– Et son infirmière, qu’est-ce qu’elle a prévu pour ce fameux anniversaire ?
– Victoria ! s’exclame grand-mère.
– Quoi ?
Elle lève un sourcil.
– Je pensais t’avoir inculqué de meilleures manières.
– Maman, je t’en prie… tu prends le parti de la femme trophée de Clayton ?
Je ravale un rire, parce que Nia est tout sauf une femme trophée. Elle se moque de l’image qu’elle renvoie. L’argent, les vêtements, le statut social ? Elle s’en fout. Exactement le contraire de ma mère.
– Il y aura une fête pour les jumelles dans l’après-midi, je dis en ignorant la remarque désobligeante qu’elle vient de faire sur Nia, tous leurs copains et copines seront là. Ensuite, nous d?nerons tous les cinq.
Comme je m’attends à une remarque acerbe sur le fait qu’elle n’a pas été invitée au vingt et unième anniversaire de sa propre fille, j’ajoute :
– Toi et moi, on va toujours à Charleston ce week-end-là, n’est-ce pas ? On y passera toute la journée de dimanche, non ? Je suis folle de joie à l’idée d’y aller.
Le fait de parler d’elle a l’effet escompté. Elle commence à se détendre.
– Moi aussi, j’ai h?te d’y être. (Elle se lève.) On a l’essayage dans une heure. J’aimerais arriver un peu plus t?t. Tu es prête à partir après ton petit déj ?
– Ouaip.
– Très bien. Je passe un coup de fil et on y va.
Et elle sort de la cuisine, toute contente.
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression qu’elle va appeler mon ancien beau-père pour se plaindre du fait que Robb et moi sommes toujours en contact.
En parlant de ?a… Je clique rapidement sur l’e-mail et ouvre la pièce jointe.
– Montre-moi, me demande grand-mère.
Je rapproche ma chaise de la sienne et nous admirons ensemble le produit fini.
– Oh Cassie, tu as fait un travail formidable, ajoute-t-elle.
– C’est un travail d’équipe. Je ne dis pas ?a par modestie, c’est la stricte vérité. J’ai écrit l’histoire, Robb a fait les dessins et Peyton, qui travaille pour un studio d’arts graphiques à Boston, a réalisé la maquette que j’ai ensuite envoyée à l’imprimeur.
Je zoome sur une illustration. La création de Robb pour Kit le dragon est vraiment superbe. Il a su trouver l’équilibre parfait entre l’effrayant et le mignon. Il a donné vie à mon Kit.
– Quel talent ! je m’émerveille. On dirait de vrais personnages, tu ne trouves pas ?
– Mais ils sont vrais, c’est toi qui les as créés, ma chérie.
– Je sais, mais maintenant je peux les voir. C’est trop cool. Je suis tellement contente.
Grand-mère se penche vers moi et me remet une mèche de cheveux derrière l’oreille.
– Voilà le beau sourire que j’aime voir sur ce visage. Cassandra, je sais que ta mère est… difficile, c’est le moins que l’on puisse dire. J’espère malgré tout que tu ne prends pas trop à c?ur certaines des choses qu’elle dit. Et je veux que tu saches que je suis fière de toi, fière de la femme que tu es en train de devenir. Je te trouve formidable et je voulais te le dire, parce que je le pense vraiment.
J’ai du mal à retenir mes larmes. Je ne le savais pas, mais c’est exactement ce que j’avais besoin d’entendre ce matin.
Chapitre 20
Tate
– C’était super ! s’exclame Riley.
Le visage du jeune ado est tout rouge, tellement il est excité de m’aider à attacher un bout1. On revient juste d’une virée en mer sur un joli petit dériveur.
Le vent, plus fort que prévu aujourd’hui, nous a permis d’aller très vite. On s’est pas mal retrouvés un peu loin de la baie, plus souvent que je l’aurais souhaité, mais la difficulté reste un bon exercice pour les régates. C’est pour ?a que j’aime tant ce sport, c’est toujours plein de surprises.
– Je n’arrive pas à croire qu’on allait si vite ! s’exclame Riley.
– C’était cool, je réponds en montant sur la jetée.
– Quand est-ce qu’on pourra sortir l’Optimist ?
– On va attendre encore un peu, mon vieux. Pas avant d’avoir quelques le?ons de plus à ton actif.
Le dériveur qu’on a utilisé aujourd’hui est beaucoup plus facile à man?uvrer. Il est stable et pratiquement insubmersible, alors que l’Optimist est une caisse à savon, formidable pour apprendre, mais qui chavire facilement.
– Un Optimist, c’est difficile à redresser, je lui rappelle.
Riley ne tarde pas à protester.
– Je suis s?r que je peux y arriver.
Je l’observe un instant. Il se retourne. Il attend ma réponse avec impatience en remettant ses cheveux blonds de jeune surfeur derrière les oreilles.
– Non. Impossible. Pas encore. Mais bient?t.
– Je vais le dire à Evan, me menace-t-il avec une grimace de diable. Je vais crier et pleurer en disant à quel point je suis triste que le meilleur ami de mon ? Grand Frère2 ? me prive de mon rêve de régates sur Optimist.
Je réponds par un grognement. Il a des couilles, le m?me, je ne peux pas dire le contraire. Riley est le fruit d’une volonté de reprise en main qu’Evan avait décidé d’entreprendre il y a quelque temps. En d’autres termes, Evan voulait prouver à Genevieve qu’il était prêt à arrêter de boire, de se bagarrer tout le temps, et à grandir. Pour ce faire, il s’est inscrit au programme ? Grands Frères ? local. Il a eu beaucoup de chance avec ce Riley qui est un gar?on génial.
– Très bien, je lui réponds. Au prochain cours, on s’entra?nera à savoir prendre le vent, à barrer en conséquence et je t’apprendrai quelques tactiques de course. Il y a plusieurs stratégies différentes à conna?tre pour virer aux balises. Et si tu décides de participer à une régate, ne prends pas Evan comme coéquipier, il est nul.