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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(62)

Author:Elle Kennedy

– Tu as fait la grasse matinée, ajoute ma mère.

Premier reproche. Génial. Maintenant, même mon sommeil lui pose un problème. Je ne peux vraiment rien faire de bien à ses yeux. Enfin, sauf si on est ensemble en public. Là, tout à coup, je deviens la fille la plus merveilleuse, la plus accomplie et la plus réfléchie du monde. C’est l’image qu’elle tente de préserver : bien s?r, on est les meilleures amies du monde et mes réussites, aussi peu nombreuses soient-elles à cette époque de ma vie, sont toutes à mettre à son crédit.

– Je me suis couchée tard.

Je baisse la tête en espérant qu’elles ne vont pas remarquer que je suis toute rouge. Une peau ultra-sensible, c’est la malédiction des rouquines. Tate s’est encore glissé dans ma chambre hier soir. On a remis le couvert, et c’était mieux que la première fois. Et que la deuxième… et que la troisième, la quatrième, la cinquième… En fait, je l’ai vu tous les soirs de la semaine.

La nuit dernière a été une nuit d’anthologie. Il est resté près d’une heure sur moi. Sa bouche n’en avait jamais assez. D’une main, il n’a pas arrêté de jouer avec mes seins pendant qu’il gardait deux doigts en moi. J’ai passé mon temps à me mordre les lèvres pour éviter d’être trop bruyante. Je dois avouer que Tate est très doué à ce petit jeu.

Pour dire la vérité, c’est dingue ce qu’il a comme expérience. Il est tellement à l’aise, non seulement avec son propre corps mais aussi avec le mien. Il n’a aucune hésitation quand il me touche, je ne sens que les mains confiantes d’un homme qui sait ce qu’il fait.

La seule chose qu’il refuse de faire, cependant, c’est de faire vraiment l’amour avec moi.

Toi aussi, tu as des reproches à faire, Cassie ?

Bien s?r que non, aucun reproche, je suis impatiente, c’est tout. Tate n’arrête pas de me rappeler qu’il faut y aller doucement, mais au fond, je me demande s’il n’a pas toujours peur d’être mon premier. Pas seulement à cause de la pression supposée mais aussi pour ce que cela pourrait signifier entre nous. Quand on en a parlé tout à l’heure par textos avec Peyton, elle m’a dit qu’elle pensait la même chose. Les hommes sont terrifiés à l’idée que les femmes s’attendent immédiatement à des promesses, des bagues et des je t’aime une fois qu’elles ont perdu leur virginité avec eux. J’ai dit à Tate que je ne m’attends pas à ce que notre histoire débouche sur une relation sérieuse, mais j’ai l’impression qu’il ne le croit pas.

La voix de grand-mère interrompt mes pensées.

– Oui, tu t’es couchée tard, je crois. Je t’ai entendue parler bien après minuit. Tu étais avec quelqu’un ?

Je vois qu’elle s’efforce de ne pas sourire. Merde. Je pensais qu’on ne faisait pas trop de bruit, mais manifestement, ce n’est pas le cas.

– Non, je n’ai invité personne, je mens.

De toute fa?on, il n’y a aucune chance que grand-mère l’ait vu hier soir ; Tate insiste toujours pour passer par la fenêtre quand il vient, sous prétexte qu’il ne veut pas croiser ma famille. Je pense surtout qu’il aime l’aspect ni vu ni connu de la chose, ?a l’excite. Plus je passe de temps avec lui, plus je me rends compte qu’il est joueur, c’est son c?té gamin.

– Je regardais un film. Je n’avais pas réalisé que j’avais mis le volume si fort. Je suis désolée si ?a t’a réveillée.

Ses yeux brillent. Je sais qu’elle sait que je mens.

– Alors, la prochaine fois, fais attention, baisse le volume, ma chérie.

Ma mère, bien s?r, croit à mon mensonge.

– Bien s?r qu’elle n’a invité personne, maman. Si tard ?

Dans l’esprit de maman, il est impossible que sa fille re?oive un homme dans sa chambre. Ce qui est contradictoire, vu que, selon elle, j’ai l’air d’une bimbo. Donc, en toute logique, il devrait y avoir une file d’attente devant ma porte.

J’attrape une assiette, un croissant et le beurre. Je m’attends à une réflexion désagréable du genre de ne pas exagérer sur le beurre, mais pour une fois, rien. Elle est occupée sur son portable. Quand je les rejoins à table, mon propre téléphone bipe dès que je m’assois. J’y jette un ?il et suis folle de joie en lisant l’intitulé du mail.

– L’imprimeur m’a envoyé l’épreuve numérique ! je dis à grand-mère.

Maman lève la tête et demande : ? Quelle épreuve ? ? Je me souviens alors que je ne lui ai pas parlé de mon premier essai dans le monde des auteurs de livres illustrés pour enfants. Je n’avais d’ailleurs pas prévu de le faire. Maintenant, c’est trop tard.

– Oh, ce n’est pas grand-chose, je lui dis en minimisant le projet. J’ai préparé un petit livre illustré pour Roxanne et Monique. Un petit truc pour leur anniversaire. C’est mignon. J’ai écrit l’histoire et j’ai demandé à Robb de faire les illustrations…

Merde…

C’est quoi mon problème ? ?a fait deux fois que je commets des erreurs stupides.

– Robb ? (Maman semble mécontente.) Robb Sheffield ?

– Oui.

Je prends un morceau de mon croissant et l’enfourne dans ma bouche. Peut-être que si je m?che, elle arrêtera de me poser des questions.

– J’ignorais que vous étiez restés en contact.

– Oh oui, de temps en temps.

– De temps en temps… répète-t-elle.

– Mouais… je marmonne en m?chouillant très lentement. On échange surtout des messages sur les réseaux sociaux, juste pour se donner des nouvelles.

Elle se mordille les lèvres avant de reprendre sa tasse de café.

– Tu sais ce que j’en pense, Cassie.

Oui, trop bien. Tu ne peux pas me donner un demi-frère pendant cinq ans et ensuite t’attendre à ce que je ne lui parle plus jamais, juste parce que tu as décidé de divorcer une deuxième fois…

Je ne dis pas ?a à voix haute.

Honnêtement, je l’aimais bien, Stuart Sheffield, l’homme que maman avait épousé en secondes noces. Très riche, bien s?r. Avec un nom pareil, évidemment, il était riche. Stu était plus sérieux que mon père, plus strict aussi, mais il était gentil. ?a craint qu’il soit tombé dans le panneau avec ma mère, mais je ne peux pas le bl?mer. Elle est très douée pour charmer les gens. Et comme le monde tourne autour d’elle, dès qu’elle a décidé que Stu et Robb n’existaient plus, j’étais censée faire comme elle.

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