Une de moins.
Il en reste encore un.
?tonnamment, le mec se rapproche de la mer où je le vois s’immobiliser comme une statue en regardant l’horizon. Là où il est, la lune l’éclaire, ce qui me permet de mieux le voir. Il est grand et musclé. Il porte un short de surf et un tee-shirt dont je n’arrive pas à voir la couleur car il fait trop sombre. J’ai l’impression qu’il est blond. Et il a un beau cul. Je ne suis pas du genre à remarquer ?a, je ne suis pas une fille qui regarde tout de suite les culs des mecs, mais là, je dois dire que je l’ai tout de suite repéré.
Comme il me tourne le dos, je vais en profiter pour filer. Je me lève doucement et essuie mes mains toutes moites sur le devant de mon short en jean… Je n’avais pas réalisé à quel point j’étais tendue. D’habitude, j’ai les mains moites avant un premier baiser ou quand je me trouve dans une situation particulièrement pénible ; par exemple, à chaque conversation que j’ai avec ma mère, donc j’ai souvent les mains moites.
Je prends une grande inspiration, fais un petit pas. Je suis soulagée quand je vois que le type ne se retourne pas vers moi.
Pas de problème, je peux y aller. Je n’ai plus qu’à rejoindre la dune qui se trouve à quelques mètres. S’il me remarque après ?a, je pourrai toujours prétendre que je venais de l’autre c?té et lui dire : ? Oh, désolée, je me promenais, je ne t’avais pas vu ! ?
Cette fois, je le sens bien, je vais pouvoir m’échapper. J’ai à peine fait trois pas que mon portable décide de ruiner tous mes efforts en m’avertissant bruyamment de l’arrivée d’un texto. Et puis d’un autre et, comme si ce n’était pas suffisant, d’un troisième !
?videmment, intrigué, le type se retourne vers moi.
– Hey, lance-t-il d’une voix grave et méfiante, que porte la brise nocturne. Mais… d’où tu viens ?
Je sens la chaleur me monter aux joues. Je suis contente qu’il fasse trop sombre et qu’il ne puisse pas me voir rougir.
– Je suis désolée, je… euh…
Je cherche désespérément une raison à ma présence.
– Je te jure, je n’ai absolument rien entendu de votre rupture.
Putain de merde. Magnifique Cassandra !
Ma réponse me vaut un léger rire :
– Absolument rien, hein ?
– Non, non, je t’assure, je n’étais pas assise là à écouter comment tu te faisais larguer.
Je n’ai plus de contr?le sur ma bouche. C’est elle qui parle toute seule. C’est la cheffe maintenant. Encore un truc qui m’arrive quand je suis mal à l’aise : j’ai tendance à bafouiller.
– Enfin, à mon avis, tu as plut?t bien géré la situation. Tu ne t’es pas mis à genoux, tu ne t’es pas agrippé à ses jambes en la suppliant de rester. Tant mieux, et je t’en remercie. Tu sais, ?a nous a évité à tous les deux de nous retrouver dans une situation encore plus embarrassante. C’est un peu comme si tu avais senti que j’étais coincée derrière ce tronc d’arbre.
– Crois-moi, si j’avais su que tu étais là, j’en aurais fait des tonnes. J’aurais été jusqu’à verser des larmes, j’aurais même maudit le ciel et pleuré sur mon pauvre c?ur brisé.
Il s’approche lentement et, dès que j’arrive à mieux distinguer son visage, mon rythme cardiaque s’accélère. Putain de merde, il est magnifique ! Qu’est-ce qui s’est passé dans la tête de cette fille pour laisser partir un mec pareil ?
Je balaie du regard ses traits d’une beauté classique. J’aimerais bien voir la couleur de ses yeux, mais c’est impossible, il fait trop sombre. J’avais raison, ses cheveux sont bien blonds, j’en déduis qu’il doit avoir les yeux clairs. Bleus. Peut-être verts. Avec son short et son tee-shirt un peu froissé, il a l’air du parfait gar?on de plage.
– Et pourquoi tu aurais fait ?a ?
– Juste pour te mettre mal à l’aise, juste pour te punir d’écouter aux portes.
– ?coute involontaire.
– C’est toujours ce qu’on dit.
Il me lance un sourire plein de malice. Lui aussi se donne une contenance. Il penche la tête d’un air pensif.
– Tu sais quoi ? Je te pardonne… je ne peux jamais en vouloir à une jolie fille.
Mes joues s’empourprent de plus belle.
Oh mon Dieu.
Il pense que je suis jolie.
C’est vrai que, ce soir, j’ai choisi une tenue qui me met plut?t en valeur. Un short court, qui fait para?tre mes jambes plus longues qu’elles le sont en réalité et un petit débardeur moulant noir. Noir, parce que c’est la seule couleur qui rend mes seins plus petits. Dans des couleurs claires, on a l’impression qu’ils rebondissent comme deux gros ballons de plage, même si je porte un bon soutien-gorge renforcé.
Je me rends compte que son regard n’est pas passé une seule fois sur ma poitrine. Ou s’il l’a fait, c’est avec discrétion, parce que je n’ai rien remarqué. Ses yeux restent fixés sur mon visage, ce qui me trouble. ? Boston, ce n’est pas les types séduisants qui manquent sur le campus de mon université mais, je ne sais pas pourquoi, il y a un truc qui me fait perdre mes moyens chez celui qui se trouve devant moi.
Avant que je puisse trouver une réponse pertinente à sa remarque sur la ? jolie fille ?, ou même une réponse tout court, mon portable sonne à nouveau. Un coup d’?il sur l’écran : c’est un nouveau texto de Peyton. Suivi d’un autre.
– Quelqu’un est très demandé, se moque-t-il.
– Euh… oui. Enfin… non. C’est juste ma copine, je réponds en serrant les dents. Elle fait partie de ces gens qui envoient dix messages d’une ligne au lieu d’un seul message avec tout ce qu’elle a à dire, ce qui fait que le portable n’arrête pas de sonner encore et encore, jusqu’à ce qu’on ait envie de les envoyer balader. Je déteste ?a, pas toi ?
– Si, me répond-il du tac au tac, l’air très sincère. Putain… je déteste ?a.
– C’est vrai ?
Un dernier ? Ding ! ? retentit, ce qui nous fait maintenant un total de six messages de Peyton. Quand je les lis, une fois de plus, je suis bien contente d’être dans l’obscurité, parce que j’ai l’impression que mon visage est de plus en plus rouge.
Peyton : Comment se passe la fête ?
Peyton : T’as trouvé des mecs sexy ?
Peyton : Et avec qui ? on ? va flirter ?
Peyton : Essaie de prendre des photos des candidats !
Peyton : J’ai trop envie de choisir avec toi.
Peyton : J’aimerais trop être là !