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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(26)

Author:Elle Kennedy

Honnêtement, je peux dire que ce que j’ai ressenti hier soir était cent fois pire.

Je n’avais jamais fait de proposition à un homme de ma vie.

Et je ne suis pas près de le refaire.

Parce que se faire rejeter est une vraie saloperie. ?a vous bouffe l’?me. ?a détruit votre amour-propre. Impossible d’oublier ce regard inquiet sur le visage de Tate, la lueur de panique dans ses yeux quand j’ai suggéré une aventure. Impossible d’oublier son hésitation, son embarras quand il m’a dit qu’il voulait juste qu’on reste amis.

Brutal.

Putain de brutal.

Si j’avais eu une pelle avec moi, j’aurais creusé un énorme trou dans le sable, je m’y serais précipitée pour m’y enterrer vivante. Mais avec la chance que j’ai, l’au-delà aurait eu la forme de cet amphithé?tre cauchemardesque rempli de photos de moi toute nue.

Pendant que je me rends chez mon père pour le d?ner, je suis obligée de répéter toute l’histoire à Peyton, dont la voix retentit dans les haut-parleurs de la voiture.

– Aucune chance que ce soit à cause du baiser, insiste-t-elle.

Elle répond au doute que je viens de lui exprimer en lui disant que Tate m’avait embrassée, qu’il avait pratiquement vomi et vite décidé qu’il ne le ferait jamais plus.

– Alors donne-moi une autre explication ? je lui demande. On s’embrasse comme des fous et quand il revient, on parle de rapport platonique ? ?a veut dire qu’il a détesté ce baiser, c’est évident !

– Pas forcément. (Elle marque un temps d’arrêt.) Mais si nous devons explorer cette théorie, y a-t-il eu des signes prouvant qu’il n’aimait pas ?a ? Il a essayé de s’éloigner à un moment ou à un autre ?

– Non, aucun. Au contraire, il se rapprochait de plus en plus ! Et je jure, il bandait, je l’ai senti contre ma jambe.

– Hum… je vois. (Elle réfléchit encore.) Peut-être qu’il était plus saoul que tu le pensais ?

– C’est ?a, merci Peyton. Ce que tu es en train de me dire, c’est qu’un mec a besoin d’être complètement bourré pour m’embrasser ?

– Ce n’est pas ce que je dis. Mais… peut-être qu’il avait trop bu quand il t’a embrassée… et nous savons toutes les deux que les gens font des choses impulsives quand ils boivent, non ? Donc, le fait de sortir avec toi a pu lui sembler une bonne idée sur le moment, mais quand il est revenu, il avait sans doute un peu dessaoulé et tout ce qu’il a dit après n’était qu’une excuse de sa part. Il veut peut-être passer un été tranquille et ne sortir avec personne. Il te trouve vraiment géniale, il est attiré par toi, mais il ne veut rien faire qui puisse compromettre votre amitié. ? mon avis, ?a se tient.

Elle a raison, mais le fond du problème reste le même : j’ai fait une proposition à Tate Bartlett et il m’a répondu non.

– Honnêtement, c’est probablement mieux comme ?a. Tu te souviens de ma lueur d’espoir ? Ne pas g?cher les possibilités futures en flirtant avec un mec trop beau. J’aurais d? y penser plus t?t. Je n’ai plus qu’à me trouver un autre mec. Un noté sept sur dix, voire un six sur dix, je m’en contenterai.

– Tu ne vas tout de même pas te mettre avec un six sur dix ! Il faudra me passer sur le corps. Je suis prête à faire un compromis. Je me contenterais d’un mec noté entre six et dix. Tate est un dix, on est d’accord ?

– Oh oui… je réponds misérablement.

– Très bien, alors visons un huit. Sors avec ta copine Joy demain, trouve quelqu’un d’autre et envoie-moi une photo que je puisse vérifier si c’est bien un huit.

– On verra bien. Il va peut-être me falloir un peu de temps pour digérer ce refus, je lui dis en ralentissant avant de tourner sur Sycamore Way. ?coute, je viens d’arriver chez mon père, je t’envoie un texto plus tard, OK ?

– D’accord. Je t’aime, bébé, gazouille-t-elle avant de raccrocher.

C’est tellement étrange de retourner dans la maison de mon enfance alors que je n’y ai même plus ma propre chambre. Ce sont les jumelles qui l’occupent parce qu’elle est plus grande que l’autre, celle dont papa et Nia se servent maintenant comme chambre d’amis. C’est là où je dors quand je viens leur rendre visite, ce qui fait que je ne me sens plus tout à fait chez moi dans mon ancienne maison. De plus, Nia a tout redécoré peu de temps après avoir emménagé. Alors que, par go?t, ma mère penche sur les gris, les crème, les blancs et les meubles modernes, Nia aime les couleurs vives. Elle aime les meubles dépareillés et les pièces qui donnent une impression de confort plut?t que celle de vivre dans un musée. Je ne peux pas nier que je préfère la déco de Nia. Je ne peux pas nier non plus que ?a fait mal de voir les nouvelles filles de papa occuper mon ancienne chambre.

Des cris d’excitation m’accueillent dans le hall d’entrée. Deux tornades aux cheveux noirs se précipitent en tournoyant autour de moi, puis quatre petits bras s’enroulent sur mes jambes comme des tentacules gourmands.

– Cassie !

Elles crient toutes les deux mon nom comme si elles ne se rappelaient plus m’avoir vue au printemps. Honnêtement, c’est bon pour mon ego. Je leur fais un gros c?lin plein d’enthousiasme ; Monique saute partout, tellement excitée de me voir, elle perd l’équilibre et finit par tomber par terre sur les fesses. Sa s?ur Roxanne se met tout de suite à rire à gorge déployée. Je remets Mo sur ses pieds.

– Alors les filles, comment va la vie ?

– La vie… est… tellement… trop dure… bredouille Roxy, la meneuse des deux.

Mes deux s?urs ont un tempérament doux et aimable, mais Roxanne est nettement plus autoritaire. Elle est l’a?née de deux minutes et prend ce r?le très au sérieux. Même si elle n’avait pas cette petite tache de naissance sur sa pommette gauche qui permet de les différencier, je la reconna?trais rien qu’au ton de sa voix.

– Et pourquoi c’est trop dur ? je demande en retenant un sourire.

– Dis-lui, toi, lance Mo, comme si Roxy n’allait pas le faire de toute fa?on.

– Maman ne veut pas nous acheter une tortue.

– Une tortue ?

– Oui ! Ils nous avaient promis qu’on pourrait avoir une tortue quand on aurait six ans et, maintenant, on va avoir six ans et on n’a pas de tortue.

– Oui, on n’a pas de tortue ! répète Monique en écho.

Elles sont furibardes toutes les deux, et comme elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau, elles dégagent tout à coup d’étranges vibrations fa?on Redrum1 dans The Shining.

– Une tortue ? (Je reste perplexe.) Vous voulez un animal de compagnie et vous avez choisi une tortue ? En grandissant, moi, j’aurais tout donné pour avoir un chien.

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