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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(27)

Author:Elle Kennedy

– Nous n’aimons pas les chiens, dit Roxy en reniflant. C’est beaucoup trop de travail.

– Et il faudrait ramasser les crottes, ajoute Mo. C’est trop dégo?tant.

– Oui, trop dégo?tant ! (Roxy me regarde d’un air coquin.) Tu savais que l’autre mot fran?ais pour ? popo ?, c’est ? merde ? ?

J’ai du mal à m’empêcher de rire. Je suis presque s?re que la traduction correcte est bien ? merde ?. Quoi qu’il en soit, il y a quelque chose de rigolo d’entendre ce mot sortir de la bouche d’une enfant de six ans.

Des odeurs délicieuses arrivent de la cuisine ; je m’y rends et les jumelles sautillent derrière moi. Ni papa ni Nia ne sont là, mais je remarque qu’un truc cuit dans le four et que plusieurs casseroles mijotent sur la cuisinière.

Cette cuisine, grande et aérée, a été la première pièce que Nia a rénovée lorsqu’elle a emménagé, rempla?ant le carrelage du sol par du parquet et repeignant les placards blancs d’un bleu éclatant. Elle a changé l’?lot central en marbre pour un ?lot en bois de cèdre, affirmant qu’elle n’aimait pas la sensation du marbre au toucher. Elle a dit à mon père que les plans de travail étaient froids et impersonnels et qu’ils la rendaient triste. Je ne savais pas que des plans de travail pouvaient avoir un tel impact sur l’humeur des gens, mais je suppose qu’elle n’a pas tort. De toute fa?on, le choix de maman allait toujours vers le froid et l’impersonnel.

Après la cuisine, une véranda sert aussi de salle à manger. Ses portes-fenêtres donnent directement sur le grand jardin où je jette un ?il… toujours personne.

– Où sont vos parents ? je demande aux jumelles, juste au moment où des bruits de pas retentissent derrière nous.

– Ah, voilà ma fille ! (Papa arrive dans la cuisine, vêtu d’un kaki et d’une chemise en flanelle.) Toutes mes filles ! ajoute-t-il en remarquant les jumelles qui sautillent toujours autour de moi. Dans mes bras, Cass. Viens faire un gros c?lin à ton vieux père.

Je m’approche et le laisse me prendre dans ses bras.

Papa n’est pas très grand, mais il est trapu et costaud, si bien que ses c?lins vous donnent toujours un sentiment de sécurité et de chaleur.

Ses yeux brillent derrière ses lunettes à monture métallique lorsqu’il me rel?che.

– Désolé de n’avoir pu te voir plus t?t cette semaine. Tu sais, ici, c’est la folie.

– Pas de problème. C’est top de passer du temps avec grand-mère.

– Je suis heureux de te voir ce soir. Je sais que tu adores l’idée de passer l’été avec Lydia, mais on aimerait bien que tu viennes ici aussi.

– Oui ! s’exclame joyeusement Roxy en jetant à nouveau ses bras autour de mes jambes. Comme ?a, tu pourras nous raconter des histoires pour s’endormir tous les soirs.

– Tous les soirs ! répète Mo avec enthousiasme.

– J’en veux une maintenant, supplie Roxy. Je veux savoir ce qui arrive à Kit !

– Moi aussi !

Leur demande me fait sourire. C’est devenu une sorte de tradition quand je suis là, que je lise une histoire aux filles quand elles vont se coucher. Depuis deux ans, je les amuse avec un conte que j’invente au fur et à mesure. ?a a commencé un soir où elles ne se mettaient pas d’accord sur le choix du livre et avant que je m’en rende compte, j’avais créé de toutes pièces un monde imaginaire spécialement pour elles. Un monde dans lequel une petite fille nommée McKenna trouve un ?uf de dragon dans son jardin. Une fois l’?uf éclos, elle élève un dragon de compagnie qu’elle nomme Kit, sans que personne dans sa famille s’en aper?oive.

– Qu’en dis-tu ? insiste papa. Tu pourrais venir un peu plus cet été… Rester une semaine ? Un week-end de temps en temps ?

Il s’interrompt, il n’a pas l’air s?r de son coup.

– Pourquoi pas ? je réponds. Nia est d’accord ?

– Bien s?r qu’elle est d’accord. Elle adore t’avoir ici.

J’ai des doutes, mais j’évite de faire des commentaires sur le niveau d’enthousiasme de Nia à mon égard, surtout à papa. La mère psy de Peyton appelle ?a un mécanisme d’adaptation, et je suppose que c’est le cas. Que je parle à ma mère ou à mon père, je donne toujours l’impression d’être insouciante et radieuse. Pas seulement parce que je déteste les conflits… non, j’ai été trop souvent échaudée par l’incompréhension de mon père. La période la plus compliquée a été juste après le divorce. Chaque fois que j’ai essayé de lui faire part de mes sentiments, je me suis heurtée à un mur. Je n’oublie pas non plus qu’il ne s’est même pas battu pour obtenir la garde partagée. Il a tout abandonné à maman. Jamais je n’ai pu obtenir de réponses à ce sujet. Tout au plus, j’ai eu droit à des silences gênants et des sourires forcés quand il changeait de sujet.

Comme souvent, ces souvenirs remontent à la surface et je ne peux pas les arrêter. Je ravale la grosse boule que j’ai dans la gorge et je respire un grand coup, voulant chasser à tout prix ma ranc?ur vers ce lieu en moi où s’accumulent mes pensées les plus sombres.

Mon père est un chic type, vraiment. Je sais qu’il m’aime. C’est juste que j’ai l’impression qu’il ne voulait plus s’emmerder après le divorce. Il voulait se débarrasser de tout ce qui pouvait lui rappeler ma mère et, malheureusement, il ne pouvait pas se débarrasser de moi. Je suis donc devenue, malgré moi – et malgré lui – un dommage collatéral.

Pour Nia, bien s?r je suis un rappel vivant de l’ex-femme de son mari, cette garce qu’elle déteste, c’est pourquoi son sourire semble forcé et son étreinte manque de chaleur quand elle me dit bonjour quelques minutes plus tard.

– Cassandra… quel bonheur de te voir.

– Moi aussi, je suis contente de tous vous voir. Je peux aider à préparer le d?ner ?

– Non, non. (Elle garde un petit reste d’accent fran?ais malgré toutes les années qu’elle a passées aux States.) Pourquoi tu n’irais pas t’asseoir à table et rattraper le temps perdu avec ton père et tes s?urs ? Je m’occupe du d?ner.

– Tu en es s?re ?

– Oui.

Elle me fout pratiquement hors de la cuisine, ce qui ne ressemble pas au comportement d’une femme qui veut passer du temps avec sa belle-fille.

Dans la véranda, papa et moi, on s’installe à table pendant que les jumelles n’arrêtent pas de sautiller autour de nous en passant leurs petits doigts sur le dossier de toutes les chaises. Ces deux-là ne peuvent pas rester en place une seule seconde.

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