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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(57)

Author:Elle Kennedy

J’aime cette ville, vraiment. Mais parfois, elle m’angoisse. Surtout quand je regarde la mer et cette bande de terre qui s’incurve au bord de la baie. Parce que je sais qu’au-delà, il y a l’océan, et que chaque cellule de mon corps réclame que j’aille vers lui. Je veux naviguer en m’aidant des étoiles. Je veux voir de nouveaux horizons, rencontrer de nouvelles personnes, vivre des choses que je ne vais jamais vivre à Avalon Bay. Les petites villes ont leur charme, elles sont comme une paire de bras réconfortants qui vous protègent, mais ces mêmes bras finissent par vous retenir. Ils vous empêchent de bouger.

Je suis enclin à l’introspection ce soir, ce n’est pas bon pour toi. J’aurais mieux fait de rester avec Evan, de lui proposer une autre tournée de bières et quelques parties de billard.

Je tire une nouvelle taffe. J’expire à nouveau en écoutant les bruits de la nuit. Le bourdonnement des insectes, le bruissement des arbres, une voiture qui passe sur la route, un éclat de rire qui monte d’une jetée quelques maisons plus loin, on dirait qu’ils organisent une petite fête.

Tout à coup, j’entends plus nettement une autre voiture, le bruit vient du c?té des Tanner. Une porte claque. Un éclair de mouvement traverse ma vision périphérique, et je réalise que le patio n’était pas vide. Il y a une femme qui boit un verre de vin. Ce n’est pas la grand-mère de Cassie. Lydia Tanner a les cheveux noirs, celle que je vois a les cheveux roux, mais plus foncés que ceux de Cassie. Je fronce les sourcils. Est-ce que c’est sa mère ? Pourtant, elle m’avait dit qu’elle n’arriverait pas avant la mi-ao?t. La porte arrière s’ouvre en grin?ant, une autre personne sort. Le feuillage la cache, mais je reconnais la voix de Cassie.

– Coucou, maman. Je reviens d’un d?ner avec Joy. Je voulais juste te dire bonne nuit.

OK, donc c’est bien sa mère. Je me demande quand elle est arrivée. J’ai été au yacht-club tout le week-end, alors je n’ai pas vraiment prêté attention aux allées et venues d’à c?té. ?a, plus le fait que j’ai tout fait pour éviter Cassie depuis les ébats de la fenêtre.

– C’est ?a, la tenue que tu portais pour le d?ner ? demande sa mère.

– Oui. Qu’est-ce qui ne va pas ? Nous sommes juste allées au Joe’s Beach Bar. Le code vestimentaire est décontracté, maman.

Le ton de sa voix n’est pas comme d’habitude. Je le trouve forcé, comme si elle essayait de rester calme sans y arriver.

– Je croyais qu’on avait parlé des crop tops, Cass.

J’écrase ma cigarette dans le cendrier de la balustrade. Je me sens mal d’écouter aux portes, je ne veux pas le faire, mais c’est difficile de m’en empêcher, surtout la nuit. Pas de bateaux sur l’eau, pas d’enfants qui crient, pas de mouettes qui gueulent ; il n’y a que le petit frémissement des moustiques, un cricket de temps en temps et les voix très claires de Cassie et de sa mère… qui n’en démord pas :

– Ce n’est vraiment pas très flatteur pour toi, ma chérie.

Tout de suite, ?a m’énerve. Mais on s’en fout ! Tout lui va, à Cassie.

Et si je me souviens bien, elle portait un haut court la première fois qu’on s’est embrassés. Je me souviens parfaitement de la fa?on dont il épousait ses seins. Maintenant que j’y pense, je me souviens aussi de ce qu’elle m’a dit à propos de sa mère. Très critique. Centrée sur elle-même. Aucune empathie. En l’entendant, j’ai l’impression qu’elle remplit toutes les cases.

– Je ne sais pas… moi, je les aime bien.

Je sens Cassie plus désinvolte, mais le simple fait qu’elle ait à défendre ses choix vestimentaires m’ennuie. Elle n’a pas à se justifier auprès de qui que ce soit.

– Je pense juste que c’est quelque chose que tu devrais laisser à des filles comme Joy ou Peyton. Des filles avec des abdos, tu vois. (Sa mère éclate d’un rire léger, comme si elles plaisantaient toutes les deux.) Il faut avoir un ventre très plat et tonique pour porter ce genre de haut.

Tu m’emmerdes ! Voilà ce que Cassie devrait lui répondre. Je comprends, respecter ses a?nés, obéir à ses parents et tout ?a. D’accord, mais là…

– Euh… les abdos, c’est surfait.

Je ne sais pas du tout comment Cassie fait pour garder son calme. Sa voix reste posée, imperturbable, pourtant je soup?onne qu’à l’intérieur, elle doit bouillir.

– Ma chérie. Tu sais combien je veux que tu sois toujours à ton avantage. Il ne s’agit pas seulement du ventre, il y a ta poitrine aussi. Tu as vu sa taille ? Sincèrement, choisis ta garde-robe avec plus de soin. Je comprends qu’à ton ?ge, tu veuilles être sexy, mais avec ta morphologie, la plupart des tenues sexy ont tendance à avoir l’effet inverse. Il y a avoir l’air sexy, mais il y a aussi avoir l’air bimbo. (Cassie ne bronche pas.) Les gros seins sont à la fois une malédiction et une bénédiction. Crois-moi, j’en sais quelque chose. (Sa mère rit à nouveau, comme si elle ne venait pas d’intimider sa fille au point de la faire taire.) Je pense qu’en ce moment, tu ne vois que l’aspect malédiction.

Finalement, Cassie laisse échapper un rire gêné.

– Que veux-tu que j’y fasse, je ne peux pas me débarrasser de ces choses, alors…

– Je l’ai bien fait, moi. Il n’y a pas de raison que tu ne le fasses pas. Nous pouvons parler au Docteur Bowers d’une réduction par exemple.

– Je ne veux pas de réduction. Je te l’ai déjà dit.

– Tu m’as dit que tu avais peur de l’anesthésie, mais…

– Ce n’est pas seulement ?a. Je ne veux pas de réduction.

– Cass…

– Je ne ferai pas de réduction, répète Cassie.

Pour la première fois depuis qu’elle est arrivée, son ton reste ferme et définitif.

Silence.

Puis sa mère, faisant comme si rien ne s’était passé, reprend la parole d’une voix légère et insouciante :

– Tu as l’air fatiguée. On ne devrait sans doute pas parler de tout ?a alors que tu es manifestement épuisée. Discutons-en une autre fois. Pourquoi tu n’irais pas te coucher ?

– Tu as raison, je n’en peux plus. Le lit est une excellente idée.

– Bonne nuit, ma chérie. Je t’aime.

– Je t’aime aussi, maman.

Après cette conversation, difficile de croire que l’amour circule entre les deux. Particulièrement venant de sa mère. Quel genre de parent parle comme ?a à son enfant ? Hypercritique, dit Cassie ? Moi, je parlerais plut?t de cruauté.

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