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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(58)

Author:Elle Kennedy

Je suis surpris par l’énorme colère qui m’envahit. Je reste sur la terrasse et sors une autre cigarette. Mes doigts tremblent quand j’allume le briquet. Je me penche sur la flamme et je tire sur la clope de toutes mes forces. La sensation de colère et de révolte qui m’habite ne fait qu’augmenter, formant un n?ud de tension entre mes omoplates.

Une lumière s’allume ; une lueur jaune, au deuxième étage de la maison des Tanner. Je penche la tête. D’ici, je n’ai pas de vue directe sur la fenêtre de Cassie, mais je devine vaguement un mouvement, puis un aper?u fugace de son visage. Elle se frotte les yeux avec ses deux poings.

Putain… mais elle pleure !

?a me fout le bourdon, j’en ai une boule dans le ventre. Je tire une nouvelle taffe pour essayer de me détendre.

Non.

Putain.

J’écrase ma cigarette et me précipite vers la porte pour rentrer.

Chapitre 18

Cassie

Lorsque la fenêtre tremble la première fois, je suppose que c’est le vent. Pourtant, j’étais dehors tout à l’heure et il n’y avait pas de vent du tout, mais c’est l’hypothèse la plus logique quand on entend sa fenêtre trembler dans son cadre, non ? ?a recommence encore. Et encore. Puis ce n’est pas un cliquetis que j’entends, mais des coups. Mon Dieu, je n’ai pas l’énergie pour m’occuper de ?a, ni de rien d’autre, d’ailleurs.

En reniflant, j’essuie mes yeux mouillés et me dirige malgré tout vers la fenêtre. Je sais que je suis trop vieille pour pleurer aux insultes à peine voilées de ma mère, et pourtant j’en suis là. Elle m’a prise au dépourvu ce soir.

Je sursaute quand une main appara?t sur la vitre. Le c?ur battant, je soulève rapidement la fenêtre, c’est Tate.

– Mais qu’est-ce que tu fais là ? je chuchote en criant à moitié.

Il est accroché au treillis comme un singe. Et, je ne sais pas si je l’imagine, mais la structure en bois croisé commence à plier sous son poids. Il est plus qu’en situation instable.

Tate grogne doucement.

– Je peux entrer ou tu veux ma mort ? Parce que je suis presque s?r que ce truc va l?cher d’une seconde à l’autre.

– Tu as déjà entendu parler d’une porte ? Voire d’une porte d’entrée ? On en a une en bas, et elle a ce petit truc qui s’appelle une sonnette ; si on appuie dessus, quelqu’un répond et…

– Ce n’est vraiment pas le moment de babiller, rouquine. Je vais tomber, là.

Il n’a pas tort.

En soupirant, je l’aide à grimper ; un instant plus tard, il tombe par terre dans ma chambre. Une fois debout, il passe les deux mains dans ses cheveux blonds ébouriffés pour les écarter de son visage. Il lisse son tee-shirt froissé par son ascension et fixe la ceinture de son pantalon de survêt gris. Je remarque qu’il est pieds nus… j’espère qu’il ne s’est pas blessé en escaladant le treillis.

– Pour répondre à ta question, dit-il, visiblement inquiet, je n’ai pas utilisé la porte d’entrée parce que je n’avais aucune envie de croiser ta mère dont je ne suis pas le plus grand fan depuis tout à l’heure.

– Pourquoi tu dis ?a ?

– J’étais dehors en train de fumer quand tu es rentrée et…

– Tu fumes ? Comment se fait-il que je ne savais pas que… (Je m’arrête.) Ce n’est pas le sujet sur lequel il faut se concentrer en ce moment. Tu nous as entendues ?

Il acquiesce.

Oh, mon Dieu.

Mes yeux recommencent à piquer. J’ai même envie de vomir parce que le mec le plus sexy du monde a entendu ma mère dénigrer mon corps, insinuer que je suis une salope, sans compter l’histoire de la réduction des seins. Je cligne des yeux, mortifiée.

Tate ne manque pas de remarquer la fa?on dont je me frotte h?tivement le dessous des yeux avec mon pouce.

– Non ! S’il te pla?t, ne recommence pas à pleurer.

Recommence ? Il m’a vue pleurer ?

Je crois que je vais vraiment vomir. Je prends de grandes bouffées d’air pour chasser la nausée. Je ne sens plus mes genoux, je me laisse tomber sur le bord de mon lit, mais comme je porte mon haut de bimbo, cela crée un roulement inévitable sur mon estomac. Normalement, je ne m’en préoccuperais pas – c’est pareil pour tout le monde quand on s’assoit –, mais après les horreurs que vient de me dire ma mère sur ma silhouette, je me sens encore plus gênée.

Je me relève.

– ?coute… je commence à dire, et puis je m’interromps.

Je ne sais même plus quoi dire. Je respire à nouveau profondément et opte pour l’honnêteté :

– J’ai envie de vomir en sachant que tu as entendu tout ?a.

Je vois sa m?choire se serrer et de desserrer.

– Tu te rends compte que rien de tout ?a n’est vrai. Ce n’était que des conneries. Je te jure, j’ai failli débouler et lui dire ce que je pensais. Elle te parle toujours comme ?a ?

– ? peu près. Elle a le chic pour déguiser ses vacheries en conseils utiles, alors la plupart de ses critiques se terminent par un ? Je dis ?a pour ton bien ?. (Je hausse les épaules, tellement ?a m’agace.) Elle m’a traitée de beaucoup de choses, mais de bimbo ? C’est nouveau. C’est aussi extrêmement démodé, mais je suppose que la bimbo est la salope de sa génération ? Et je crois que je préfère bimbo à salope. C’est plus amusant à dire. Bim-bo.

– Arrête, Cass. Ce n’est pas dr?le.

Je me fends d’un demi-sourire.

– Si, c’est plut?t dr?le.

Tate n’a pas l’air amusé du tout.

– Tu lui as déjà dit que tu n’aimais pas quand elle faisait ?a ?

– Quand j’étais plus jeune, oui. Mais elle n’enregistrait pas, les gens comme elle n’entendent que ce qu’ils veulent bien entendre. Comme je te l’ai déjà dit, j’ai fini par abandonner…

– … de dire ce que tu penses, ajoute-t-il pour terminer ma phrase avant de secouer la tête en signe de désapprobation. Tu ne devrais jamais cesser de dire aux gens ce qu’ils te font ressentir.

– ?a ne changera rien, Tate. Elle ne reconna?tra jamais ses torts, elle ne s’excusera jamais, ce n’est pas son genre.

– Tu ne le fais pas pour obtenir des excuses. Tu le fais pour toi. Parce que si tu ne libères pas ces émotions sombres, tu finis par les refouler. Tu les laisses te détruire à petit feu au plus profond de toi jusqu’à ce que tu montes les escaliers en larmes. Là, bien s?r, tu vas penser que tu es une moins-que-rien, que tu es moche… tu vas penser à toutes ces fausses idées que ta mère s’obstine à planter dans ta tête, alors qu’en réalité, tu es la plus belle femme que j’aie jamais rencontrée.

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