The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(41)



Il fait un geste en direction d’une boutique située de l’autre c?té du parking.

– Je travaille chez le concessionnaire de bateaux. Je vous ai vus à travers la vitrine et je suis venu vous saluer… une décision que je regrette déjà parce que je ne suis pas s?r d’avoir envie de savoir pourquoi vous discutiez de l’amour de Keanu Reeves pour les branlettes ni même comment vous êtes tombés sur cette info.

Trop, c’est trop, j’éclate de rire.

– Tu sais quoi, je ne vais même pas me donner la peine de te l’expliquer. Tu vas rester dans le flou pour le restant de tes jours. (Je vois que mon père se demande à juste titre ce qui se passe, je fais les présentations.) Papa, voici Tate. C’est lui qui garde la maison des Jackson à c?té de chez grand-mère.

Tate lui tend la main.

– Enchanté, Monsieur Tanner.

Mon père fait une dr?le de tête.

– Oh non, non… je m’empresse de corriger. Ce n’est pas un Tanner. Tanner, c’est le nom de famille de ma mère.

– Clayton Soul, corrige papa, qui s’avance pour lui serrer la main à son tour.

– Soul2 ? (Tate se tourne vers moi, surpris.) Tu t’appelles Cassie Soul ?

– Oui. Et alors, c’est pas bien ?

– Pas bien ? Essaie ? Sublime ? plut?t. ?a, c’est un vrai nom de famille.

– Si tu le dis… je n’y ai jamais vraiment réfléchi. C’est juste mon nom.

Un long moment passe pendant lequel nous commen?ons tous les deux à tripoter nos vêtements. Je joue avec l’ourlet de mon débardeur, Tate fait semblant d’enlever des peluches sur sa manche de chemise. Merde… Maintenant, une gêne s’est installée entre nous. Je savais que ?a arriverait.

– Une tortue ! je crie tout à coup.

Tate sursaute.

– Quoi ?

– Mes s?urs ont demandé une tortue pour leur anniversaire. C’est pour ?a que nous sommes ici, on fait des recherches. Mais j’ai l’impression que les tortues, ce n’est pas terrible.

– Non ! C’est l’animal de compagnie le plus facile à vivre. J’en avais une quand j’étais enfant et tout ce qu’elle faisait, c’était se prélasser dans son aquarium toute la journée. Les tortues savent s’amuser toutes seules. Mes chiens, en revanche… c’est une autre histoire. Les chiens ont besoin d’attention pratiquement vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept.

– Bon plaidoyer pour les tortues, lui dit mon père en riant.

– Je vous le dis, elles sont géniales.

Un autre silence s’installe.

Tate tripote son autre manche, je joue avec le bord effiloché de mon short. C’est insupportable. C’est incroyable ce qu’un refus peut installer comme gêne.

– Bye ! je m’empresse de dire.

Tate est surpris par ma réaction un peu brutale.

– Ah, OK, salut.

– Oui, on doit y aller maintenant, on est pressés, je dis en guise d’excuse. Alors… salut, à plus.

– Oui… c’est ?a… à plus, répond-il, le front plissé.

Je tra?ne pratiquement papa jusqu’à la voiture, où je me jette sur le siège passager et fais semblant de ne pas voir Tate qui passe devant le pare-brise en retournant travailler.

– Alors, lance papa, tout guilleret. Tu as le béguin pour ce gar?on ou c’est la fa?on dont tu traites tous tes amis ? Parce qu’avant son arrivée, tu étais beaucoup moins… bizarre.

Gros soupir.

– J’étais bizarre, n’est-ce pas ? Hum… tu crois qu’il l’a remarqué ?

– Oui.

– Merde.

Mon visage est en feu et je refuse de regarder dans le rétro parce que je suis certaine d’être plus rouge qu’un homard.

– Lui et moi, on est juste amis. (Je fais une pause.) Je crois. (Encore une pause.) C’est compliqué.

– ?a l’est toujours un peu.

Papa se redresse brusquement sur son siège avant de plonger la main dans sa poche pour récupérer son portable qui bourdonne. Il consulte l’écran et s’énerve tout de suite.

– Eh merde !

– Qu’est-ce qu’il y a ? je demande, un peu inquiète.

Sans un mot, il tend son portable pour me montrer le message de Nia.

Nia : Chandra m’a dit qu’elle t’avait vu dans une animalerie. Tu peux m’expliquer ?

– Waouh… cette putain de Chandra nous a balancés.

– Je te l’avais dit, marmonne papa avant de pousser un gros soupir.

Il démarre le moteur et met la voiture en marche. Il est temps de rentrer à la maison et d’affronter la tempête.



*

* *

Plus tard, la nuit venue, je m’approche de ma fenêtre juste au moment où une silhouette familière entre dans mon champ de vision. C’est devenu une routine maintenant. Je viens chercher quelque chose dans ma chambre ? Tate fait pareil. Je me prépare pour aller au lit ? Tate aussi. Cette fois, on est tous les deux en train de fermer les rideaux, presque parfaitement synchronisés. On s’arrête, on se regarde, on éclate de rire. Il dispara?t un instant et revient avec son portable : un message s’affiche sur le mien.

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