The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(36)



– Cassie !

Elles crient toutes les deux mon nom comme si elles ne se rappelaient plus m’avoir vue au printemps. Honnêtement, c’est bon pour mon ego. Je leur fais un gros c?lin plein d’enthousiasme ; Monique saute partout, tellement excitée de me voir, elle perd l’équilibre et finit par tomber par terre sur les fesses. Sa s?ur Roxanne se met tout de suite à rire à gorge déployée. Je remets Mo sur ses pieds.

– Alors les filles, comment va la vie ?

– La vie… est… tellement… trop dure… bredouille Roxy, la meneuse des deux.

Mes deux s?urs ont un tempérament doux et aimable, mais Roxanne est nettement plus autoritaire. Elle est l’a?née de deux minutes et prend ce r?le très au sérieux. Même si elle n’avait pas cette petite tache de naissance sur sa pommette gauche qui permet de les différencier, je la reconna?trais rien qu’au ton de sa voix.

– Et pourquoi c’est trop dur ? je demande en retenant un sourire.

– Dis-lui, toi, lance Mo, comme si Roxy n’allait pas le faire de toute fa?on.

– Maman ne veut pas nous acheter une tortue.

– Une tortue ?

– Oui ! Ils nous avaient promis qu’on pourrait avoir une tortue quand on aurait six ans et, maintenant, on va avoir six ans et on n’a pas de tortue.

– Oui, on n’a pas de tortue ! répète Monique en écho.

Elles sont furibardes toutes les deux, et comme elles se ressemblent comme deux gouttes d’eau, elles dégagent tout à coup d’étranges vibrations fa?on Redrum1 dans The Shining.

– Une tortue ? (Je reste perplexe.) Vous voulez un animal de compagnie et vous avez choisi une tortue ? En grandissant, moi, j’aurais tout donné pour avoir un chien.

– Nous n’aimons pas les chiens, dit Roxy en reniflant. C’est beaucoup trop de travail.

– Et il faudrait ramasser les crottes, ajoute Mo. C’est trop dégo?tant.

– Oui, trop dégo?tant ! (Roxy me regarde d’un air coquin.) Tu savais que l’autre mot fran?ais pour ? popo ?, c’est ? merde ? ?

J’ai du mal à m’empêcher de rire. Je suis presque s?re que la traduction correcte est bien ? merde ?. Quoi qu’il en soit, il y a quelque chose de rigolo d’entendre ce mot sortir de la bouche d’une enfant de six ans.

Des odeurs délicieuses arrivent de la cuisine ; je m’y rends et les jumelles sautillent derrière moi. Ni papa ni Nia ne sont là, mais je remarque qu’un truc cuit dans le four et que plusieurs casseroles mijotent sur la cuisinière.

Cette cuisine, grande et aérée, a été la première pièce que Nia a rénovée lorsqu’elle a emménagé, rempla?ant le carrelage du sol par du parquet et repeignant les placards blancs d’un bleu éclatant. Elle a changé l’?lot central en marbre pour un ?lot en bois de cèdre, affirmant qu’elle n’aimait pas la sensation du marbre au toucher. Elle a dit à mon père que les plans de travail étaient froids et impersonnels et qu’ils la rendaient triste. Je ne savais pas que des plans de travail pouvaient avoir un tel impact sur l’humeur des gens, mais je suppose qu’elle n’a pas tort. De toute fa?on, le choix de maman allait toujours vers le froid et l’impersonnel.

Après la cuisine, une véranda sert aussi de salle à manger. Ses portes-fenêtres donnent directement sur le grand jardin où je jette un ?il… toujours personne.

– Où sont vos parents ? je demande aux jumelles, juste au moment où des bruits de pas retentissent derrière nous.

– Ah, voilà ma fille ! (Papa arrive dans la cuisine, vêtu d’un kaki et d’une chemise en flanelle.) Toutes mes filles ! ajoute-t-il en remarquant les jumelles qui sautillent toujours autour de moi. Dans mes bras, Cass. Viens faire un gros c?lin à ton vieux père.

Je m’approche et le laisse me prendre dans ses bras.

Papa n’est pas très grand, mais il est trapu et costaud, si bien que ses c?lins vous donnent toujours un sentiment de sécurité et de chaleur.

Ses yeux brillent derrière ses lunettes à monture métallique lorsqu’il me rel?che.

– Désolé de n’avoir pu te voir plus t?t cette semaine. Tu sais, ici, c’est la folie.

– Pas de problème. C’est top de passer du temps avec grand-mère.

– Je suis heureux de te voir ce soir. Je sais que tu adores l’idée de passer l’été avec Lydia, mais on aimerait bien que tu viennes ici aussi.

– Oui ! s’exclame joyeusement Roxy en jetant à nouveau ses bras autour de mes jambes. Comme ?a, tu pourras nous raconter des histoires pour s’endormir tous les soirs.

– Tous les soirs ! répète Mo avec enthousiasme.

– J’en veux une maintenant, supplie Roxy. Je veux savoir ce qui arrive à Kit !

– Moi aussi !

Leur demande me fait sourire. C’est devenu une sorte de tradition quand je suis là, que je lise une histoire aux filles quand elles vont se coucher. Depuis deux ans, je les amuse avec un conte que j’invente au fur et à mesure. ?a a commencé un soir où elles ne se mettaient pas d’accord sur le choix du livre et avant que je m’en rende compte, j’avais créé de toutes pièces un monde imaginaire spécialement pour elles. Un monde dans lequel une petite fille nommée McKenna trouve un ?uf de dragon dans son jardin. Une fois l’?uf éclos, elle élève un dragon de compagnie qu’elle nomme Kit, sans que personne dans sa famille s’en aper?oive.

Elle Kennedy's Books