The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(73)
– Viens ici, mon bébé.
Je la prends dans mes bras ; elle enroule ses bras et ses jambes autour de moi et me serre fort contre elle. Ses gémissements commencent à s’apaiser avant de se transformer en hoquets.
– Allons te chercher un pansement.
– Je veux pas de pansement, s’écrie-t-elle.
– Forte. Je vais t’asseoir maintenant, d’accord ? je lui dis doucement en l’installant sur une chaise. Ne bouge pas d’un poil, tu m’entends ?
Je cours dans la salle de bains du couloir où je sais que papa garde une mini-trousse de premiers secours sous le lavabo. Je l’attrape et retourne à la cuisine où, cette fois, Mo m’a bien écoutée et n’a pas bronché. Je m’agenouille devant elle, prête à lui passer une lingette antiseptique ; je l’avertis que ?a va piquer un peu.
– Prête ?
Elle acquiesce timidement. Quand je passe le produit sur la petite coupure, son visage se crispe.
– J’aime pas ?a !
– Je sais, mais c’est bient?t fini. Tu vois ? ?a y est, c’est fait. On n’en parle plus.
Je vérifie la lingette, satisfaite de ne pas y trouver de sang. Elle aura peut-être une petite ecchymose, mais c’est tout. Une fois le pansement posé, je la reprends dans mes bras et regarde bien son visage.
– ?a va ? Tu as encore mal quelque part ? (Elle fait non de la tête.) Bien, allez, on va te remettre au lit.
? peine arrivées au bas de l’escalier, la porte d’entrée s’ouvre.
Merde.
J’entends les voix de Nia, de papa et presque instantanément celle de Mo qui s’exclame :
– Maman ! Papa ! Je me suis cassé la figure ! Venez voir !
Je ravale un grognement.
– Monique, je murmure.
Trop tard… Les parents arrivent au galop. Nia m’arrache sa fille des bras, papa commence à crier :
– Qu’est-ce qui s’est passé, ici ? Tout va bien ?
– Oui, ?a va. Juste une étagère cassée dans la cuisine, mais Mo va bien.
Les yeux maintenant complètement secs, Mo montre son pansement.
– Regarde ! Peut-être j’aurai une cicatrice.
Nia se retourne vers moi d’un seul coup.
– Une cicatrice ? Qu’est-ce qui s’est passé ? me demande-t-elle d’un ton sec.
– Je raccompagnais Aaron à la porte. Mo n’arrivait pas à dormir. Elle était seule dans la cuisine, je lui avais pourtant dit de m’attendre dans le hall…
Je fais les gros yeux en regardant ma s?ur.
– Pardon, me répond-elle, toute penaude.
– Elle a essayé de grimper sur le meuble pour prendre un snack…
Les yeux de Nia s’enflamment.
– Je t’avais pourtant prévenue de ne pas la laisser grimper, Cassandra.
– Je sais. (La culpabilité me prend à la gorge.) Je te jure, je ne l’ai laissée seule que trente secondes. Aaron était en train de partir.
– ?a va, ma chérie, dit calmement papa.
– Non, ?a ne va pas ! (Nia s’énerve et gronde sa fille.) Combien de fois je te l’ai dit, tu n’as pas à grimper sur les meubles ! (Papa touche le bras de Nia pour la calmer, elle le repousse.) Non ! Je vais mettre Monique au lit. Allez, dis bonne nuit à ton père et à ta s?ur.
– Bonne nuit, papa. Bonne nuit, Cassie.
Le visage de Monique est tout triste quand elle me regarde par-dessus l’épaule de sa mère. Elle sait qu’elle m’a mise dans le pétrin. ? Je suis désolée ?, dit-elle en silence avec ses lèvres. Je lui fais un sourire pour la rassurer et murmure ? Je t’aime ?.
Elles disparaissent toutes les deux en haut de l’escalier.
Papa, voyant combien je suis triste, cherche à me réconforter :
– Ne t’inquiète pas, elle va s’en sortir. Les enfants sont résistants.
– Je sais, mais… c’est juste que… Nia ne m’aime déjà pas.
Il me regarde avec tendresse.
– Qu’est-ce que tu racontes ? Ce n’est pas vrai.
– Si, et tu le sais bien.
– Non, Cass, insiste-t-il. Elle te trouve formidable. On te trouve formidable, tous les deux.
Bien s?r… S’il le dit.
Ses fausses assurances résonnent encore dans ma tête quand je rentre chez moi, dix minutes plus tard. Il est onze heures et je suis crevée. J’étais censée avoir un rendez-vous sympa ce soir, il s’est transformé en une tentative – avortée – de prouver à ma belle-mère que je peux être une bonne grande s?ur. Je n’ai fait que confirmer la piètre opinion qu’elle avait déjà de moi. Et, pour couronner le tout, je n’ai même pas pu m’affirmer face à Aaron. J’avais trop peur de le blesser en lui demandant de ralentir les choses.
Je me sens comme une merde, mon amour-propre est au plus bas et je ne vois rien qui pourrait positiver le ratage absolu de cette soirée. La seule chose dont j’ai envie, c’est de rentrer chez moi, me mettre au lit et dormir pour le reste de ce week-end désastreux.