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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(103)

Author:Elle Kennedy

Je n’en crois pas mes oreilles.

– Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Je n’en avais aucune idée !

– Je sais. On ne voulait pas te le dire. Et après, garder une certaine distance avec toi est devenu une habitude, tu comprends ? Mais je t’ai regardée grandir toutes ces années, et je pense que tu es devenue une jeune femme formidable. Tu es si créative, avec tes histoires et ton humour. Je suis très fière de toi.

– Alors pourquoi tu ne veux pas que je fréquente mes s?urs ?

La question s’est échappée de ma bouche avant que je puisse la retenir.

– Pourquoi tu dis ?a ?

– Tu as toujours été très protectrice envers elles quand je suis là. Comme si tu ne me faisais pas confiance. Le mois dernier, après la chute de Monique, tu avais l’air si furieuse, et…

– J’étais furieuse, oui, interrompt Nia, mais contre Monique ! (Elle s’énerve à présent.) Mo sait très bien qu’il ne faut pas grimper sur les meubles ! Je t’ai dit, avant qu’on parte ce soir-là, à quel point ?a m’énervait.

Elle me l’avait dit, c’est vrai. Mais je réalise soudain que lorsqu’on pense que quelqu’un ne vous aime pas, tout ce qu’il ou qu’elle dit est déformé. Chaque regard est mal interprété. Ses yeux transmettaient son exaspération devant la désobéissance de Monique, mais les miens y ont vu une condamnation envers moi. Le ton de sa voix pouvait transmettre de l’inquiétude, mais c’est une accusation que j’ai entendue. En fait, j’ai tout pris pour moi. Quelle honte ! Ma mère aurait réagi de la même fa?on.

– Je pensais que tu ne voulais pas que je vienne vous voir. Et papa non plus.

– Ton père ? Jamais de la vie. Ton père t’adore, Cassandra. Il ne parle que de toi.

Encore une boule dans la gorge.

– Vraiment ?

– Il ne se passe pas un jour dans cette maison sans que ton nom ne soit prononcé, dit Nia. Il t’aime beaucoup.

– Il ne me le dit jamais.

– Et toi ? Tu lui dis ce que tu as sur le c?ur ?

– Non, mais est-ce seulement de ma faute ?

– Non, répond-elle, c’est pourquoi nous allons maintenant rentrer pour que tu puisses lui parler.

– Tu as dit qu’il dormait.

Elle pointe son menton en direction des fenêtres de la cuisine :

– Quand je me suis levée, oui. Mais il est réveillé maintenant. Je lui ai fait signe de nous laisser une minute quand il est sorti.

– Il est sorti ?

– Oui. Quand tu étais… triste.

Triste ? C’est l’euphémisme de l’année.

– ? mon avis, il te prépare le thé que tu aimes… et j’aimerais que tu lui dises tout ce que tu viens de me dire. Pourquoi ne pas rentrer, ce sera plus facile.

J’hésite.

Elle se lève et retire les graviers de l’allée restés collés sur ses genoux.

– Cassandra ?

Je prends la main qu’elle me tend en la laissant m’aider à me relever. Mais les doutes reviennent, les vieilles insécurités se réveillent et je me pince les lèvres.

– Si tu m’aimes bien, pourquoi tu m’appelles toujours Cassandra ?

– C’est ton nom, oui.

– Oui, bien s?r, mais… tout le monde m’appelle Cassie ou Cass et toi jamais. Je pensais que ?a voulait dire quelque chose. Comme si tu faisais exprès d’être formelle parce que tu ne m’aimais pas.

Elle me fait un petit sourire plein d’humour.

– Pas du tout. Je trouve juste que c’est un beau prénom. Cas-san-dra. J’aime la fa?on dont il roule sur ma langue.

Je ravale un rire. Bien s?r qu’elle aime ?a.

Le cerveau humain est parfois ridicule. Il prête des intentions tordues aux gens, alors qu’en fin de compte, elle aime simplement la fa?on dont mon nom roule sur sa langue.

Chapitre 33

Tate

Le lendemain matin, j’entre dans la cuisine et trouve mon père à table, buvant son café et lisant l’édition du samedi de l’Avalon Bee. Maman fait des ?ufs brouillés, penchée sur la cuisinière. En toute honnêteté, je m’y prends à deux fois pour le croire. Je dois cligner des yeux pour me convaincre que je n’imagine pas cette mascarade de bonheur domestique.

Papa a dormi chez son ami Kurt hier soir et, maintenant, il est déjà dans notre cuisine. Il a d? se réveiller et rentrer directement à la maison. Au lieu de lui claquer la porte au nez, maman l’a laissé entrer et est en train de lui servir son petit déjeuner.

Je reste debout dans l’embrasure de la porte, le regard fixe. Ils ne me remarquent pas, trop pris par leurs activités routinières. Maman met deux tranches de pain dans le grille-pain. Papa lit le journal, sans se soucier de ce qui s’est passé après avoir fait exploser notre famille.

– Mais… qu’est-ce qu’il fout ici, bordel ?

Ils se regardent tous les deux, choqués.

Quand mes yeux croisent ceux de papa, je vois qu’ils sont remplis de honte. Bien. Encore heureux qu’il ait honte. Depuis la seconde où la mère de Cassie a l?ché cette bombe, les événements de la nuit dernière tournent en boucle dans ma tête. Quand maman et moi sommes rentrés à la maison, elle a refusé de parler de ce qui s’était passé. Je n’ai jamais été aussi frustré de ma vie, mais je me suis dit qu’il n’y avait pas que ma vie qui avait été complètement bouleversée. Il s’agit de son mariage. J’ai donc gardé le silence malgré toutes les questions qui me br?laient la langue. Je ne l’ai pas poussée. On a promené les chiens, puis elle m’a souhaité bonne nuit et est allée se coucher.

Maintenant, elle prépare le petit déjeuner pour mon père infidèle comme si rien ne s’était passé ?

– Tate, commence papa avec prudence, assieds-toi. Nous devrions probablement parler de la nuit dernière.

Je suis aussi furieux que sidéré.

– Tout d’abord, comment tu peux me dire ? probablement ? ? Et deuxièmement, qu’est-ce que tu fous ici ? Comment peux-tu être assis là, à boire du café, quand tu devrais être en haut en train de préparer ta putain de valise ?

Il a un mouvement de recul.

Alors même que je crache ces mots, une douleur br?lante me déchire la poitrine. Préparer ta valise. Merde ! Je pense au départ de mon père, au divorce de mes parents… Je me passe une main dans les cheveux, j’ai envie de les arracher par la racine.

Mon père a eu une liaison. Il a couché avec une autre femme. Et pas n’importe laquelle, la mère de Cassie. Je suis encore sous le choc. Je suis s?r que Cassie est tout aussi horrifiée. Je lui en parlerai plus tard quand je la verrai, mais, putain, je ne sais même pas ce qu’il y a à dire de ce g?chis causé par nos parents ; nous, on n’y est pour rien. Tout sonne faux dans cette situation. Aussi faux que maman apportant deux assiettes d’?ufs et de toasts à la table comme si notre monde n’avait pas changé. Les chiens la suivent, Fudge s’installe à ses pieds et regarde longuement leurs assiettes comme s’il n’avait pas mangé depuis quarante-cinq ans. Polly garde une distance respectable parce qu’elle a de meilleures manières.