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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(104)

Author:Elle Kennedy

Je regarde mes parents, totalement ahuri.

– Pourquoi il est là ? je demande à maman.

Sans la laisser répondre, je me tourne vers mon père :

– Tu n’as même pas eu la décence de lui donner vingt-quatre heures ?

Il sursaute en entendant le dédain qui remplit ma voix. Il ne comprend pas… C’est vrai que je ne lui ai jamais parlé de cette fa?on auparavant, mais vrai aussi que je n’ai jamais été aussi furieux contre lui.

– Tu ne pouvais même pas lui donner une journée entière pour la laisser digérer cette bombe ? Au moins pour essayer de gérer…

La réponse vient de maman. Calme et résignée :

– On l’a fait il y a onze ans.

Je me tourne vers elle.

– Qu’est-ce que tu veux dire ?

– Je veux dire qu’on s’en est occupés il y a onze ans. Il est vrai que je ne savais pas qu’on parlait de Victoria Tanner. (Elle jette un regard désolé à papa.) Je sais, je sais… j’ai insisté pour ne pas savoir qui c’était. Mais…

– Tu savais qu’il avait une liaison ?

Je n’ai pas besoin de voir son hochement de tête pour conna?tre la réponse. Bien s?r qu’elle le savait. Hier soir, j’étais tellement sous le choc de ce que nous a dit Victoria Tanner que j’en ai oublié de regarder la réaction de maman. Quand je repense à cette soirée, je me rends compte qu’elle n’a pas été aussi choquée et horrifiée qu’elle aurait d? l’être.

– Oui, je le savais, me dit-elle.

Je me retourne vers papa. Cette fois, il ne me regarde pas en face. Bien s?r qu’il ne le fait pas. La seule chose que Victoria – pardon, Tori – avait bien comprise hier soir, c’est que Monsieur Parfait a toujours besoin de para?tre sous son meilleur jour aux yeux des autres.

Une autre poussée de colère br?le dans mon dos. Toutes ces années, il a agi comme un modèle de vertu, prêchant l’importance de la famille, disant qu’elle passait toujours en premier. ? Ne l’oublie jamais, Tate ?, me rappelait-il souvent. Gavin Bartlett fait tout pour sa famille, c’est bien connu.

Où était sa famille quand il se tapait quelqu’un d’autre ?

C’est tout ?a, chaque pensée qui me traverse l’esprit, que papa peut lire dans mes yeux. Ce qui ne fait que renforcer la honte qui assombrit son visage, la honte qui affaisse ses épaules. Il mérite de se sentir comme une merde après ce qu’il a fait.

Ce qui est encore plus choquant, c’est que maman le savait depuis le début. Je repense à ce qui s’est passé il y a onze ans. J’avais douze ans, j’allais en avoir treize, à l’époque. C’était au moment où nous avons déménagé à Avalon Bay. Les souvenirs refont surface. Les disputes à la maison, toujours derrière des portes closes. Ils s’assuraient que je ne les entende pas, mais je savais qu’il se passait quelque chose. Quand je posais des questions à maman, elle me disait qu’ils traversaient une période difficile, qu’il ne fallait pas s’inquiéter. Je ne me suis donc jamais inquiété… toute ma vie, mes parents ne m’ont jamais donné de raisons de le faire.

Aujourd’hui, je comprends qu’ils se disputaient parce que mon père ne pouvait pas garder sa bite dans son pantalon.

– Tate, assieds-toi. S’il te pla?t, me demande papa.

– Non.

Je me dirige vers le plan de travail et me sers une tasse de café que j’avale br?lant en souhaitant dispara?tre.

Maman parle avec calme en cherchant mon regard. L’absence totale de révolte sur son visage ne fait que m’énerver davantage.

– Il a eu cette liaison quand nous avons quitté la Géorgie pour venir nous installer ici, me dit-elle. Ton père venait d’ouvrir une nouvelle entreprise. Je ne trouvais pas de travail. On se disputait…

– Et ?a lui donnait un laissez-passer pour te tromper ?

– Bien s?r que non. Je te donne juste le contexte…

– Laisse tomber, ma chérie, dit papa d’une voix douce. C’est à moi d’arranger ?a. (Le souffle court, il me regarde enfin dans les yeux.) J’ai merdé, petit. Il y a onze ans, j’ai commis un acte très égo?ste…

– Plusieurs actes égo?stes, je lui rappelle froidement. Parce que je n’ai pas l’impression que tu ne l’as fait qu’une seule fois.

– C’est vrai, cette histoire a duré quatre mois. Et je me suis détesté pour ?a, tous les jours.

Je pousse un grognement.

– Si tu cherches à m’attendrir…

– Je ne cherche rien. Je ne m’attends à aucune compassion. Je sais ce que j’ai fait. Ta mère aussi le sait. Eh oui, j’ai attendu quatre mois pour lui dire la vérité.

– C’est toi qui lui as dit ?

Je ne sais pas pourquoi, mais je voyais plut?t maman fouiller dans son téléphone ou tomber sur un re?u d’h?tel dans sa poche.

– Oui, c’est moi qui lui ai dit.

La pointe de fierté que j’entends dans le ton de sa voix déclenche en moi une nouvelle poussée de colère.

– Bien s?r, papa, félicite-toi.

– Tate…

Il a l’air blessé.

– Tu lui as tout avoué ? La belle affaire ! ?a ne change rien au fait que tu as couché avec quelqu’un d’autre.

– On avait des difficultés avec la nouvelle entreprise. On manquait d’argent. Mon ego était au plus bas.

– Je n’entends que des excuses.

– Non, tu entends la vérité. Et comme l’a dit ta mère, il faut voir le contexte. Les gens ne sont ni tout noirs ni tout blancs. Bien s?r, on sait ce qui est bien et ce qui est mal. Mais parfois, la frontière entre les deux est un peu grise. La vie obscurcit notre jugement et on franchit des limites qu’on n’aurait jamais cru pouvoir franchir. Les gens font des choses stupides. J’ai fait une chose stupide, et depuis onze ans, je me réveille tous les matins avec l’intention de prouver à ta mère combien je reconnais le chagrin et la souffrance que je lui ai causés. Je considère chaque jour où elle continue à rester avec moi comme le plus beau cadeau de ma vie.

Je remarque que les yeux de maman se remplissent de larmes.

Je ne sais pas trop quoi en penser, mais pour moi, tricher est impardonnable.

Je ne sais pas comment elle a pu lui pardonner. Mais elle a d? le faire, car je n’ai senti ni amertume ni ranc?ur dans notre maison depuis ce temps-là. Pas de disputes à huis clos. Pas d’hostilité. Pour autant que je sache, ils se disent tout. Ils semblent aussi amoureux aujourd’hui qu’ils l’ont été depuis ma naissance.

– Je ne m’attends pas à ce que tu comprennes. (Papa hausse les épaules.) Et je ne te demande pas de me pardonner.