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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(18)

Author:Elle Kennedy

– Toute la ville ? C’est quoi cette question ?

Je soupire et change vite de sujet, laissant échapper un rire nerveux.

– Ha ha ! Tu as raison, c’était une question idiote. Je suis tellement bête parfois. Je voulais juste dire : comment vas-tu ? Est-ce que tu profites de la ville ou est-ce que tu as h?te de redescendre à Avalon…

Erreur !

Je regrette déjà la question à la seconde où je la prononce. Merde ! Je suis à c?té de la plaque. C’est parfois difficile d’oublier que l’on n’a pas affaire à un être humain normal. Les narcissiques sont une espèce à part. Sa réponse est pleine du venin de l’amertume :

– Il n’y a rien que j’aimerais moins que passer du temps dans cette ville, répond-elle sans humour. Mais le devoir familial passe avant tout.

Je sais que ?a l’exaspère de ne pouvoir faire marche arrière. Mais mes deux oncles et ma tante se sont engagés à faire le voyage pour dire au revoir au Beacon, et s’il y a une chose que ma mère ne peut pas tolérer, c’est bien de passer pour la méchante en ne venant pas.

Son ingratitude est incroyable ! Le Beacon a appartenu à notre famille pendant des décennies. Il est à l’origine de toute cette richesse dont ma mère aime tant profiter. Le moins qu’elle puisse faire, c’est un adieu convenable et profiter de cette dernière chance de réunir la famille Tanner. C’est comme laisser partir un superbe bateau et regarder les nouveaux propriétaires le baptiser avec une bouteille de champagne avant que la famille quitte Avalon pour toujours.

– Je suis à l’h?tel en ce moment même, je dis, espérant l’apaiser avec l’un de ses sujets préférés : l’argent. La nouvelle propriétaire a investi beaucoup dans cet h?tel, et ?a se voit, il est magnifique, tu vas adorer. Nous venons juste de terminer la visite du spa où tout a été fabriqué sur mesure en Italie avec un design spécialement con?u pour Le Beacon.

?a pique son intérêt.

– ?a a l’air prometteur, en effet.

– N’est-ce pas ?

Ensuite, même si j’aurais d? me mordre la langue plut?t que de prononcer les mots qui suivent – et dont je connais les conséquences –, je me force à dire :

– Nous devrions faire une journée spa mère/fille, en mettant autant de faux enthousiasme que possible dans ma voix.

Le bon c?té des choses, quand on parle à des narcissiques, c’est qu’ils partent du principe que tout le monde les adore et meurt d’envie de passer du temps avec eux, ce qui signifie qu’ils se demandent rarement si vous êtes sincère ou pas. Dans leur esprit, il est évident qu’on recherche leur compagnie, parce qu’ils sont parfaits, incroyablement intéressants, et qu’ils font honneur à toute l’humanité.

Le pire, c’est que la plupart des gens ne voient pas clair dans leur mensonge. Du moins, pas au début. Je ne peux même pas compter le nombre de fois où on m’a dit à quel point ma mère était merveilleuse. Ou qu’on m’a accusée d’être trop susceptible, que je voyais partout des attaques voilées – et parfois, pas du tout voilées : ? Oh, cette Cassie, aucune confiance en elle, elle imagine des sous-entendus désobligeants à chaque mot. ?

Mais la plupart des gens finissent heureusement par y voir clair. Je me souviens encore de la première fois où Peyton a compris qui était vraiment ma mère quand, un jour où elle dormait à la maison, ma mère nous a emmenées au resto. Nous avions treize ans et, les yeux écarquillés, elle a dit tout à coup :

– Je viens de réaliser que ta mère est une vraie salope.

Il n’y a rien de plus libérateur que voir ses amis comprendre les horreurs que l’on vit.

– Quelle bonne idée ! s’exclame maman en réponse à ma suggestion de spa. Et puis, pendant que j’y pense, comme tu es là, tu devrais aussi demander à voir la salle de gym.

Je serre les dents. Je la vois venir.

– On y a jeté un coup d’?il, je réponds prudemment. Elle est attenante au spa, mais encore fermée parce qu’aucun équipement n’a été livré pour l’instant.

– Tu devrais utiliser la salle de sport du club, alors. J’ai vu sur l’Instagram de Joy qu’elle y va tous les matins. Elle a l’air très en forme ces derniers temps.

Je bous intérieurement. Je déteste que maman suive mes amis sur les réseaux sociaux. Le compte de Joy est privé, mais elle m’a avoué qu’elle se serait sentie mal si elle n’avait pas accepté la demande de ma mère.

– Peut-être qu’elle pourrait te donner des conseils de fitness, ajoute maman d’un ton pincé… parce qu’aucune conversation avec ma mère n’est complète sans un conseil pour m’améliorer d’une fa?on ou d’une autre.

– Ouais, je lui demanderai, je dis en bonne petite fille docile.

– Oh, et en parlant d’Instagram, j’étais sur ta page ce matin et j’ai vu la photo que tu as postée. Celle de toi avec le haut rose et le short en jean. Ce short est adorable !

J’attends le scud.

– Mais le haut… Tu sais que je dis ?a pour toi, mais tu devrais peut-être retirer la photo. Cette coupe n’est pas des plus flatteuses pour toi, Cass. Avec tes proportions, tu sais… On devrait aussi aller faire du shopping quand je serai là, qu’est-ce que tu en dis ? Peut-être aller jusqu’à Charleston ?

– Génial ! Je serai contente de faire du shopping avec toi, j’apprécie toujours ton opinion.

Petit silence. Je sais que dans son cerveau égo?ste et plein de jugement tout fait, elle se demande si je plaisante ou pas. Mais ce serait trop préjudiciable à son cher ego de me poser la question, et donc, comme toujours, elle change de sujet.

– Tu as déjà vu ton père ? Et son infirmière ?

J’éloigne le portable de mon oreille pendant une seconde et lui hurle des obscénités silencieuses en faisant des grimaces à l’écran. Bien s?r, c’est juste le moment que choisit un ouvrier, portant des bottes de travail et une ceinture à outils, pour entrer dans le lobby. Surpris par mes singeries, il fait une dr?le de tête, puis il se met à rire avant de s’éloigner.

Je remets mon portable à l’oreille :

– Pas encore. Je les vois demain pour d?ner.

– Il a attendu une semaine entière pour voir sa fille ? s’indigne-t-elle. C’est égo?ste, même pour Clayton.

C’est toi qui as écrit le livre sur l’égo?sme.

Pour une fois, elle n’a pas tout à fait tort. Je pense la même chose depuis mon arrivée à Avalon Bay. Même si les jumelles vont en centre aéré, que papa et Nia travaillent, ils continuent à d?ner ensemble tous les soirs, que je sache. Est-ce si compliqué de m’inviter à me joindre à eux ?

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