– Ce n’est pas très clair, ton histoire, je lui dis. Comme ce système de notation sur la deuxième page du PDF. Qui a organisé ?a, un gamin de dix ans ?
Gen pouffe de rire.
– Les Beach Games sont organisés par Debra Dooley, la présidente de l’Office de tourisme de la baie d’Avalon.
– Debra Dooley ? On dirait un nom de dessin animé, rétorque Mac.
– Croyez-moi, vous n’êtes pas si loin de la vérité, rétorque Mac. Deb a l’énergie de trente enfants de grande maternelle, vous verrez.
Gen consulte son portable.
– Perso, je suis partante pour la planche à voile et la natation, mais je préfère mourir plut?t que de donner à Evan la satisfaction de me voir me casser la gueule à la corde raide.
– Oh, je ferai cette épreuve, je lui réponds en me portant volontaire. Tu penses que je n’en suis pas capable à cause de ces machins… (Je fais un geste en lui montrant mes seins…) Je ne pourrais pas t’expliquer pourquoi, mais ils m’aident à garder l’équilibre au lieu de me faire tomber.
Mac ricane.
– Moi aussi, je peux faire la corde raide. Mais je ne ferai pas le tir à la corde. Les br?lures aux mains, non merci.
Nous passons en revue le reste des épreuves, assignant provisoirement les participants à chacune d’entre elles.
– Quand on aura terminé, je vais envoyer un message à Zale pour voir s’il veut faire des changements, ajoute Mac.
Je n’ai pas encore rencontré Zale, le nouveau directeur des animations du Beacon, mais vu la fa?on dont Mac en parle, il a l’air génial.
– Tate et Danny peuvent remporter n’importe quelle activité nautique, dit Gen, en regardant toujours la liste. Mais si la chance nous sourit, Evan fera l’épreuve de la planche à voile. Il est tellement nul qu’il ne rapportera aucun point à l’équipe Hartley & Sons.
– En parlant de Tate, dit Mac en se tournant vers moi, Coop m’a dit que vous sortiez ensemble ?
– Tu as eu besoin de Cooper pour apprendre ?a ? demande Gen avant que je puisse répondre. Le fait qu’ils n’aient pas pu s’empêcher de se toucher quand ils étaient ici l’autre soir et qu’ils soient partis plus t?t avec des têtes de coupables, ?a ne t’a pas mis la puce à l’oreille ?
Je ne peux m’empêcher de rire.
– Elle n’a pas tort.
Mac lève les yeux au ciel.
– Bien évidemment, je m’en suis doutée ce soir-là, mais c’est la première fois que je revois Cassie depuis, je voulais juste une confirmation. (Elle me regarde en levant un sourcil.) Alors, c’est vrai ?
– On ne sort pas vraiment ensemble. C’est plus une aventure. Un flirt pour l’été.
– Les flirts ne restent jamais des flirts, ajoute Gen. Soit ils se transforment en vraie relation, soit quelqu’un en sort le c?ur en miettes.
Je hausse les épaules.
– Je ne m’inquiète pas trop. On vit dans des ?tats différents, donc cela devra se terminer de toute fa?on. On ne fait que s’amuser. Et ne t’inquiète pas, mon c?ur est toujours en entier.
Parce que je refuse de l’engager. L’autre jour, chez mon père, j’ai eu un petit moment de faiblesse quand mon c?ur s’est persuadé tout seul qu’il avait envie de vivre un été plein de passion. Tu es en train de tomber amoureuse de lui. OK, mon c?ur, je t’ai bien entendu, mais j’ai décidé de t’ignorer.
Depuis, je fais très attention de ne pas m’attacher émotionnellement. Je modère au max mes attentes. Heureusement, je suis très douée pour ne pas trop attendre des gens. Quoi qu’il se passe entre Tate et moi, il vaut mieux que des expressions du style ? tomber amoureuse ? n’entrent pas dans l’équation.
Mac pose son téléphone.
– Tu veux rester un peu ici ? Emmener le chien se promener sur la plage.
– J’aimerais bien, je dis à regret, mais je dois y aller. J’ai rendez-vous avec ma mère dans un salon de coiffure en ville. On a réservé pour nos manucures.
– ?a doit être sympa d’avoir une mère avec qui faire ce genre de choses, dit Genevieve, d’une voix pleine de nostalgie.
– Tu n’es pas proche de ta mère ?
– Eh bien, elle est décédée au printemps dernier…
– Oh mon Dieu, je suis vraiment désolée.
– Pas de problème, répond Gen en haussant les épaules. Même quand elle était en vie, maman et moi n’étions pas proches.
– Oh, aller faire cette manucure ensemble ne signifie pas que nous sommes proches. Crois-moi, nous avons toujours eu des relations très tendues. Mais elle fait des efforts depuis qu’elle est arrivée en ville, alors j’ai décidé de la rejoindre à mi-chemin.
Parce que la lueur d’espoir, le meilleur scénario, ce serait que nous arrivions à rétablir une relation plus normale et améliorer nos rapports pour l’avenir. Dans le pire des cas ? Elle redevient cette horrible narcissique à qui j’ai eu affaire toute ma vie, il n’y aura donc rien de nouveau.
Je dis au revoir aux filles et me rends en ville. Le salon est situé dans une rue parallèle à la rue principale, ce qui facilite le stationnement. C’est un endroit calme, coincé entre un institut spécialisé dans les massages et le cabinet d’un chiropraticien.
Quand j’entre, maman est déjà là, assise à l’un des postes de manucure.
– Coucou Cass, je suis là !
Je la salue tout en regardant autour de moi.
– J’avais complètement oublié cet endroit. Grand-mère m’amenait ici quand j’étais plus jeune, tu te souviens ? Je revenais toujours avec des ongles rose fluo.
– Et tu criais au meurtre quand ton père et moi essayions d’enlever ce vernis quand il commen?ait à s’écailler.
– Parce que Dieu sait qu’il est interdit à une enfant de six ans de sortir avec des ongles écaillés, je sais, je m’en souviens encore.
Cela me vaut un bel éclat de rire.
– Voulez-vous choisir votre couleur ? me demande ma manucure pendant que je m’installe à c?té de maman.
– Pas de couleur, je réponds. Juste une pointe fran?aise.
– Pas de couleur ? Ce ne sera pas très joli pour l’inauguration.
Comme c’est la seule remarque désobligeante qu’elle me fait depuis un moment, je laisse passer.
– De toute fa?on, j’aurai besoin d’une autre manucure d’ici là, je participe aux Beach Games ce week-end, je lui rappelle. Il va falloir creuser dans le sable, jouer au volley-ball, et plein d’autres trucs, alors ce n’est pas la peine de faire quelque chose de trop sophistiqué aujourd’hui.