The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(13)



En toute honnêteté, je suis habituée à ne pas être sa priorité. Depuis des années, il fait tout pour ne pas se retrouver seul avec moi, s’assurant toujours que Nia et les jumelles soient là pour faire tampon. Je suis certaine qu’il sait que je l’ai remarqué, mais il ne veut pas le reconna?tre… et moi non plus. Voilà comment s’est progressivement élevée cette montagne de non-dits entre nous. Au départ, il s’agissait d’une toute petite colline et maintenant, c’est un vrai sommet, chargé d’émotions, criblé d’obstacles et plein de petites accusations que je ne dirai jamais à voix haute.

Pourquoi tu ne t’es pas battu pour obtenir ma garde ?

Pourquoi tu n’as pas voulu de moi ?

– Tu as h?te de voir tes s?urs ?

Repoussant mes idées noires, je décoche un beau sourire à grand-mère.

– J’ai toujours h?te de voir les jumelles. Elles sont tellement mignonnes.

– Est-ce qu’elles parlent toujours couramment fran?ais ? me demande-t-elle avec curiosité.

– Oui, couramment fran?ais et anglais !

Ma belle-mère étant ha?tienne, elle a grandi en parlant fran?ais. Elle tenait donc absolument à ce que ses enfants connaissent sa langue maternelle. C’est amusant de voir Roxanne et Monique discuter entre elles en fran?ais. Parfois, Roxy parle fran?ais et Mo lui répond en anglais, ou vice versa, ce qui donne lieu à des moments très dr?les. J’adore vraiment mes s?urs. J’aimerais beaucoup passer plus de temps avec elles.

Grand-mère semble ralentir le pas, et je m’adapte à son rythme.

– ?a va ? je lui demande.

Voilà deux heures que nous faisons les magasins. On a fait mieux que ?a, mais il ne fait pas loin de quarante degrés et je n’oublie pas qu’elle est habillée de soie de la tête aux pieds. Je m’étonne que ses vêtements ne lui collent pas à la peau. ? sa place, je serais en nage, mais grand-mère reste impeccable, même sous cette chaleur torride.

– Je commence à bien sentir la chaleur, avoue-t-elle.

Elle dénoue son écharpe tout en s’éventant d’une main.

Le soleil continue à frapper fort, heureusement, elle porte un chapeau à larges bords, mais moi je suis tête nue, malgré notre visite à la chapellerie.

– Allez, on fait rapidement un tour à la boutique de jeux de société et on rentre à la maison, OK ?

Elle acquiesce.

– Bonne idée.

En nous approchant du bar à smoothies, une tra?tresse appara?t derrière la vitrine. Joy tape sur la glace et me fait signe. Elle lève un doigt pour m’indiquer qu’elle en a pour une seconde.

– Joy arrive tout de suite, j’informe grand-mère.

Je lui prends le bras et m’écarte légèrement pour laisser passer un groupe de piétons. C’est un va-et-vient ininterrompu, Avalon Bay est en pleine saison touristique. Des familles, des couples et des groupes d’adolescents turbulents envahissent les rues et la plage. Avec la fête foraine qui vient de s’installer au bout de la promenade, on sait qu’il y aura encore plus de monde dans les semaines à venir. Tout ?a m’a vraiment manqué.

Joy sort du magasin, la paille de son smoothie à la bouche. Elle porte une toute petite robe blanche qui contraste bien avec son teint bronzé, des sandales compensées et des lunettes de soleil surdimensionnées. Gucci, son créateur préféré.

– Je suis tellement contente de tomber sur toi, gazouille-t-elle, les yeux brillants de bonheur. J’étais justement en train de t’envoyer un texto pour savoir si tu voulais sortir ce soir.

Je lui lance un regard moqueur.

– Pourquoi ? Pour que tu puisses encore me laisser tomber ?

– Je sais… vraiment désolée pour hier soir, gémit-elle à moitié, pleine de remords.

– Mais qu’est-ce qui s’est passé, hein ? Tu me forces la main pour aller à la fête d’un type du coin et tu me poses un lapin ? je grommelle.

– Je suis désolée, répète-t-elle.

Son ton se fait plus léger, on sent ses remords dispara?tre. Depuis que je la connais, Joy a toujours été un peu superficielle, elle n’est pas du genre à se mettre à plat ventre devant quelqu’un. Une fois qu’elle s’est excusée, elle passe à autre chose à la vitesse de l’éclair.

– J’avais quitté le club et je rentrais me changer pour la fête, comme je te l’ai dit dans mon texto, mais après m’être garée dans l’allée, j’ai trouvé Isaiah qui m’attendait sur le pas de ma porte.

Isaiah est le type qu’elle n’arrête pas de fréquenter et de larguer depuis que nous avons seize ans. La dernière fois qu’on en a parlé, elle m’a juré que c’était fini.

– Ne me dis pas que tu t’es remise avec lui, je demande, un peu dé?ue.

– Non, non. Il est juste venu déposer un carton de trucs que j’avais laissés chez lui. Comme il y avait des photos que j’avais imprimées, on a commencé à les regarder et, une chose en entra?nant une autre, couvrez vos oreilles Madame Tanner, on a fini par baiser.

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