The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(14)
Grand-mère éclate de rire.
– C’est un plaisir de te voir, Joy, dit-elle, avant de me tapoter légèrement le bras. Cass, pourquoi je ne rentrerais pas à la maison maintenant ? Comme ?a, Joy pourrait me remplacer et t’accompagner pour finir tes courses.
– Tu es s?re ? Pas de problème pour conduire seule ?
– Je nous ai bien conduites jusqu’ici, me rappelle-t-elle en me lan?ant un regard sans équivoque où, malgré son silence, j’entends : ne remets pas en question ton a?née, ma chérie.
– Peut-être, mais tu m’as dit tout à l’heure que tu sentais bien la chaleur. Et si tu avais une insolation ?
– ?a va aller. Amusez-vous toutes les deux. J’ai l’impression que vous avez pas mal de choses à vous dire.
Les yeux brillants, grand-mère nous laisse à nos occupations. Je la regarde partir. Sa démarche assurée et ses épaules bien droites me rassurent. Il est parfois difficile d’admettre qu’elle est une femme en pleine forme quand on a l’impression que la moindre brise pourrait la renverser.
– Alors, on achète quoi ? demande Joy.
– Je voulais faire un saut au magasin de jeux de société ; j’aimerais trouver quelque chose pour l’anniversaire de Roxy et Mo.
– Waouh ! Nia te laisse voir sa précieuse progéniture le jour de leur naissance ?
– Sois gentille.
– Ah non, ?a, c’est ton boulot. C’est toi, la gentille. Moi, je suis la mauvaise enragée dans cette amitié, tu te souviens ? C’est pour ?a qu’on fait une bonne équipe.
Notre relation est plut?t intéressante, il faut l’avouer. Si j’ai rencontré Peyton quand j’ai déménagé à Boston, je connais Joy depuis que nous avons cinq ans. C’était une vraie Summer Girl dont la famille descendait chaque année de Manhattan pour passer les mois de juin, juillet et ao?t à Avalon. Enfants, nous étions inséparables, mais on a fini par s’éloigner l’une de l’autre. Nous n’avons repris contact qu’à l’?ge de seize ans, lorsque j’ai rendu visite à mon père pour quelques semaines. Mes s?urs avaient à peine deux ans à l’époque, alors papa était très occupé et avait peu de temps à me consacrer. J’ai passé la plupart des vacances à tra?ner au bord de la piscine du country club où, un beau matin, je suis tombée sur Joy, et notre amitié a pris un nouveau départ.
– Ah oui ? Et où était ma coéquipière hier soir ? je lui demande. Je n’arrive toujours pas à croire que tu m’aies laissée tomber. Je ne connaissais personne là-bas.
Ce qui n’est pas surprenant, vu que je pourrais probablement compter sur les doigts d’une main le nombre d’habitants d’ici que je connais par leur nom.
Ceux qui viennent l’été à Avalon n’ont pas l’habitude de fréquenter les locaux. Ils circulent dans des cercles différents, passant la plupart de leur temps sur des yachts luxueux de leur famille ou au country club où j’ai d’ailleurs l’intention de passer la majeure partie de mon temps cet été. Au programme, m’allonger sur une chaise longue et mater tous les gar?ons BCBG.
Surtout ne me prenez pas pour une de ces filles de riches qui refusent de travailler. Depuis mes seize ans, je fais des petits boulots d’étudiante. J’ai passé mes trois dernières années d’université à travailler comme serveuse à temps partiel. Mon go?t pour le travail me vient uniquement de mon père qui n’est pas issu d’une famille aisée comme celle de maman. Il m’a toujours inculqué l’idée qu’avoir un bon et honnête travail était important dans la vie. Grand-mère, en revanche, a refusé que je trouve un boulot pendant mon séjour à Avalon cet été, bien décidée à partager avec moi du temps au quotidien. Je ne me plains pas, de toute fa?on, je préfère la compagnie de grand-mère à la plupart des autres gens.
– J’ai entendu dire que la fête était super, dit Joy tout en continuant à siroter son smoothie. Le type qui m’a invitée, Luke, c’est ?a ? m’a envoyé un texto tout à l’heure pour me demander pourquoi je n’étais pas venue. Le pauvre gar?on était dévasté. Je me serais bien branché avec lui, il est mignon. Mais cet idiot d’Isaiah, je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à m’éloigner de ce connard.
– C’est un vrai problème, j’acquiesce sérieusement.
– Tu n’as parlé à personne ? insiste-t-elle. Même pas aux terribles jumeaux Hartley ? Je crois que l’un d’eux était là.
OK, voilà au moins deux types d’ici dont je connais le nom. Je suis presque s?re que tout le monde, locaux comme estivants, a entendu parler des Hartley. Les jumeaux sexy à la réputation sulfureuse qui avaient l’habitude de semer la panique dans la ville. Une rumeur circulait à l’époque à propos d’un vol de chèvre, et d’une voiture de police, qui s’est terminé par une course-poursuite autour de la baie et l’hospitalisation de l’un des jumeaux pour une commotion cérébrale. Mais cela semble trop ridicule pour être vrai. On parlait aussi de leurs nombreuses liaisons, en particulier avec les filles du Garnet College qui arrivent chaque année en septembre… ces rumeurs-là en revanche, j’ai tendance à les croire.