The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(10)
Lydia se tourne vers sa petite-fille.
– Parfait, ma chérie. Nous parlions justement de ton manque d’option en matière d’amis. Et maintenant tu vas en avoir un, juste à c?té de chez toi. Et il t’a déjà donné un surnom amusant, c’est merveilleux !
Elle tend la main et tapote le bras de Cassie, comme pour calmer un chiot apeuré. Les joues de Cassie ne tardent pas à rougir.
– Tu es encore pire que je croyais, grogne-t-elle à sa grand-mère.
– Allez, je vais faire démarrer la voiture, lui répond Lydia, tout sourire, en descendant les marches du porche.
– Elle a dit ?a exprès pour me mettre mal à l’aise, murmure Cassie qui fronce les sourcils en me regardant. J’ai des amis.
Je cligne des yeux innocemment.
– On dirait, oui.
– J’ai des amis, insiste-t-elle dans un grognement.
Je pouffe de rire. Putain, elle est jolie… genre, vraiment jolie. J’ai un faible pour les filles avec des taches de rousseur. Et pour celles qui rougissent quand je leur souris.
– ?a veut dire que tu ne veux pas être mon amie ? je demande en regardant Cassie, l’air amusé.
– L’amitié est un engagement important. Nous devrions probablement nous contenter d’être voisins. Mais tu as de la chance, on peut faire plein de trucs amusants entre voisins. (Elle fait une pause.) Je ne sais pas bien quoi. Peut-être se mettre derrière deux fenêtres qui se font face et utiliser des lampes de poche pour envoyer des messages en morse ?
– Tu penses que les voisins font des trucs pareils ?
– Je ne sais pas. La fenêtre de mon dortoir à Boston donne sur un mur de briques, donc personne ne m’envoie de messages clandestins. Sauf si tu comptes l’ivrogne de la fraternité qui se perd toujours sur le chemin de Greek Row et qui trébuche en criant que la lune n’est pas réelle. Et je ne suis amie avec aucun des voisins de la maison de maman à Boston. Ce n’est pas comme si nous étions amis, je ne te connais même pas… Nous sommes de parfaits étrangers. C’est vrai que je t’ai vu te faire larguer, ce qui n’est pas une mince histoire, ni pour toi ni pour moi. Et que cette situation gênante, partagée malgré nous, conduit à une sorte d’intimité forcée que personne ne devrait vivre…
Elle s’interrompt un moment avant de continuer :
– Tu sais quoi ? Je vais y aller maintenant. Grand-mère et moi allons en ville. Au revoir, Tate.
Je me pince les lèvres pour m’empêcher de rire.
– Euh… Cool. ? plus tard, voisine.
Elle soupire et, cette fois, je ne peux m’empêcher de sourire en la regardant s’éloigner. Je ne peux pas m’empêcher non plus de jeter un rapide coup d’?il à son cul. Putain, une belle poitrine, et un beau cul ! Elle est un peu petite pourtant. J’ai toujours été attiré par des filles plut?t grandes. Du haut de mon mètre quatre-vingt-cinq, je n’ai pas envie de me casser le dos en me penchant pour embrasser une fille. Cassie doit faire un mètre cinquante-huit, un mètre soixante-cinq maxi, mais quelque chose dans son port de tête et dans sa fa?on de marcher lui donne plus de stature. Et elle est dr?le. Un peu étrange, mais dr?le. Je me réjouissais déjà de ces huit prochaines semaines à passer chez les Jackson, mais avoir Cassie comme voisine pour l’été, c’est la cerise sur le g?teau.
Je regarde dispara?tre la Range Rover blanche au bout de l’allée, Madame Tanner au volant, et me dirige vers la porte tout à c?té. Comme les maisons de cette partie du front de mer sont construites sur une pente, il n’y a pas beaucoup d’espace entre elles, du moins c?té rue, ce qui signifie qu’on voit toujours ses voisins. Mais la situation en hauteur, vers l’ouest, offre des vues spectaculaires sur la baie d’Avalon et de magnifiques couchers de soleil.
La maison Jackson a subi quelques dommages lors de la dernière tempête, mais Gil a immédiatement pris un entrepreneur pour la remettre en état ainsi qu’un élagueur pour évacuer tous les arbres tombés ou ab?més. Il ne reste plus que les chênes couverts de mousse et d’autres grands arbres solides qui se dressent fièrement sur le terrain depuis des décennies. La propriété est pleine de charme. Je suis émerveillé chaque fois que j’y séjourne.
Après avoir passé les belles colonnes blanches, je fais quelques pas sous le porche avant d’entrer par la porte principale. ? l’intérieur, je passe longuement en revue le rez-de-chaussée, impeccable comme d’habitude. Je deviens un peu parano lorsque je garde cette maison, j’ai toujours peur de casser quelque chose de valeur ou de renverser de la bière sur les tapis qui valent s?rement des fortunes. Je me dirige ensuite vers la cuisine du chef avec l’?lot central le plus long que j’aie jamais vu. J’effleure du bout des doigts le chêne lisse, peint d’un bleu nautique… Mary, la femme de ménage, est passée hier, tout est propre et dépoussiéré. Une odeur de citron et de pin se mêle au parfum salé familier qui vient des trois portes-fenêtres du salon que j’ai tout de suite ouvertes en arrivant. Je suis toujours de bien meilleure humeur quand je peux sentir l’odeur du large.