The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(34)



– Euh… ?coute, Cass… (Je passe une main sur mon front puis dans mes cheveux, j’essaie de gagner du temps. Ce qui veut dire que je prolonge le malaise, c’est encore pire. Je me lance :) Alors… en fait, je me disais que j’étais… enfin, que j’étais un peu content que ?a se soit passé comme ?a.

– Oh…

Tout de suite, elle ferme les yeux, mais pas avant que j’y aper?oive un éclair de tristesse.

– Oui. Tu sais, c’est bien qu’on ait été interrompus avant que les choses aillent plus loin. Je t’aime beaucoup, je pense que tu es géniale, mais je ne suis pas s?r que ce soit une bonne idée d’aller plus loin… Je veux dire, sexuellement.

C’est une vraie torture d’avoir à dire un truc pareil.

– C’est mieux si ?a reste platonique ?

– OK.

Elle me regarde, son expression est indéchiffrable.

– Je peux te demander pourquoi ?

– Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, je répète sans conviction. D’autant plus que tu habites la maison d’à c?té. Je vais être très occupé cet été. J’ai deux boulots. Je n’aurai pas beaucoup de temps libre à passer avec toi et même si nous nous mettons d’accord sur le fait qu’il n’y aura pas de suite, ?a ne marchera pas. Ce genre d’arrangement conduit toujours à des conflits et, honnêtement, je t’aime trop pour foutre en l’air la belle amitié qui déjà nous lie…

– D’accord, j’ai compris. Cool.

– Tu es s?re ?

Je n’arrive toujours pas à savoir ce qu’elle pense vraiment.

– Oui, c’est bon. Cette ville est pleine de candidats prêts à l’aventure, non ?

– Ouais ? je réponds, soulagé. Et tu es très sexy. Tu n’auras aucun mal à trouver quelqu’un. Je peux même t’aider à trouver de possibles candidats, si tu veux.

Sérieusement ? s’écrie une voix dans ma tête. J’aimerais tellement pouvoir annuler mes paroles comme certains réseaux sociaux permettent d’annuler les messages. Mais non, trop tard, ce qui est dit est dit, je ne peux plus revenir en arrière.

Après l’avoir placée dans la case amie, maintenant je lui propose d’être son coéquipier ? Vas-y, continue, enfonce un peu plus le couteau dans la plaie. Putain, quel trou du cul je fais !

Visiblement, elle est d’accord, même si elle me regarde, un peu étonnée, avant d’éclater de rire. C’est clair, elle se fout de ma gueule.

– Euh… ouais… En fait, je n’en sais rien, finit-elle par me dire en remontant sur la plage.

– Allez, ma nouvelle amie, retournons à la fête. J’ai urgemment besoin d’un autre verre.





Chapitre 9

Cassie





En première année d’université, je faisais un rêve angoissant qui revenait sans arrêt. Il me torturait pendant mon sommeil au moins une fois par semaine et se déroulait toujours de la même manière.

Je regarde fixement une petite valise ; derrière elle, il y a un mur entier fait de piles et de piles de feuillets d’examens. Ces feuillets fins avec des lignes déjà imprimées que les professeurs distribuent avant les épreuves. Ma t?che ? Je dois les mettre dans la valise. Tous les feuillets. Je dois faire en sorte qu’ils rentrent tous, quoi qu’il arrive. Il faut absolument qu’ils rentrent. Et, d’une manière ou d’une autre, par miracle, je parviens à tous les mettre dans la valise. L’anxiété alors se dissipe, mon subconscient pousse un soupir de soulagement et je me dis : ? Merci, mon Dieu ! j’ai réussi. ?

Jusque-là, pas de problème, n’est-ce pas ?

Seulement, voilà : je transporte ensuite cette valise dans mon amphithé?tre de littérature anglaise où je dois faire un exposé sur un livre de Bront?. Pas un livre écrit par Charlotte ni par Emily, mais par Anne. La moins connue des s?urs Bront?. Je n’ai pas lu le livre et, pourtant, je n’en fiche complètement… allez savoir pourquoi. Malgré cela, je réussis ma présentation.

Toujours pas de problème, n’est-ce pas ?

Non. Maintenant, je suis censée remettre la valise à mon prof. Je la prends, la lui apporte et, juste quand j’arrive au centre de la pièce, la valise surchargée s’ouvre toute seule. Au moment où tout son contenu se répand, pour une raison inexplicable, ce ne sont pas les feuillets qui tombent mais plein de photos de moi toute nue. Soudain, l’amphithé?tre est recouvert de tirages 13×18 de mes seins, de mes fesses et de mon sexe… Une mer de nus étalés à même le sol.

Et puis, je me réveille.

J’ignore ce que ?a renseigne sur mon état mental d’alors ou de ce que je regardais à la télé la première fois que j’ai fait ce rêve, mais ce cauchemar a fini par s’incruster dans mon subconscient comme un clou rouillé. Il revenait chaque semaine avec la régularité d’une horloge. Je me réveillais à chaque fois avec une forte impression d’humiliation et un terrible sentiment d’insécurité.

Elle Kennedy's Books