– Oui.
– Merde.
Mon visage est en feu et je refuse de regarder dans le rétro parce que je suis certaine d’être plus rouge qu’un homard.
– Lui et moi, on est juste amis. （Je fais une pause.） Je crois. （Encore une pause.） C’est compliqué.
– ?a l’est toujours un peu.
Papa se redresse brusquement sur son siège avant de plonger la main dans sa poche pour récupérer son portable qui bourdonne. Il consulte l’écran et s’énerve tout de suite.
– Eh merde !
– Qu’est-ce qu’il y a ? je demande, un peu inquiète.
Sans un mot, il tend son portable pour me montrer le message de Nia.
Nia : Chandra m’a dit qu’elle t’avait vu dans une animalerie. Tu peux m’expliquer ?
– Waouh… cette putain de Chandra nous a balancés.
– Je te l’avais dit, marmonne papa avant de pousser un gros soupir.
Il démarre le moteur et met la voiture en marche. Il est temps de rentrer à la maison et d’affronter la tempête.
*
* *
Plus tard, la nuit venue, je m’approche de ma fenêtre juste au moment où une silhouette familière entre dans mon champ de vision. C’est devenu une routine maintenant. Je viens chercher quelque chose dans ma chambre ? Tate fait pareil. Je me prépare pour aller au lit ? Tate aussi. Cette fois, on est tous les deux en train de fermer les rideaux, presque parfaitement synchronisés. On s’arrête, on se regarde, on éclate de rire. Il dispara?t un instant et revient avec son portable : un message s’affiche sur le mien.
Tate : On est OK ?
Soupir… Je me doutais que ?a allait arriver ; je croise brièvement son regard, puis tape ma réponse.
Moi : Oui, ?a va.
Tate : S?re ? Parce que tu babillais plus que d’habitude quand je t’ai vue ce matin.
Je n’ai pas d’excuse pour ?a, alors je me répète.
Moi : ?a va.
Tate : Je sais que hier soir c’était un peu bizarre et je suis désolé. Je ne voulais vraiment pas t’embarrasser. Je pense que c’est bien mieux pour nous d’être amis.
Moi : OMG c’est MAINTENANT que tu me mets mal à l’aise. Tout est cool, je te jure. Restons amis, d’accord ?
Tate : Ouais.
Moi : Ouais.
Tate : Super.
Plut?t que de mettre fin à cet échange, il reste à la fenêtre, à continuer de taper sur son portable. Je fais de mon mieux pour ne pas fixer son torse nu, mais impossible de ne pas remarquer ses abdominaux qui semblent avoir été ciselés dans la pierre et ses pectoraux tellement bien dessinés que ?a en devient ridicule. Je n’arrive pas à m’empêcher de le regarder. Sincèrement, c’est si difficile que ?a de mettre un tee-shirt ? C’est vrai qu’il en porte rarement quand il est à l’intérieur de la maison. Il n’a donc jamais froid ? Ici, avec la clim toujours à fond, je porte un pull.
Tate : J’attends toujours des détails sur la branlette de Keanu Reeves…
Je souris en regardant mon portable. Vraiment. ?a lui a pris tant de temps à écrire. Je me demande combien il en a effacé avant de se décider d’envoyer celui-là.
Moi : Plut?t mourir.
Tate : Tu es une femme cruelle, rouquine.
Moi : Cuivre !
Tate : C’est trop mignon que tu croies ?a. Qu’est-ce que tu fais ce week-end ?
Moi : Je passe la journée au club demain avec Joy. On va faire notre marché pour se trouver un mec.
Tate : Tu réalises que si un mec disait un truc pareil, il serait catalogué comme le plus grand connard d’Avalon.
Moi : Deux poids, deux mesures, tu dois aimer.
Tate : Pas du tout.
Moi : Et toi, quels sont tes projets pour ce week-end ?
Tate : Bosser, bosser et encore bosser. Demain, je suis aussi au club. Je donne un cours d’initiation au dériveur à des enfants. Si je te croise, je ne manquerai pas de te dire bonjour. Histoire de t’embarrasser, une fois de plus.
Moi : Parfait. C’est noté.
Au moins, on en plaisante, c’est déjà ?a…
1.?Grosses tortues de mer pouvant faire jusqu’à 200 kg.
2.?? me ?, en anglais.
Chapitre 11
Cassie
– OK, ne m’en veux pas, mais je l’aime bien. Il est dr?le.
Joy me rend mon portable. Je viens de lui faire lire l’échange de textos d’hier soir pour lui montrer à quel point c’était gênant. Au lieu de ?a, elle déclare son amour pour le type qui m’a laissée tomber.
Ce n’est pas que je ne sois pas d’accord avec elle.
– Il est dr?le, je soupire. Moi aussi, je l’aime bien.
Bien que la fa?on dont il m’a jetée me fasse encore mal au ventre, je m’oblige à conserver une lueur d’espoir. Quelque chose me para?t évident et j’en fais part à Joy :
– Tu sais quoi ? C’est peut-être un mal pour un bien qu’il m’ait jetée comme ?a. Me connaissant, j’aurais pu développer des sentiments plus profonds pour ce mec.
Joy me regarde d’un air inquiet.
– Ouh là là ! Pas bon du tout, ?a. Tu ne peux pas tomber amoureuse de ton flirt d’été, Cass. ? moins que tu aies envie de déménager à Avalon Bay et de filer le parfait bonheur avec un habitant de la ville.
J’y réfléchis un instant.
– Je ne sais pas si je pourrais vivre ici. J’aime l’énergie de cette ville, j’aime passer du temps à Avalon, mais je crois que je préfère un endroit au rythme plus soutenu.
– Je te comprends. Moi non plus, je ne voudrais pas vivre ici tout le temps, dit Joy en s’enfon?ant dans sa chaise longue. （Elle réajuste ses lunettes de soleil et regarde le ciel sans nuages. C’est une journée parfaite pour prendre un bain de soleil.） Et d’après ce que j’ai vu, ajoute-t-elle, les gens d’Avalon restent à Avalon. Si tu tombes amoureuse de ce type, à mon avis, tu seras coincée ici pour toujours.
– Et voilà, je dis d’un ton ironique. Encore un truc à cocher dans la colonne ? restons amis ?.
Joy souris.
– Pour ce que ?a vaut, j’ai l’impression qu’il t’apprécie vraiment et qu’il veut passer du temps avec toi. Peut-être que rester amis n’est pas la fin du monde.
– Peut-être pas.
Je suis d’accord. Et même si je le pense à moitié, ?a ne change pas grand-chose à ma situation actuelle. Je suis toujours sans petit ami pour passer l’été.
Je veux mon flirt, putain. J’avais vraiment h?te de trouver quelqu’un avec qui passer les deux prochains mois. Enfin, vivre cette romance d’été que j’ai toujours enviée à mes amies. J’espérais aborder ma dernière année d’université avec une nouvelle dose de confiance en moi et un peu plus d’expérience sous la ceinture. La seule expérience que j’ai vécue à l’université se résume aux six mois que j’ai passés avec un gar?on que j’avais rencontré en première année, Mike. Il était dr?le et intéressant, mais nous n’avons pas couché ensemble parce que je n’étais pas prête, et finalement, il s’est lassé de ne pas arriver à conclure et il s’est barré. Cette année, je veux une relation qui dure, une relation pleine de passion et d’alchimie réciproque. J’ai envie de passion.