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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(36)

Author:Elle Kennedy

– Tu casses mon coup ! je m’exclame, en jetant un coup d’?il à mon coéquipier.

– Crois-moi, ce n’est pas le mec qui te faut.

– Et pourquoi ?

– Il n’arrêtait pas de s’excuser pour tout. Et puis… trop nerveux.

J’objecte sur ce dernier point.

– Nerveux, ?a peut être bien parfois…

Tate n’attend pas pour exprimer son désaccord.

– Il m’a demandé la permission de t’offrir un verre. On en veut d’un mec comme ?a ? Non. Nous voulons quelqu’un de dynamique. Quelqu’un qui a confiance en lui. Ce type-là est le genre qui te demandera la permission de te tenir la main. (Il fait une pause.) Si tu me donnais un seul mot pour décrire ce que tu attends de ton aventure cet été, ce serait quoi ?

– Passion ! je réponds sans réfléchir, et je le regrette déjà.

L’air entre nous s’épaissit, il devient plus capiteux, entêtant. ? moins que je sois la seule à ressentir ?a. La seule à imaginer que ses lèvres s’entrouvrent légèrement, que ses yeux bleus deviennent soudain plus sombres, comme s’ils allaient s’embraser. Impossible que ses yeux puissent prendre feu pour moi en ce moment.

– Passion… répète-t-il, la voix un peu rauque. (Je jure que je le vois déglutir. Puis il se racle la gorge et hausse les épaules.) Tu es en train de me dire que ce type correspond à la définition que tu donnes au mot ? passion ? ?

– Non, j’admets.

– Alors j’ai fait un bon boulot de coéquipier.

On finit nos deuxièmes bières, on en commande une troisième et on décide d’aller faire quelques parties de fléchettes. Après plusieurs victoires de Tate, les gars à c?té de nous, deux frères de New York, nous proposent de faire un match. Deux contre deux. Je suis carrément nulle, mais heureusement, celui qui fait équipe avec moi est tout aussi nul. Tate et son coéquipier, en revanche, sont super bons et arrivent à taper dans le mille plusieurs fois de suite. Avec l’autre, on les regarde, l’air dépités, nous battre jeu après jeu. ? ce stade, l’issue du match est quasiment pliée ; c’est simple, on a l’impression que nos adversaires jouent seuls.

– On est vraiment nuls, commente le gars.

Ils se sont présentés tout à l’heure ; je ne me souviens pas du nom de son frère, mais lui s’appelle Aaron. Il est grand et mince, avec de beaux yeux noirs qui brillent, un large sourire et surtout pas un seul tatouage de taco rose.

– Carrément !

Tate fait encore un bullseye. Le frère d’Aaron n’en revient pas.

– Dis-moi, mec, t’es un as des fléchettes ! Tu joues souvent ?

– Presque jamais, répond Tate avec fierté. Je suis né avec ce don.

Depuis la ligne de touche, je ricane doucement. Tate se retourne et me fait un clin d’?il.

– Depuis combien de temps êtes-vous ensemble ? demande Aaron.

– Oh, nous ne sommes pas ensemble, je réponds.

Je remarque tout de suite l’intérêt dans ses yeux. Il est vraiment mignon et une certaine alchimie s’installe entre nous à mesure que l’on parle.

Dès qu’il comprend que Tate et moi ne sommes pas en couple, Aaron se met clairement à me draguer. Après trois bières, je me sens libérée, détendue, et je me retrouve à flirter à mon tour, plut?t relax. Tout se passe bien jusqu’à ce que le frère d’Aaron aille aux toilettes. ? ce moment-là, Tate vient nous interrompre. Il toise Aaron de haut en bas et me regarde d’un air interrogateur, comme pour me demander : ? Et celui-là, est-ce qu’il nous pla?t ? ?

Je fais oui de la tête… je n’aurais pas d?. Tate, bien s?r, voit dans mon approbation une permission de l’interroger.

– Très bien, dit-il, tout content, en se pla?ant en face d’Aaron. ?coutons-le. Quelles sont tes intentions à l’égard de mon amie ?

– Hum… Je vois. Question difficile…

Il prend un air pensif et reste silencieux pendant plusieurs secondes. Soudain, un léger sourire appara?t sur son visage. Il continue :

– Pour l’instant, je suis partagé entre l’inviter à m’accompagner à la fête foraine demain soir ou – écoutez-moi bien – lui demander de participer à un tournoi de fléchettes, sauf qu’au lieu de jouer pour savoir qui est le meilleur, on va se disputer le titre de Pire joueur de l’Amérique.

Tate approuve d’un signe de tête.

– Deux options qui me paraissent correctes. Permission accordée, vas-y.

Il tape sur l’épaule d’Aaron et s’en va.

– Alors ? me demande Aaron en m’adressant un sourire complice. Toi et moi, à la fête foraine, demain soir, ?a te va ?

– Bien s?r, je réponds, un peu timide. Avec grand plaisir.

1.?The Game’s Afoot : une expression que Conan Doye – peut-être inspiré par une citation de Henri IV de William Shakespeare, ? Before the game’s a-foot, thou still lett’st slip ? – met régulièrement dans la bouche de son héros, Sherlock Holmes.

Chapitre 12

Tate

Le mardi est un jour calme chez Bartlett Marine, alors papa et moi passons la moitié de la matinée à regarder des sites d’annonces sur les bateaux. Il aimerait bien remplacer notre vieux Hatteras de onze mètres par un modèle plus récent, peut-être avec un GPS intégré et quelques autres gadgets. Mais alors que j’essaie de l’orienter vers des options plus réalistes, papa continue de cliquer sur des trucs qui ne correspondent en rien à nos critères.

– ?coute, papa, on n’a pas besoin d’un hors-bord aussi sophistiqué.

– Mais si, tout le monde a besoin d’un super hors-bord.

– Bon, OK… Si tu y tiens… Mais nous cherchons quelque chose pour la pêche en haute mer, tu te souviens ?

– Je sais, mais… (Papa est tout émoustillé.) Regarde celui-là, fiston. Regarde le design de sa coque en V… C’est simple, je le trouve sexy, je n’en peux plus.

Soudain, on entend un petit rire. En levant tous les deux les yeux, on voit maman dans l’embrasure de la porte. Nous étions tellement absorbés par l’écran de l’ordinateur que nous ne l’avons même pas entendue arriver.

– Quel numéro de modèle ? demande maman.

Je ricane doucement. Vu les propos de papa, certains pourraient penser qu’on est sur des sites coquins.

– Dis-moi, maman, qui te dit qu’on n’est pas en train de regarder du porno ?

– Parce que je vous connais par c?ur.

Elle nous rejoint à grands pas, un sac en osier énorme en bandoulière. Avec sa robe jaune, ses tongs et ses cheveux blonds en queue-de-cheval, elle pourrait facilement passer pour l’une des étudiantes qui envahiront Avalon dès septembre.

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