Où j’ai bien peur que notre chance tourne. Tate mesure un mètre quatre-vingt-six et ses mains de marin sont dures comme l’acier. Son partenaire, Luke, mesure près de deux mètres et possède, lui aussi, de puissantes mains de marin. Ils ont dominé tous leurs adversaires jusqu’ici. Mais Zale et moi avons réussi à battre les pompiers, alors il y a peut-être une lueur d’espoir.
– N’aie pas l’air si inquiète, me dit Tate. ?a va aller. Je te promets de t’aider à te relever quand ton visage aura touché le sable.
– C’est tellement romantique !
Et je me tourne vers Zale :
– N’est-ce pas qu’il est romantique ?
– Vous sortez ensemble ?
– En quelque sorte, je réponds.
– Un peu, dit Tate, presque en même temps.
On se regarde, on sourit tous les deux, puis je passe mes doigts sur ma gorge et je le préviens :
– Tu vas t’écrouler.
– Ah ! je vais m’écrouler ? Sur toi ce soir.
Zale pousse un hurlement.
– Est-ce que c’était une menace ? Parce que ?a a l’air sympa.
Tate me fait un clin d’?il.
– Une promesse, plut?t.
Le coup de sifflet retentit et on se prend une raclée. Le round dure environ quatre secondes. Comme prévu, je re?ois plein de sable dans le visage après m’être effondrée. Je suis presque s?r que Luke tout seul était capable de nous faire tomber.
En bon gentleman qu’il est, Tate tient sa promesse et m’aide à me relever.
– ?a va ?
– Je vais bien. Belle victoire.
Bien qu’on ait fini par perdre, nos efforts dans l’épreuve de tir à la corde ont permis à l’équipe Beacon de remporter quatre points. Mackenzie fait un rapide calcul et s’inquiète lorsqu’elle réalise que Hartley & Sons se rapprochent et réduisent l’avance que nous avons gr?ce à notre victoire en planche à voile.
– C’est bon, la rassure Gen. On a encore pas mal d’avance.
Sauf que, tout à coup, ce n’est plus le cas. L’équipe des Hartley obtient une série de victoires qui foutent Mac et Gen en rogne. Ils dominent à l’aise les séries de beach-volley. Puis Evan et Alex arrivent tous les deux en tête dans les épreuves de natation. ? une heure et demie, l’équipe Hartley & Sons a ajouté rien de moins que neuf points à son score total.
Tout le monde est fatigué et prêt à partir, mais on doit encore se farcir un discours de Deb Dooley.
– Félicitations, tout le monde ! On s’est bien amusés aujourd’hui ? Je pense que c’était plus amusant pour moi que pour vous ! J’ai h?te de tous vous revoir demain… de bonne heure ! La course d’obstacles commencera à huit heures quarante-cinq précises. Les autres épreuves de demain sont indiquées sur le programme que nous vous avons envoyé par mail cette semaine. On terminera vers treize heures trente, et la cérémonie de remise des prix commencera à quatorze heures. Les résultats d’aujourd’hui seront affichés d’une minute à l’autre à l’extérieur de l’Office du tourisme, alors n’oubliez pas d’y jeter un coup d’?il avant de rentrer chez vous.
Au moment où elle finit de parler, c’est comme si tout le monde sur la plage s’était transformé d’adulte en gamin. Une foule traverse la rue en direction de l’Office du tourisme, un petit b?timent bleu qui se trouve juste à l’entrée de la promenade. Près de la porte, un chevalet supporte un immense tableau noir sur lequel ils ont inscrit les résultats. Genevieve se jette presque dessus. Elle l’étudie, puis se faufile entre les autres équipes pour revenir vers nous.
– On est troisièmes au classement général, annonce-t-elle tout de suite.
– Génial ! je réplique. Pourquoi tu fais cette tête ?
– Hartley et Sons est en deuxième position.
– Merde, grogne Mackenzie.
Pour l’instant, les pompiers, sont premiers et le yacht-club, quatrième. Quand je vois Tate se diriger vers moi, je lui tire la langue comme une stupide gamine.
– On te bat.
Il se frappe la poitrine comme s’il avait été touché par une balle.
– Oh non… mon ego ne va pas pouvoir supporter une telle défaite… Je vais avoir besoin d’une petite pipe pour me sentir mieux.
Je ricane. Il passe un bras autour de moi et se penche pour déposer un baiser sur mes lèvres. Mon c?ur se met à battre plus fort… je n’arrive toujours pas à me faire à l’idée que Tate Bartlett aime m’embrasser.
– On s’est bien marrés, dit-il.
– Oui, c’était vraiment sympa. Tu as participé aux Beach Games l’année dernière ?
– Oui, on est arrivés deuxièmes au classement général. Et troisièmes l’année d’avant.
– Regardez-moi ?a, j’en connais un qui collectionne les trophées.
– Bébé, ne me parle pas de trophées. Mon père les a tous gardés depuis que j’ai cinq ans. Ils prennent la poussière partout dans la maison.
– Quels trophées tu pouvais gagner à cinq ans ?
– Tu rigoles ? Ma première course de dériveur, je l’ai gagnée à cet ?ge-là. Ce fichu trophée était plus grand que moi. (Il sourit.) Je suis presque s?r que papa en a une photo encadrée à la maison. Un petit moi se débattant pour tenir un trophée beaucoup trop grand pour lui.
– Il faut que je voie cette photo. Tu pourras la rechercher ?
– Je pense que mon père devrait encore l’avoir quelque part dans son bureau, promet Tate en riant.
Evan l’interrompt en lui donnant un coup de coude dans le bras.
– Hey, feu de camp chez nous tout à l’heure. (Il me fait un clin d’?il.) Il faut fêter notre avance !
Je regarde Gen, qui se tient à c?té de lui.
– Tu fraternises avec l’ennemi, maintenant ? je lui demande en levant un sourcil.
– Que veux-tu, on vit ensemble…
– Juste. Je te donne l’autorisation. Tu veux y aller, Tate ?
– Un rendez-vous, il fait semblant de réfléchir, je ne sais pas, c’est un gros engagement.
– OK, j’irai toute seule.
– Non ! Je viens avec toi, bien s?r. Je dois passer chez mes parents pour d?ner, mais je peux venir te chercher après, si tu veux.
Il retire son bras de mon épaule, mais ne me l?che pas complètement… Sa main cherche tout de suite à prendre la mienne. Alors que Tate enlace nos doigts, je ne manque pas l’étincelle amusée qui brille dans les yeux d’Evan.
– Alors, c’est devenu un vrai truc, hein ? dit-il en s’éloignant.