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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(97)

Author:Elle Kennedy

– Gavin, termine maman en le saluant d’un sourire entendu.

Elle s’intéresse à peine à la mère de Tate, lui adressant juste un petit signe de tête en guise de bonjour.

– ?a fait longtemps.

Gavin qui tripote son n?ud papillon n’a pas l’air dans son assiette.

– En effet… Ravi de te revoir, Tori.

Surprise, j’ouvre grand les yeux.

– Vous vous connaissez ?

Maman boit une nouvelle gorgée de son champagne.

– Oh oui, on se conna?t bien.

J’attends qu’elle continue, peut-être même qu’elle s’explique. Mais rien… et Gavin non plus. Tate semble aussi perplexe que moi. On s’échange des regards consternés, comme pour se dire Aurait-on raté quelque chose ?

Grand-mère vient nous rejoindre, et j’essaie de lui faire comprendre en la regardant bizarrement que ce n’est peut-être pas le moment. Quelque chose se prépare, ici. Je le sais comme je sais quand un orage arrive. Je le renifle, je le sens dans l’air.

Maman l’observe par-dessus son verre avant d’en reprendre une gorgée.

– ?a fait combien de temps, Gavin… Onze ans ?

– ? peu près ?a, répond-il en évitant de la regarder en face.

Je remarque que la mère de Tate n’a pas l’air de comprendre. Au moins, on n’est pas les seuls à ne pas être dans le coup. Et quel que soit ce mystère, il commence à déclencher toutes mes alarmes internes.

Grand-mère revient vers nous, l’air intriguée :

– Tout va bien ? me murmure-t-elle en douce.

– Je n’ai aucune idée de ce qui se passe, je murmure à mon tour.

J’adresse ensuite un grand sourire à tout le monde et fais une ultime tentative pour repousser la tempête qui s’annonce.

– Maman, je crois que tante Jacqueline nous fait signe…

Elle m’ignore totalement. Elle continue, elle insiste auprès de Gavin.

– La dernière fois que je t’ai vu… c’était un mois d’ao?t, je m’en souviens. Et je crois qu’on s’est rencontrés… là-bas, en fait. Dans ce bar. (Elle agite mollement le bras en direction des portes de la salle de bal.) Avant, c’était là-bas, le bar. Le bar du lobby, tu te souviens ?

Au début, le père de Tate ne répond rien. Soit j’ai des visions, soit son front s’est bien couvert de sueur.

– Redis-moi ?a encore. Je ne me rappelle pas exactement quand on s’est vus pour la dernière fois…

Avec un sourire qui tient plus du grincement de dents que d’une amabilité quelconque, maman regarde Gavin Bartlett droit dans les yeux :

– Que je suis bête ! Je m’en souviens maintenant. C’était le soir où tu m’as donné l’ordre d’avorter de notre bébé.

Chapitre 31

Cassie

Quelle histoire…

Je regarde ma mère, éberluée… et je ne suis pas la seule.

Tout le monde est bouche bée.

Enfin, pas tout le monde. Autour de nous, d’autres personnes s’amusent encore. Ils rient et discutent ensemble. Ils grignotent des petits-fours et boivent du champagne. Même le groupe de jazz joue encore. J’ai envie d’être l’une de ces personnes béatement inconscientes. Ma vie d’avant me manque, celle d’il y a cinq secondes, avant que je n’entende ma mère prononcer ces mots incompréhensibles sur ce ton glacial et pourtant étrangement suffisant.

Son aveu choquant plane comme un nuage dans l’air. Il s’attarde et refuse de se dissiper.

Je suis la première à retrouver ma voix, bien qu’elle soit éraillée et instable.

– Maman…

Je secoue la tête plusieurs fois, incapable de formuler d’autres mots.

– Quoi ?

Elle est complètement indifférente, presque joyeuse, en vidant le reste de son verre avant de faire signe à un serveur de lui en apporter un autre.

Est-ce qu’elle est ivre, putain ?

Je regarde Gavin et Gemma. Le père de Tate est plus p?le que les serviettes en lin impeccables distribuées avec les petits-fours. Gemma, elle, rougit… Ses joues se teintent d’un rouge sombre et profond. Je ne sais pas si c’est à cause de la colère ou de l’humiliation.

Maman me regarde, l’air amusée.

– Ce n’est pas toi qui étais si curieuse de mon passé l’autre jour ? me rappelle-t-elle.

Puis, d’un ton moqueur, elle ajoute :

– Et maintenant, pas une seule question ? Vraiment, Cass ?

– Victoria ! s’exclame grand-mère d’une voix tranchante.

– Oh maman, ne me regarde pas comme ?a, tu étais au courant.

Je regarde grand-mère avec des yeux qui lui posent cent questions. Elle ne dit rien pour me sortir de ma perplexité. Rien pour diminuer mon désarroi Son expression reste impassible.

– Bon, qu’est-ce qui se passe, là ? je finis par hurler.

Cette fois, les gens nous regardent à la fois surpris et curieux.

Maman reprend une gorgée de son champagne. Gavin, qui n’a pas encore prononcé un seul mot, évite mon regard, il serre les dents.

– Gavin ?

Cette voix méfiante est celle de la mère de Tate qui réussit à obtenir une réaction de sa part. Gavin fixe sa femme de ses yeux bleus, mais je ne vois rien de particulier dans son expression. Elle si, parce que ses joues deviennent de plus en plus rouges et qu’elle pince ses lèvres.

– Elle ? lui demande-t-elle, incrédule. C’était elle ?

Tate regarde ses parents d’un air triste.

– Sérieusement, qu’est-ce qui se passe ? De quel bébé elle parle ?

Mon estomac commence à se retourner. J’oscille entre le dégo?t et la honte. Je regarde ma mère et me rends compte qu’elle s’amuse. Elle reste là, souriante, imperturbable, à siroter son champagne. Peu lui importe l’histoire, elle ne fait pas exprès de retarder le dénouement pour tenir tout le monde en haleine. Là n’est pas son intention. Je réalise que ce qu’elle veut, alors qu’elle adresse un petit sourire satisfait à un Gavin Bartlett visiblement en sueur, c’est ?a : pousser le père de Tate dans ses retranchements. Elle veut le mettre dans la position de devoir s’expliquer devant sa propre famille.

Sans répondre à la question de son fils, Gavin touche le bras de Gemma.

– Tu ne voudrais pas qu’on aille parler en privé, ma chérie ?

Ce qui, bien s?r, ne pla?t pas du tout à ma mère. Quel qu’était son plan initial, je vois déjà qu’elle le modifie mentalement. Ricanant sèchement, elle lui demande :

– Qu’est-ce qu’il y a, Gavin ? Tu ne veux pas faire un voyage dans le passé entre amis ? Et pourquoi pas ?

Elle fait semblant de réfléchir, mais c’est elle la star de ce film malsain et elle en savoure chaque seconde.

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