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The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(98)

Author:Elle Kennedy

– C’est parce que tu ne veux pas que ton fils, ta femme et les habitants d’Avalon sachent quel genre d’homme tu es vraiment ?

Je suis folle de rage.

– Arrête ! je dis d’un ton sec. ?a suffit, maman ! On va y aller, OK ?

J’ai bien l’intention de conna?tre toute l’histoire, mais pas maintenant. Pas ici, dans une salle de bal pleine de monde. Je remarque que Mackenzie se dirige vers nous, avec Cooper sur ses talons. Heureusement ils s’arrêtent dès que je leur fais un signe de tête.

– Non… on ne va tout de même pas faire ?a, n’est-ce pas ?

Bien s?r, maman ne m’écoute pas. Elle rit encore d’un rire froid et vengeur.

– C’est toi Monsieur Aimable d’Avalon. Monsieur Parfait qui ne fait de mal à personne. Gavin Parfait qui peut avoir une liaison, baiser une autre femme dans le dos de la sienne, l’engrosser sans problème et continuer à sourire à tous ces gens qui entrent dans son magasin. Tous ces gens qui disent combien Monsieur Parfait aime ses bateaux et à qui il ne se lasse pas de raconter la fois où il a navigué jusqu’à Hawa? ! Pas vrai, Gavin ? (Le mépris suinte de chacun de ses mots.) Je suis désolée, mais tu n’as plus droit à ce luxe, tu n’as plus le droit de faire semblant.

Grand-mère essaie encore d’intervenir en prenant maman par le coude.

– Victoria ! Ce n’est ni le lieu ni l’heure !

Maman se fout bien de ce qu’elle dit.

– Et pourquoi pas ? C’est la dernière fois que je viens dans cette putain de ville, alors pourquoi pas maintenant ?

Je sursaute devant sa grossièreté. D’habitude, maman est beaucoup plus classe que ?a. Il n’y a plus rien de classe chez elle en ce moment. Sourire méprisant, regard brillant fixant les parents de Tate. C’est malsain. Tout est malsain, putain.

Et Tate. Mon Dieu, je ne peux même pas le regarder. Je le devine sur le c?té, je fais tout mon possible pour ne pas croiser ses yeux. Je ne veux pas savoir quelle tête il fait. Personne n’a envie de voir à quoi ressemble le visage de son genre de petit ami quand on apprend que ses parents ont eu une liaison. Du moins, d’après ce que je viens d’entendre. Je ne suis pas encore certaine de ce qu’il en est, mais il est évident que nos parents étaient impliqués d’une manière ou d’une autre.

– Monsieur Parfait n’a rien à dire ?

Maman semble presque dé?ue que le père de Tate ne morde pas à l’hame?on. Il ne l’a même pas regardée depuis qu’elle a l?ché sa bombe. Les narcissiques ne supportent pas d’être ignorés. C’est généralement à ce moment-là qu’ils mordent à la gorge. Et maman ne fait pas exception.

– Gavin Bartlett Le Parfait, qui veut le beurre et l’argent du beurre, qui affiche un grand sourire devant tout le monde et n’hésite pas à s’asseoir pour proposer de payer l’avortement.

Il faut que quelqu’un arrête cette horreur, mais personne ne bouge. Grand-mère est silencieuse comme une morte. Tate ne bronche pas. Gavin encaisse sans rien dire. Et moi, je ne sais plus comment je m’appelle, mon c?ur bat trop vite, trop fort. Je peux à peine entendre mes propres pensées, et encore moins les rassembler et les verbaliser. J’ai la nausée, des remontées acides me br?lent la gorge.

Celle qui met enfin fin à cette torture collective n’est autre que la mère de Tate.

La fa?on dont Gemma Bartlett s’essuie les mains sur le devant de sa robe avant de reprendre son souffle et de s’approcher de ma grand-mère témoigne de son éducation du Sud.

– Avalon Bay sera triste de vous voir partir, Lydia. J’ai aimé vous croiser en ville et discuter avec vous, et j’aurais aimé que nous fassions plus ample connaissance au fil des ans. J’espère que Boston saura vous traiter comme il se doit. (Avec un doux sourire, Gemma serre la main de grand-mère, puis la rel?che.) Maintenant, j’ai bien peur de devoir prendre congé. Je ne me sens pas très bien.

Sans jeter un regard à ma mère, Gemma s’en va comme une putain de rockstar qui l?che son micro avant de partir.

Après, c’est la débandade. Pas de cris, pas de gens qui courent dans tous les sens et font des scènes à tout le monde. Non, une sorte de chaos tranquille où tout le monde dispara?t en un clin d’?il. Le père de Tate suit Gemma… Tate, bouleversé, suit Gavin. Ma mère vide son verre et le tend à un serveur, puis se dirige calmement vers la porte vo?tée.

Je fixe son dos qui s’éloigne, le balancement décontracté de ses hanches dans sa robe de cocktail noire. Je reste figée un instant avant que la rage me fasse passer à l’action. Le rythme cardiaque dangereusement élevé, je me précipite à la suite de ma mère. Comme elle marche vite, je ne la rejoins qu’au moment où elle franchit les portes du hall pour sortir. Je réussis à l’attraper par le bras, juste avant qu’elle ne s’approche du voiturier.

– Tu te fous de moi ? Attends un peu. Tu ne vas pas t’en tirer comme ?a.

– Tu ne me parles pas sur ce ton, répond maman en repoussant ma main.

– Quoi ? Tu n’es pas contente de la fa?on dont je te parle ? Tu as entendu la fa?on dont tu as parlé à tout le monde là-dedans ? C’était quoi, ce bordel ?

Ma voix tremble, sans contr?le, comme une feuille dans la tempête. Mes mains s’engourdissent, mon pouls s’accélère. Et dans mon sang coule ce genre de rage qui fait monter les larmes. Qui vous fait sangloter comme une enfant sans défense parce que la fureur est trop forte pour qu’un adulte puisse la gérer. Ma gorge se serre au point de me faire mal quand j’arrive à entra?ner maman loin des voituriers.

– Cassie ! Laisse-moi partir.

– Non ! je réponds d’un ton sec.

– Cassie ! répète-t-elle en trébuchant sur ses talons.

Je ralentis pour lui permettre de retrouver son équilibre, mais je n’arrête pas d’avancer jusqu’à ce que nous soyons hors de portée de voix du Beacon.

– Tu as eu une liaison avec Gavin Bartlett ? je lui demande.

Elle semble amusée par la question.

Je serre les dents.

– Arrête de sourire, tu trouves ?a dr?le ?

Elle glousse.

– Un peu, oui. Je crois que je ne t’ai jamais vue aussi en colère. Détends-toi, c’était il y a longtemps.

Je la regarde bouche bée.

– Tu veux que je me détende quand j’apprends que tu as trompé papa ?

– Nous étions déjà séparés.

Elle fait une pause… elle réfléchit… puis elle se ravise :

– En tout cas, on en parlait.

Je passe une main fatiguée sur mes yeux, me for?ant à ne pas pleurer.