The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(133)
– Monsieur Parfait n’a rien à dire ?
Maman semble presque dé?ue que le père de Tate ne morde pas à l’hame?on. Il ne l’a même pas regardée depuis qu’elle a l?ché sa bombe. Les narcissiques ne supportent pas d’être ignorés. C’est généralement à ce moment-là qu’ils mordent à la gorge. Et maman ne fait pas exception.
– Gavin Bartlett Le Parfait, qui veut le beurre et l’argent du beurre, qui affiche un grand sourire devant tout le monde et n’hésite pas à s’asseoir pour proposer de payer l’avortement.
Il faut que quelqu’un arrête cette horreur, mais personne ne bouge. Grand-mère est silencieuse comme une morte. Tate ne bronche pas. Gavin encaisse sans rien dire. Et moi, je ne sais plus comment je m’appelle, mon c?ur bat trop vite, trop fort. Je peux à peine entendre mes propres pensées, et encore moins les rassembler et les verbaliser. J’ai la nausée, des remontées acides me br?lent la gorge.
Celle qui met enfin fin à cette torture collective n’est autre que la mère de Tate.
La fa?on dont Gemma Bartlett s’essuie les mains sur le devant de sa robe avant de reprendre son souffle et de s’approcher de ma grand-mère témoigne de son éducation du Sud.
– Avalon Bay sera triste de vous voir partir, Lydia. J’ai aimé vous croiser en ville et discuter avec vous, et j’aurais aimé que nous fassions plus ample connaissance au fil des ans. J’espère que Boston saura vous traiter comme il se doit. (Avec un doux sourire, Gemma serre la main de grand-mère, puis la rel?che.) Maintenant, j’ai bien peur de devoir prendre congé. Je ne me sens pas très bien.
Sans jeter un regard à ma mère, Gemma s’en va comme une putain de rockstar qui l?che son micro avant de partir.
Après, c’est la débandade. Pas de cris, pas de gens qui courent dans tous les sens et font des scènes à tout le monde. Non, une sorte de chaos tranquille où tout le monde dispara?t en un clin d’?il. Le père de Tate suit Gemma… Tate, bouleversé, suit Gavin. Ma mère vide son verre et le tend à un serveur, puis se dirige calmement vers la porte vo?tée.
Je fixe son dos qui s’éloigne, le balancement décontracté de ses hanches dans sa robe de cocktail noire. Je reste figée un instant avant que la rage me fasse passer à l’action. Le rythme cardiaque dangereusement élevé, je me précipite à la suite de ma mère. Comme elle marche vite, je ne la rejoins qu’au moment où elle franchit les portes du hall pour sortir. Je réussis à l’attraper par le bras, juste avant qu’elle ne s’approche du voiturier.
– Tu te fous de moi ? Attends un peu. Tu ne vas pas t’en tirer comme ?a.
– Tu ne me parles pas sur ce ton, répond maman en repoussant ma main.
– Quoi ? Tu n’es pas contente de la fa?on dont je te parle ? Tu as entendu la fa?on dont tu as parlé à tout le monde là-dedans ? C’était quoi, ce bordel ?
Ma voix tremble, sans contr?le, comme une feuille dans la tempête. Mes mains s’engourdissent, mon pouls s’accélère. Et dans mon sang coule ce genre de rage qui fait monter les larmes. Qui vous fait sangloter comme une enfant sans défense parce que la fureur est trop forte pour qu’un adulte puisse la gérer. Ma gorge se serre au point de me faire mal quand j’arrive à entra?ner maman loin des voituriers.
– Cassie ! Laisse-moi partir.
– Non ! je réponds d’un ton sec.
– Cassie ! répète-t-elle en trébuchant sur ses talons.
Je ralentis pour lui permettre de retrouver son équilibre, mais je n’arrête pas d’avancer jusqu’à ce que nous soyons hors de portée de voix du Beacon.
– Tu as eu une liaison avec Gavin Bartlett ? je lui demande.
Elle semble amusée par la question.
Je serre les dents.
– Arrête de sourire, tu trouves ?a dr?le ?
Elle glousse.
– Un peu, oui. Je crois que je ne t’ai jamais vue aussi en colère. Détends-toi, c’était il y a longtemps.
Je la regarde bouche bée.
– Tu veux que je me détende quand j’apprends que tu as trompé papa ?
– Nous étions déjà séparés.
Elle fait une pause… elle réfléchit… puis elle se ravise :
– En tout cas, on en parlait.
Je passe une main fatiguée sur mes yeux, me for?ant à ne pas pleurer.
– Mais vous n’étiez pas séparés. C’est arrivé quand… l’année avant le divorce ?
– Oui. Je cherchais à vendre le bateau de ton grand-père et j’ai eu affaire à Gavin dans leur magasin. Et puis, bon… (Elle hausse les épaules…) Tu le connais, il est charmant, sans parler de sa beauté.
J’ai le tournis, je ne veux pas conna?tre les détails, et pourtant si, je veux tout savoir.
– Qui a commencé ? je demande avec méfiance.
– C’est lui.