The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(132)


Elle est complètement indifférente, presque joyeuse, en vidant le reste de son verre avant de faire signe à un serveur de lui en apporter un autre.

Est-ce qu’elle est ivre, putain ?

Je regarde Gavin et Gemma. Le père de Tate est plus p?le que les serviettes en lin impeccables distribuées avec les petits-fours. Gemma, elle, rougit… Ses joues se teintent d’un rouge sombre et profond. Je ne sais pas si c’est à cause de la colère ou de l’humiliation.

Maman me regarde, l’air amusée.

– Ce n’est pas toi qui étais si curieuse de mon passé l’autre jour ? me rappelle-t-elle.

Puis, d’un ton moqueur, elle ajoute :

– Et maintenant, pas une seule question ? Vraiment, Cass ?

– Victoria ! s’exclame grand-mère d’une voix tranchante.

– Oh maman, ne me regarde pas comme ?a, tu étais au courant.

Je regarde grand-mère avec des yeux qui lui posent cent questions. Elle ne dit rien pour me sortir de ma perplexité. Rien pour diminuer mon désarroi Son expression reste impassible.

– Bon, qu’est-ce qui se passe, là ? je finis par hurler.

Cette fois, les gens nous regardent à la fois surpris et curieux.

Maman reprend une gorgée de son champagne. Gavin, qui n’a pas encore prononcé un seul mot, évite mon regard, il serre les dents.

– Gavin ?

Cette voix méfiante est celle de la mère de Tate qui réussit à obtenir une réaction de sa part. Gavin fixe sa femme de ses yeux bleus, mais je ne vois rien de particulier dans son expression. Elle si, parce que ses joues deviennent de plus en plus rouges et qu’elle pince ses lèvres.

– Elle ? lui demande-t-elle, incrédule. C’était elle ?

Tate regarde ses parents d’un air triste.

– Sérieusement, qu’est-ce qui se passe ? De quel bébé elle parle ?

Mon estomac commence à se retourner. J’oscille entre le dégo?t et la honte. Je regarde ma mère et me rends compte qu’elle s’amuse. Elle reste là, souriante, imperturbable, à siroter son champagne. Peu lui importe l’histoire, elle ne fait pas exprès de retarder le dénouement pour tenir tout le monde en haleine. Là n’est pas son intention. Je réalise que ce qu’elle veut, alors qu’elle adresse un petit sourire satisfait à un Gavin Bartlett visiblement en sueur, c’est ?a : pousser le père de Tate dans ses retranchements. Elle veut le mettre dans la position de devoir s’expliquer devant sa propre famille.

Sans répondre à la question de son fils, Gavin touche le bras de Gemma.

– Tu ne voudrais pas qu’on aille parler en privé, ma chérie ?

Ce qui, bien s?r, ne pla?t pas du tout à ma mère. Quel qu’était son plan initial, je vois déjà qu’elle le modifie mentalement. Ricanant sèchement, elle lui demande :

– Qu’est-ce qu’il y a, Gavin ? Tu ne veux pas faire un voyage dans le passé entre amis ? Et pourquoi pas ?

Elle fait semblant de réfléchir, mais c’est elle la star de ce film malsain et elle en savoure chaque seconde.

– C’est parce que tu ne veux pas que ton fils, ta femme et les habitants d’Avalon sachent quel genre d’homme tu es vraiment ?

Je suis folle de rage.

– Arrête ! je dis d’un ton sec. ?a suffit, maman ! On va y aller, OK ?

J’ai bien l’intention de conna?tre toute l’histoire, mais pas maintenant. Pas ici, dans une salle de bal pleine de monde. Je remarque que Mackenzie se dirige vers nous, avec Cooper sur ses talons. Heureusement ils s’arrêtent dès que je leur fais un signe de tête.

– Non… on ne va tout de même pas faire ?a, n’est-ce pas ?

Bien s?r, maman ne m’écoute pas. Elle rit encore d’un rire froid et vengeur.

– C’est toi Monsieur Aimable d’Avalon. Monsieur Parfait qui ne fait de mal à personne. Gavin Parfait qui peut avoir une liaison, baiser une autre femme dans le dos de la sienne, l’engrosser sans problème et continuer à sourire à tous ces gens qui entrent dans son magasin. Tous ces gens qui disent combien Monsieur Parfait aime ses bateaux et à qui il ne se lasse pas de raconter la fois où il a navigué jusqu’à Hawa? ! Pas vrai, Gavin ? (Le mépris suinte de chacun de ses mots.) Je suis désolée, mais tu n’as plus droit à ce luxe, tu n’as plus le droit de faire semblant.

Grand-mère essaie encore d’intervenir en prenant maman par le coude.

– Victoria ! Ce n’est ni le lieu ni l’heure !

Maman se fout bien de ce qu’elle dit.

– Et pourquoi pas ? C’est la dernière fois que je viens dans cette putain de ville, alors pourquoi pas maintenant ?

Je sursaute devant sa grossièreté. D’habitude, maman est beaucoup plus classe que ?a. Il n’y a plus rien de classe chez elle en ce moment. Sourire méprisant, regard brillant fixant les parents de Tate. C’est malsain. Tout est malsain, putain.

Et Tate. Mon Dieu, je ne peux même pas le regarder. Je le devine sur le c?té, je fais tout mon possible pour ne pas croiser ses yeux. Je ne veux pas savoir quelle tête il fait. Personne n’a envie de voir à quoi ressemble le visage de son genre de petit ami quand on apprend que ses parents ont eu une liaison. Du moins, d’après ce que je viens d’entendre. Je ne suis pas encore certaine de ce qu’il en est, mais il est évident que nos parents étaient impliqués d’une manière ou d’une autre.

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