The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(128)



Je le ressens maintenant.

L’ironie de tout ?a ne m’échappe pas. Quand je pense que j’ai failli ne pas m’engager avec elle parce que je craignais que Cassie finisse par éprouver des sentiments pour moi. Ce sont ces mêmes sentiments qui m’ont frappé sans crier gare et m’ont foutu sur le cul.

Mais qu’est-ce que ?a veut dire pour nous ? Elle vit à Boston et je ne peux pas quitter Avalon pour le moment. Les relations à distance sont difficiles à entretenir, mais nous pourrions peut-être y arriver. Elle va obtenir son dipl?me cette année. Peut-être qu’elle pourrait ensuite revenir vivre ici ? C’est ici qu’elle est née, ici que son père vit, et il est évident qu’elle l’aime profondément.

– Il faut que tu lui parles. ? ton père. Et à ta mère. Elle doit savoir à quel point ses paroles t’ont blessée. Tu ne veux pas de parents avec lesquels tu peux être honnête, au lieu de balayer ce qui est important sous le tapis ? Sois honnête avec eux Cass, avec les deux.

– Un peu comme tu es honnête avec ton père quand tu dis que tu as très envie de partir en Nouvelle-Zélande ?

– Justement, je lui en ai parlé. Le problème, c’est que je ne peux pas y aller.

– Bien s?r que si. Ton contrat se termine bient?t. Tu as tout l’automne et l’hiver devant toi.

– J’ai déjà promis à papa de travailler à plein temps chez Bartlett Marine.

– Le magasin sera toujours là à ton retour, dit Cassie doucement. (Elle se redresse et me regarde, les yeux pleins d’encouragement.) Ce ne sont que quelques mois. Bartlett Marine ne va pas faire faillite si tu t’absentes trois mois.

Je me mordille l’intérieur de la joue.

– Je sais. C’est juste que… je ne veux pas le décevoir.

Une réponse qui me vaut un léger sourire.

– Tu vois ?

– Je vois quoi ?

– On fait pareil tous les deux. On ne dit pas ce qu’on pense, parce qu’on ne veut pas décevoir nos parents… ni faire de vagues.

Elle a raison.

Elle a raison sur tout.

Si j’y vais, Bartlett Marine sera toujours là quand je reviendrai. Si je n’y vais pas, je laisse filer l’opportunité d’une vie. Je n’aurai peut-être plus jamais l’occasion de naviguer sur un putain de Hallberg-Rassy jusqu’à l’autre bout du monde. J’ai vingt-trois ans, bordel de merde. J’ai le reste de ma vie pour me poser au même endroit et travailler de neuf à cinq. Trois mois vont passer en un clin d’?il. Mon père y survivra.

– Tu sais quoi ? Tu as raison. Je pense que je dois mettre en pratique ce que je te demande de faire. Je te propose un marché, je lui annonce, le sourire aux lèvres. Tu parles à ton père et tu lui dis tout ce que tu as sur le c?ur… Tu parles à ta mère et tu lui dis à quel point elle t’a fait du mal. Et moi, de mon c?té, je vais parler à mon père et lui dire que j’ai décidé d’aller en Nouvelle-Zélande. On est d’accord ?

Cassie se mordille les lèvres, réfléchissant à la question.

– Seulement si c’est après la réouverture du Beacon.

– Tu cherches à gagner du temps, je lui réponds en la taquinant.

– Non, je suis juste pragmatique. Toute conversation avec ma mère risque de déboucher sur une catastrophe, et je dois encore vivre avec elle pendant une semaine.

– D’accord. Alors, on programme nos conversations respectives pour le lendemain de la réouverture. (Je lève un sourcil.) Marché conclu ?

– Marché conclu ! me répond-elle en me serrant la main.

Soudain, je me sens plus léger à l’idée de dire à mon père que je vais accepter l’offre de Gil. Ou peut-être que cette impression de légèreté a plus à voir avec l’autre confession que j’ai l’intention de faire. Car après avoir parlé du voyage à mon père, j’ai décidé de dire à Cassie que je suis amoureux d’elle.





1.?Jaloux (ou Jalouse) chanson de Labrinth, 2014.





Chapitre 30

Cassie





La dernière fois que j’ai visité la salle de bal, c’était un an après l’ouragan et mes grands-parents m’avaient montré les dég?ts causés par son passage. La mer avait alors fait son ?uvre, laissant derrière elle un espace béant qui aurait pu servir de décor à un bateau fant?me pour un film d’horreur. Il fallait tout arracher. Les cloisons de pl?tre, le sol. Il fallait tout raser.

Aujourd’hui, gr?ce au travail acharné de Mackenzie, cette salle de bal a été entièrement restaurée. Le vieux papier peint et les ornements muraux dorés ont disparu et été remplacés par une peinture crème et des panneaux blancs aux détails travaillés. Le parquet flambant neuf brille sous nos pieds. Le changement le plus impressionnant concerne toutefois le plafond. Il s’élève toujours à une hauteur incroyable, mais il est désormais doté de lucarnes, des panneaux de verre qui agrandissent la pièce et offrent une vue éblouissante sur le ciel d’encre parsemé d’étoiles.

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