The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(139)



– Non, tu crois ?

Une réponse qui nous fait rire toutes les deux.

– Je me suis dit que c’était ?a, je lui avoue. Que tu gardais tes distances à cause d’elle. Mais moi, je ne suis pas elle, je ne suis pas comme elle. Pas du tout.

– C’est vrai, me confirme Nia. Mais il y a beaucoup de choses que tu ne sais pas, chérie. Quand ton père et moi, on est devenus amants…

J’étouffe un nouveau rire.

– S’il te pla?t, ne le dis pas comme ?a.

– Que dois-je dire, alors ?

– Dis… quand on s’est mis ensemble.

Ses yeux pétillent.

– Quand ton père et moi, ? on s’est mis ensemble ?, ta mère était très malheureuse. Elle n’avait rien de gentil à me dire et rien de gentil à dire sur moi. Il y a eu beaucoup d’avertissements, notamment sur ce qui se passerait si j’essayais de lui prendre sa fille ou si j’osais la critiquer en ta présence. On est allés jusqu’à la confrontation devant le juge…

Je suis en état de choc.

– Elle a menacé ton père de lui retirer son droit de visite.

Nia soupire.

– Tu avais douze ans quand Clayton et moi on s’est mis ensemble, et elle a dit au juge qu’elle ne voulait pas que la bimbo de son ex-mari – je t’assure, j’ai d? chercher ce mot dans le dictionnaire – finisse par laver le cerveau de sa fille pour la faire la détester. On en est arrivés à une séance de médiation, et pendant la première année, je n’avais même pas le droit d’être seule avec toi.

Je n’en crois pas mes oreilles.

– Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Je n’en avais aucune idée !

– Je sais. On ne voulait pas te le dire. Et après, garder une certaine distance avec toi est devenu une habitude, tu comprends ? Mais je t’ai regardée grandir toutes ces années, et je pense que tu es devenue une jeune femme formidable. Tu es si créative, avec tes histoires et ton humour. Je suis très fière de toi.

– Alors pourquoi tu ne veux pas que je fréquente mes s?urs ?

La question s’est échappée de ma bouche avant que je puisse la retenir.

– Pourquoi tu dis ?a ?

– Tu as toujours été très protectrice envers elles quand je suis là. Comme si tu ne me faisais pas confiance. Le mois dernier, après la chute de Monique, tu avais l’air si furieuse, et…

– J’étais furieuse, oui, interrompt Nia, mais contre Monique ! (Elle s’énerve à présent.) Mo sait très bien qu’il ne faut pas grimper sur les meubles ! Je t’ai dit, avant qu’on parte ce soir-là, à quel point ?a m’énervait.

Elle me l’avait dit, c’est vrai. Mais je réalise soudain que lorsqu’on pense que quelqu’un ne vous aime pas, tout ce qu’il ou qu’elle dit est déformé. Chaque regard est mal interprété. Ses yeux transmettaient son exaspération devant la désobéissance de Monique, mais les miens y ont vu une condamnation envers moi. Le ton de sa voix pouvait transmettre de l’inquiétude, mais c’est une accusation que j’ai entendue. En fait, j’ai tout pris pour moi. Quelle honte ! Ma mère aurait réagi de la même fa?on.

– Je pensais que tu ne voulais pas que je vienne vous voir. Et papa non plus.

– Ton père ? Jamais de la vie. Ton père t’adore, Cassandra. Il ne parle que de toi.

Encore une boule dans la gorge.

– Vraiment ?

– Il ne se passe pas un jour dans cette maison sans que ton nom ne soit prononcé, dit Nia. Il t’aime beaucoup.

– Il ne me le dit jamais.

– Et toi ? Tu lui dis ce que tu as sur le c?ur ?

– Non, mais est-ce seulement de ma faute ?

– Non, répond-elle, c’est pourquoi nous allons maintenant rentrer pour que tu puisses lui parler.

– Tu as dit qu’il dormait.

Elle pointe son menton en direction des fenêtres de la cuisine :

– Quand je me suis levée, oui. Mais il est réveillé maintenant. Je lui ai fait signe de nous laisser une minute quand il est sorti.

– Il est sorti ?

– Oui. Quand tu étais… triste.

Triste ? C’est l’euphémisme de l’année.

– ? mon avis, il te prépare le thé que tu aimes… et j’aimerais que tu lui dises tout ce que tu viens de me dire. Pourquoi ne pas rentrer, ce sera plus facile.

J’hésite.

Elle se lève et retire les graviers de l’allée restés collés sur ses genoux.

– Cassandra ?

Je prends la main qu’elle me tend en la laissant m’aider à me relever. Mais les doutes reviennent, les vieilles insécurités se réveillent et je me pince les lèvres.

– Si tu m’aimes bien, pourquoi tu m’appelles toujours Cassandra ?

– C’est ton nom, oui.

– Oui, bien s?r, mais… tout le monde m’appelle Cassie ou Cass et toi jamais. Je pensais que ?a voulait dire quelque chose. Comme si tu faisais exprès d’être formelle parce que tu ne m’aimais pas.

Elle Kennedy's Books