The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(140)



Elle me fait un petit sourire plein d’humour.

– Pas du tout. Je trouve juste que c’est un beau prénom. Cas-san-dra. J’aime la fa?on dont il roule sur ma langue.

Je ravale un rire. Bien s?r qu’elle aime ?a.

Le cerveau humain est parfois ridicule. Il prête des intentions tordues aux gens, alors qu’en fin de compte, elle aime simplement la fa?on dont mon nom roule sur sa langue.





Chapitre 33

Tate





Le lendemain matin, j’entre dans la cuisine et trouve mon père à table, buvant son café et lisant l’édition du samedi de l’Avalon Bee. Maman fait des ?ufs brouillés, penchée sur la cuisinière. En toute honnêteté, je m’y prends à deux fois pour le croire. Je dois cligner des yeux pour me convaincre que je n’imagine pas cette mascarade de bonheur domestique.

Papa a dormi chez son ami Kurt hier soir et, maintenant, il est déjà dans notre cuisine. Il a d? se réveiller et rentrer directement à la maison. Au lieu de lui claquer la porte au nez, maman l’a laissé entrer et est en train de lui servir son petit déjeuner.

Je reste debout dans l’embrasure de la porte, le regard fixe. Ils ne me remarquent pas, trop pris par leurs activités routinières. Maman met deux tranches de pain dans le grille-pain. Papa lit le journal, sans se soucier de ce qui s’est passé après avoir fait exploser notre famille.

– Mais… qu’est-ce qu’il fout ici, bordel ?

Ils se regardent tous les deux, choqués.

Quand mes yeux croisent ceux de papa, je vois qu’ils sont remplis de honte. Bien. Encore heureux qu’il ait honte. Depuis la seconde où la mère de Cassie a l?ché cette bombe, les événements de la nuit dernière tournent en boucle dans ma tête. Quand maman et moi sommes rentrés à la maison, elle a refusé de parler de ce qui s’était passé. Je n’ai jamais été aussi frustré de ma vie, mais je me suis dit qu’il n’y avait pas que ma vie qui avait été complètement bouleversée. Il s’agit de son mariage. J’ai donc gardé le silence malgré toutes les questions qui me br?laient la langue. Je ne l’ai pas poussée. On a promené les chiens, puis elle m’a souhaité bonne nuit et est allée se coucher.

Maintenant, elle prépare le petit déjeuner pour mon père infidèle comme si rien ne s’était passé ?

– Tate, commence papa avec prudence, assieds-toi. Nous devrions probablement parler de la nuit dernière.

Je suis aussi furieux que sidéré.

– Tout d’abord, comment tu peux me dire ? probablement ? ? Et deuxièmement, qu’est-ce que tu fous ici ? Comment peux-tu être assis là, à boire du café, quand tu devrais être en haut en train de préparer ta putain de valise ?

Il a un mouvement de recul.

Alors même que je crache ces mots, une douleur br?lante me déchire la poitrine. Préparer ta valise. Merde ! Je pense au départ de mon père, au divorce de mes parents… Je me passe une main dans les cheveux, j’ai envie de les arracher par la racine.

Mon père a eu une liaison. Il a couché avec une autre femme. Et pas n’importe laquelle, la mère de Cassie. Je suis encore sous le choc. Je suis s?r que Cassie est tout aussi horrifiée. Je lui en parlerai plus tard quand je la verrai, mais, putain, je ne sais même pas ce qu’il y a à dire de ce g?chis causé par nos parents ; nous, on n’y est pour rien. Tout sonne faux dans cette situation. Aussi faux que maman apportant deux assiettes d’?ufs et de toasts à la table comme si notre monde n’avait pas changé. Les chiens la suivent, Fudge s’installe à ses pieds et regarde longuement leurs assiettes comme s’il n’avait pas mangé depuis quarante-cinq ans. Polly garde une distance respectable parce qu’elle a de meilleures manières.

Je regarde mes parents, totalement ahuri.

– Pourquoi il est là ? je demande à maman.

Sans la laisser répondre, je me tourne vers mon père :

– Tu n’as même pas eu la décence de lui donner vingt-quatre heures ?

Il sursaute en entendant le dédain qui remplit ma voix. Il ne comprend pas… C’est vrai que je ne lui ai jamais parlé de cette fa?on auparavant, mais vrai aussi que je n’ai jamais été aussi furieux contre lui.

– Tu ne pouvais même pas lui donner une journée entière pour la laisser digérer cette bombe ? Au moins pour essayer de gérer…

La réponse vient de maman. Calme et résignée :

– On l’a fait il y a onze ans.

Je me tourne vers elle.

– Qu’est-ce que tu veux dire ?

– Je veux dire qu’on s’en est occupés il y a onze ans. Il est vrai que je ne savais pas qu’on parlait de Victoria Tanner. (Elle jette un regard désolé à papa.) Je sais, je sais… j’ai insisté pour ne pas savoir qui c’était. Mais…

– Tu savais qu’il avait une liaison ?

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