The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(143)
Je soupire en entendant ses pas. Je sais que c’est lui et pas maman parce que je connais ma mère, elle va d’abord vouloir qu’on se rabiboche tous les deux. Ce qui me met encore plus en colère.
– Elle te fait toujours passer en premier, je lui dis sur un ton de reproche.
– Je sais.
Sa voix tremble. Je le regarde, ses yeux sont humides et tout rouges.
– Toujours, répète-t-il en s’asseyant près de moi. Parce que c’est ta mère. C’est la meilleure personne que je connaisse, et je ne la mérite pas. Je ne sais pas où elle a trouvé la force de me pardonner. Crois-moi, je remercie le Seigneur chaque jour qu’il fait. Je ne considère jamais ce cadeau comme acquis.
– Je n’arrive pas à croire que tu l’aies trompée.
– Moi non plus. Jamais je ne me serais cru capable de blesser quelqu’un comme je l’ai fait. Je n’en suis pas fier. Je porte cette honte avec moi tous les jours.
On fixe un moment les balan?oires ; elles se mettent à osciller sous l’effet de la brise qui se lève… comme si des enfants invisibles les faisaient bouger. Je me revois dans ce parc, tra?nant avec mes copains, j’étais si heureux d’avoir déménagé à Avalon Bay. Je n’avais pas encore réalisé que changer de ville avait été le facteur déclencheur de la perte quasi totale de ma famille.
– Tu as vraiment exigé qu’elle se fasse avorter ? je lui demande, éc?uré.
– Je ne l’ai pas exigé. J’ai juste dit qu’on devrait le faire. (Papa a l’air de souffrir autant que moi.) J’avais l’intention de rompre avec Victoria, ce soir-là au Beacon. La culpabilité me rongeait et j’avais tout avoué à ta mère la veille. Je l’avais suppliée de me donner une autre chance. Je suis donc allé voir Tori pour lui dire que c’était fini, et c’est à ce moment-là qu’elle m’a parlé du bébé. Je lui ai dit que je la soutiendrais quoi qu’elle décide, mais que j’aimais ta mère et que je ne la quitterais jamais. C’est vrai, je lui ai dit que je pensais que ce serait mieux, pour nous deux, si elle ne gardait pas le bébé. Ce qui était égo?ste, si tu veux, mais je ne voulais pas d’enfant avec elle. (Il soupire.) Là où tu as tort, petit, c’est qu’après cette liaison qui a failli me faire perdre tout ce qui m’était cher, j’ai fait le serment de ne plus jamais être égo?ste. Ces onze dernières années n’ont pas été une comédie. J’ai consacré ma vie à ta mère et à toi.
– Je ne t’ai pas demandé de faire ?a.
– Bien s?r que non, mais tu es mon enfant, mon sang. J’ai essayé de te laisser un héritage. Je sais que tu ne me crois pas, alors s’il faut annuler des vacances ou supprimer ton nom sur mon testament, pas de problème. (Il hausse les épaules.) Personne n’est parfait. Surtout pas moi. On est tous des hommes. Bons, mauvais, et tout ce qu’il y a entre les deux. Heureusement, j’ai trouvé une femme qui pense comme moi et qui sait qu’une erreur ne doit pas définir quelqu’un pour le restant de ses jours. Je ne suis pas parfait, répète-t-il avant de s’arrêter un instant. Cela dit, je pense que tu devrais accepter l’offre de Gil.
Le changement soudain de sujet fait que je tourne brusquement la tête.
– Quoi ?
– Fais ce voyage, Tate. Je n’aurais pas d? t’en dissuader.
Je regarde mes pieds, un peu gêné.
– J’avais décidé de le faire, de toute fa?on ; j’avais prévu de t’en parler aujourd’hui.
Il se met à rire.
– Bien s?r que tu vas y aller…
Tout de suite après, il redevient sérieux.
– Tate, la raison pour laquelle je ne voulais pas que tu y ailles n’est pas que j’ai besoin de toi au travail. Pour être honnête, ?a sonnait mieux que de te dire en face combien je suis terrifié à l’idée de te voir partir.
Je relève la tête.
– Qu’est-ce que tu veux dire ?
– C’est une traversée pleine de dangers. Je ne sais pas si ta mère et moi on arrivera à survivre s’il t’arrive quelque chose. Mais nous ne t’avons jamais couvé, nous t’avons laissé faire tes propres erreurs, et tu sais très bien les reconna?tre. Nous devons te laisser prendre tes propres risques aussi, alors si ton c?ur te dit de partir, et je sais que c’est le cas, parce que… (Il rit à nouveau.) … mon c?ur a fait le même choix quand j’avais ton ?ge, alors, tu dois y aller.
Je hoche lentement la tête.
– C’est ce que je vais faire.
– Je sais que j’ai dit que je n’avais pas besoin de ton pardon, mais je vais te le demander quand même.
Je me passe une main dans les cheveux et j’esquisse un sourire embarrassé.
– Si maman peut surmonter ?a, alors moi aussi. Donne-moi juste un peu de temps.
Il me donne une petite tape sur l’épaule.