The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(25)
Mais la plupart des gens finissent heureusement par y voir clair. Je me souviens encore de la première fois où Peyton a compris qui était vraiment ma mère quand, un jour où elle dormait à la maison, ma mère nous a emmenées au resto. Nous avions treize ans et, les yeux écarquillés, elle a dit tout à coup :
– Je viens de réaliser que ta mère est une vraie salope.
Il n’y a rien de plus libérateur que voir ses amis comprendre les horreurs que l’on vit.
– Quelle bonne idée ! s’exclame maman en réponse à ma suggestion de spa. Et puis, pendant que j’y pense, comme tu es là, tu devrais aussi demander à voir la salle de gym.
Je serre les dents. Je la vois venir.
– On y a jeté un coup d’?il, je réponds prudemment. Elle est attenante au spa, mais encore fermée parce qu’aucun équipement n’a été livré pour l’instant.
– Tu devrais utiliser la salle de sport du club, alors. J’ai vu sur l’Instagram de Joy qu’elle y va tous les matins. Elle a l’air très en forme ces derniers temps.
Je bous intérieurement. Je déteste que maman suive mes amis sur les réseaux sociaux. Le compte de Joy est privé, mais elle m’a avoué qu’elle se serait sentie mal si elle n’avait pas accepté la demande de ma mère.
– Peut-être qu’elle pourrait te donner des conseils de fitness, ajoute maman d’un ton pincé… parce qu’aucune conversation avec ma mère n’est complète sans un conseil pour m’améliorer d’une fa?on ou d’une autre.
– Ouais, je lui demanderai, je dis en bonne petite fille docile.
– Oh, et en parlant d’Instagram, j’étais sur ta page ce matin et j’ai vu la photo que tu as postée. Celle de toi avec le haut rose et le short en jean. Ce short est adorable !
J’attends le scud.
– Mais le haut… Tu sais que je dis ?a pour toi, mais tu devrais peut-être retirer la photo. Cette coupe n’est pas des plus flatteuses pour toi, Cass. Avec tes proportions, tu sais… On devrait aussi aller faire du shopping quand je serai là, qu’est-ce que tu en dis ? Peut-être aller jusqu’à Charleston ?
– Génial ! Je serai contente de faire du shopping avec toi, j’apprécie toujours ton opinion.
Petit silence. Je sais que dans son cerveau égo?ste et plein de jugement tout fait, elle se demande si je plaisante ou pas. Mais ce serait trop préjudiciable à son cher ego de me poser la question, et donc, comme toujours, elle change de sujet.
– Tu as déjà vu ton père ? Et son infirmière ?
J’éloigne le portable de mon oreille pendant une seconde et lui hurle des obscénités silencieuses en faisant des grimaces à l’écran. Bien s?r, c’est juste le moment que choisit un ouvrier, portant des bottes de travail et une ceinture à outils, pour entrer dans le lobby. Surpris par mes singeries, il fait une dr?le de tête, puis il se met à rire avant de s’éloigner.
Je remets mon portable à l’oreille :
– Pas encore. Je les vois demain pour d?ner.
– Il a attendu une semaine entière pour voir sa fille ? s’indigne-t-elle. C’est égo?ste, même pour Clayton.
C’est toi qui as écrit le livre sur l’égo?sme.
Pour une fois, elle n’a pas tout à fait tort. Je pense la même chose depuis mon arrivée à Avalon Bay. Même si les jumelles vont en centre aéré, que papa et Nia travaillent, ils continuent à d?ner ensemble tous les soirs, que je sache. Est-ce si compliqué de m’inviter à me joindre à eux ?
D’un autre c?té, lorsque l’ex-femme de son mari la qualifie avec dédain d’infirmière, on peut comprendre que Nia ne veuille pas de la fille de cette aigrie dans sa maison. Ce surnom d’infirmière m’agace aussi, d’autant plus qu’il est totalement infondé. Nia n’a jamais été l’infirmière de papa. Elle était sa kinésithérapeute après l’accident de voiture qu’il a eu peu de temps après son divorce avec ma mère. Il a d? être opéré d’une déchirure du biceps et Nia s’est occupée de sa rééducation. C’est comme ?a qu’ils se sont rencontrés et qu’ils sont tombés amoureux.
– Maman, il faut que j’y aille, je reprends, fatiguée de cette discussion. Grand-mère m’attend pour la raccompagner.
En réalité, grand-mère est en pleine conversation avec Mackenzie. Toutes les deux penchées en avant, l’air passionnées, elles sont totalement absorbées par ce qu’elles se racontent.
– D’accord, ma chérie. Je te verrai le mois prochain.
– J’ai h?te.
Je suis épuisée quand je retourne au bar. Parler à maman me donne l’impression d’avoir fait la guerre. Grand-mère me regarde, un peu inquiète.
– Tout va bien ?
– Tout va bien.
Je mens, c’est ce que j’ai pris l’habitude de faire. J’affiche un grand sourire, comme si les attaques de maman contre mon physique, mon père et tout ce que je fais n’avaient aucun effet sur moi.