The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(28)
– Et à chaque fois, continue Gen, à chaque fois, il nous accueillait avec ce sourire niais en nous demandant poliment si nous étions des clients de son bel établissement, alors qu’il savait pertinemment que nous n’étions qu’une bande d’ados, voyous sur les bords, qui adoraient faire des bêtises.
– Pourtant il ne nous a jamais virés, ajoute Steph. Ce type avait de la classe. Il nous escortait jusqu’à la porte d’entrée et nous regardait partir en nous faisant des petits signes de main tout à fait distingués, très Queen Elizabeth II.
J’éclate de rire en visualisant parfaitement ce qu’elles décrivent. James était l’exemple parfait du British bien élevé.
– Pendant ce temps, me dit Genevieve en riant, toi, tu étais probablement là en toute légalité, en train de bronzer au bord de la piscine en nous regardant passer devant ta chaise longue.
– En fait, on n’a jamais séjourné à l’h?tel. Avant le divorce de mes parents, on vivait dans une maison sur Sycamore. Et après cela, on s’installait dans la maison de grand-mère chaque fois qu’on venait à Avalon. ? l’époque, je rêvais de passer tout un été au Beacon.
– Eh bien, c’est ton jour de chance, m’annonce Mackenzie, toute guillerette. ? partir de maintenant, tu as une chambre à vie au Beacon… et gratuitement !
– Pas question. Jamais je ne pourrais accepter un truc pareil.
– Tu plaisantes ? Moi, j’accepterais tout de suite, annonce Genevieve. Je prends la chambre à vie gratuite. (Elle crie vers la terrasse.) Hey, Evan ! Nous avons une suite à vie au Beacon !
– Sympa !
– Ah, me dit soudain Mackenzie en se tournant vers moi, j’allais oublier, je voulais te demander quelque chose.
– Oui.
Je me décale et je bois une autre gorgée de ma vodka-limonade, c’est-à-dire de ma vodka avec une cuillerée à café de limonade. Je sens déjà l’effet de l’alcool, mon sang commence à chauffer.
– Les Beach Games ont lieu le mois prochain. Tu en as entendu parler, n’est-ce pas ?
– Oui, bien s?r. C’est une tradition.
Les Beach Games, c’est un événement sportif qui a lieu tous les ans à Avalon Bay ; les équipes, qui représentent des entreprises locales, s’affrontent dans des jeux de plage. L’événement dure deux jours et je crois qu’il y a des chèques-cadeaux et des trophées pour les gagnants, mais la plupart des concurrents le font pour la gloire. Pour l’honneur d’être désigné comme la meilleure entreprise de la baie.
La dernière fois que j’ai assisté à des Beach Games, c’était il y a quelques années, juste avant ma première année d’université. J’y suis allée avec mon père et on s’est bien marrés à regarder les différentes activités. Cette année-là, l’épreuve du tir à la corde avait posé des problèmes, je me rappelle que les vieilles dames de la boulangerie s’étaient mises à insulter les mecs de l’atelier de mécanique. On avait entendu la phrase ? vous allez tomber, bande d’enculés ! ? plus d’une fois. Ensuite, papa et moi avions pris une glace avant de marcher le long de la promenade. C’était sympa. Il voudra peut-être y retourner cette année.
– On a raté le coche l’année dernière, dit Mackenzie, mais maintenant que Le Beacon a repris ses activités, on réunit une équipe. Ta grand-mère et moi en parlions ce matin et elle m’a dit que personne dans ta famille n’avait jamais participé à ces Beach Games. Elle pense que, cette année, tu aimerais bien faire partie de l’équipe du Beacon.
– Moi ?
– Oui, tu serais la quatrième. Pour l’instant, il n’y a que moi, Gen et Zale, notre directeur des activités.
– Quoi ? Zale ? s’esclaffe le frère de Gen, c’est forcément un faux prénom.
– Raté, mon vieux ! lui répond Gen, amusée. Je lui ai posé des questions sur son prénom et il m’a même montré son acte de naissance.
– Qui peut aussi être un faux… insiste Jay.
– Tu vas voir, Zale est super dr?le, ajoute Mackenzie. Tu vas l’adorer.
J’essaie encore de me faire à cette idée d’équipe. Toujours méfiante, je lui demande :
– Tu veux vraiment que je sois la quatrième ? Ce n’est pas grand-mère qui t’a forcée à faire ?a ?
– Pas du tout. Comme je l’ai dit, elle a juste mentionné que c’était quelque chose qui pourrait te plaire.
J’ai bien l’impression que grand-mère veut absolument m’imposer un groupe d’amis. Je ne comprends pas. Sérieusement, pourquoi elle pense toujours que je suis une loseuse asociale ? Quels signaux je peux émettre pour lui faire croire que je suis une sorte de dépressive renfermée sur elle-même ? Hum… il va falloir que j’aie une discussion sérieuse avec elle.