The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(59)
Pourtant, un seul rendez-vous ne suffit pas pour évaluer la possibilité d’une telle alchimie. C’est du moins ce qu’affirme Peyton. Selon ma meilleure amie, un rendez-vous permet de découvrir le potentiel, l’étincelle. Et si l’étincelle est là, aussi petite soit-elle, il faut lui donner une chance, l’allumer pour découvrir à quelle intensité le feu peut br?ler. L’étincelle était là avec Aaron, je ne peux pas le nier, alors je me dis qu’il est temps de voir si elle peut se développer en brasier.
– Voilà le forfait spa ! je m’exclame en regardant la table voisine.
Je bouscule presque ma grand-mère pour attraper une carte d’offre et un crayon publicitaire du golf. J’aimerais savoir ce que les autres ont déjà enchéri, mais la fa?on dont se déroule cette vente est absurde. C’est une enchère silencieuse et secrète. Les offres vont dans une bo?te, quelqu’un les dépouille pour trouver celle qui est la plus élevée, et c’est le gagnant.
– Ce n’est pas sorcier, me dit Joy en souriant devant mon indécision.
– Le prochain rendez-vous disponible pour le spa est en juillet prochain. Juillet, Joy ! Ils font des réservations un an à l’avance. C’est ma seule chance. Ma seule opportunité.
– Tu as un problème.
Pendant qu’elle tape du pied avec impatience, je calcule mentalement ce que je pense être le prix d’un forfait, puis je double le montant. Puis je le raye pour mettre le triple à la place.
– Prie pour moi, Joy.
Et je glisse la carte dans la bo?te.
– J’ai besoin de nouveaux amis, dit Joy à grand-mère.
– Mesdaaames et Messsieurs, annonce une voix masculine depuis la scène à l’avant de la salle. Si nous pouvions avoir votre attention par ici…
La salle de bal se calme un peu. La plupart des participants en tenue de soirée continuent à discuter en ignorant ce qui se passe. Le gala a deux ma?tres de cérémonie cette année : un ancien running back des Panthers1 dont je n’ai pas retenu le nom, et une présentatrice de la nouvelle cha?ne locale de télé dont je n’ai pas retenu le nom non plus. Joy et moi les appelons Big et Blonde, parce qu’il est grand et qu’elle est blonde.
– La vente aux enchères est maintenant terminée, annonce Big. Notre super équipe va commencer à compter les offres, et les gagnants seront annoncés après la traditionnelle Vente des célibataires. D’ici là, mangez, buvez et… amusez-vous !
Blonde se hisse à c?té de lui sur des talons dangereusement hauts pour crier dans le micro : ? C’est parti pour le gala ! ? Alors que sa voix stridente résonne en écho dans la salle de bal, je ne manque pas de remarquer la grimace de grand-mère.
– ?a va ? je lui demande en lui touchant le bras.
– Un peu fatiguée, admet-elle. Et, pour être honnête, je ne suis pas s?re que mes tympans vont pouvoir supporter la voix de cette femme une heure de plus.
– Tu veux partir ?
Au bout d’un moment, elle acquiesce.
– Je pense que oui. ?a ne te dérange pas de m’appeler un taxi pour rentrer ?
– Non, pas de problème. Mais tu es s?re ? Il n’est que huit heures…
Grand-mère me fait le sourire que je préfère, celui qui contient toujours une note d’espièglerie.
– J’ai fait acte de présence, ma chérie. Personne ne va le remarquer si je m’éclipse.
– Je te raccompagne.
Et, me tournant vers Joy, je lui dis :
– On se retrouve à la table ?
– Bonne nuit, Madame Tanner, dit Joy en se penchant pour embrasser ma grand-mère sur la joue.
– Bonne nuit, ma chère.
Après avoir raccompagné grand-mère, je retourne dans la salle de bal en me faufilant entre les tables. Cette année, les centres de table sont énormes, des horreurs en cristal fantaisie, remplis de grandes plumes et de gypsophile. Je crois qu’ils sont censés ressembler à des cygnes. Ou à des chevaux. C’est comme on veut. L’estrade, qui s’étend depuis la scène, va servir pour la Vente aux enchères des célibataires. J’étouffe un rire en passant devant. Pauvre Tate. Je ne l’ai pas encore vu ce soir, je suppose qu’il se cache quelque part, dans un coin. En fait, il discute avec Joy quand j’arrive à la table parrainée par grand-mère.
Il porte un costume gris foncé. La veste, dans un bel alpaga, tombe parfaitement sur ses larges épaules. Il a une chemise blanche, sans cravate, avec les deux boutons du haut défaits. Son beau visage est rasé de près et ses cheveux dorés, pour une fois, sont coiffés. Il ressemble à l’un de ces gar?ons BCBG qu’il aime appeler les clones.
– On dirait que quelqu’un a sorti ses produits capillaires, je le taquine.
– C’est vrai. (Ses yeux bleus passent ma robe en revue.) Cette couleur te va super bien.
– Merci, répond Joy. C’est moi qui l’ai choisie.
– Oui, c’est à Joy que revient tout le mérite. Tu es prêt pour ton grand moment ? je demande à Tate.