The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(2)



Double a?e.

Cela dit, j’apprécie sa franchise. Elle ne perd pas de temps. Elle ne le mène pas en bateau. J’ai l’impression que leur relation était plus du genre ? amis avec avantages ? qu’autre chose. En même temps, c’est peut-être la pire des ruptures. ?tre ami avec quelqu’un avant de s’envoyer en l’air et vouloir rester ami malgré tout, sans passer aux choses plus sérieuses ? Perso, je trouve ?a un peu dur.

Je n’ai jamais été officiellement larguée, c’est vrai – pour cela, il aurait fallu que je sois dans une vraie relation –, mais si je devais un jour vivre une scène de rupture, j’aimerais qu’elle ressemble à celle-ci : simple, rapide, directe. On éteint la bougie et c’est fini. On n’en parle plus, on passe à autre chose.

Je dis ?a maintenant, mais vu que je suis du genre à me décomposer en voyant ces pubs de La Poste où une vieille grand-mère re?oit une carte de v?ux de ses petits-enfants, je m’effondrerais sans doute en larmes aux pieds de mon bourreau… et j’irais faire au plus vite une cure dans un centre huppé pour personnes en pleine dépression.

– OK, cool, répond-il en riant à son tour, un peu ironique. Je suppose qu’on va en rester là, donc.

– Oui, c’est ?a, on va en rester là, répète-t-elle. On est d’accord ?

– OK, mais on se conna?t depuis qu’on a treize ans et ce n’est pas parce qu’on ne baise plus ensemble qu’on va arrêter de se parler tout de même.

– D’accord, on fait comme ?a.

Heureusement, miraculeusement, ils semblent avoir fini leur petite conversation. Ses tongs claquent bruyamment sur le sable quand elle s’éloigne par la plage pour rejoindre la fête.

Une de moins.

Il en reste encore un.

?tonnamment, le mec se rapproche de la mer où je le vois s’immobiliser comme une statue en regardant l’horizon. Là où il est, la lune l’éclaire, ce qui me permet de mieux le voir. Il est grand et musclé. Il porte un short de surf et un tee-shirt dont je n’arrive pas à voir la couleur car il fait trop sombre. J’ai l’impression qu’il est blond. Et il a un beau cul. Je ne suis pas du genre à remarquer ?a, je ne suis pas une fille qui regarde tout de suite les culs des mecs, mais là, je dois dire que je l’ai tout de suite repéré.

Comme il me tourne le dos, je vais en profiter pour filer. Je me lève doucement et essuie mes mains toutes moites sur le devant de mon short en jean… Je n’avais pas réalisé à quel point j’étais tendue. D’habitude, j’ai les mains moites avant un premier baiser ou quand je me trouve dans une situation particulièrement pénible ; par exemple, à chaque conversation que j’ai avec ma mère, donc j’ai souvent les mains moites.

Je prends une grande inspiration, fais un petit pas. Je suis soulagée quand je vois que le type ne se retourne pas vers moi.

Pas de problème, je peux y aller. Je n’ai plus qu’à rejoindre la dune qui se trouve à quelques mètres. S’il me remarque après ?a, je pourrai toujours prétendre que je venais de l’autre c?té et lui dire : ? Oh, désolée, je me promenais, je ne t’avais pas vu ! ?

Cette fois, je le sens bien, je vais pouvoir m’échapper. J’ai à peine fait trois pas que mon portable décide de ruiner tous mes efforts en m’avertissant bruyamment de l’arrivée d’un texto. Et puis d’un autre et, comme si ce n’était pas suffisant, d’un troisième !

?videmment, intrigué, le type se retourne vers moi.

– Hey, lance-t-il d’une voix grave et méfiante, que porte la brise nocturne. Mais… d’où tu viens ?

Je sens la chaleur me monter aux joues. Je suis contente qu’il fasse trop sombre et qu’il ne puisse pas me voir rougir.

– Je suis désolée, je… euh…

Je cherche désespérément une raison à ma présence.

– Je te jure, je n’ai absolument rien entendu de votre rupture.

Putain de merde. Magnifique Cassandra !

Ma réponse me vaut un léger rire :

– Absolument rien, hein ?

– Non, non, je t’assure, je n’étais pas assise là à écouter comment tu te faisais larguer.

Je n’ai plus de contr?le sur ma bouche. C’est elle qui parle toute seule. C’est la cheffe maintenant. Encore un truc qui m’arrive quand je suis mal à l’aise : j’ai tendance à bafouiller.

– Enfin, à mon avis, tu as plut?t bien géré la situation. Tu ne t’es pas mis à genoux, tu ne t’es pas agrippé à ses jambes en la suppliant de rester. Tant mieux, et je t’en remercie. Tu sais, ?a nous a évité à tous les deux de nous retrouver dans une situation encore plus embarrassante. C’est un peu comme si tu avais senti que j’étais coincée derrière ce tronc d’arbre.

– Crois-moi, si j’avais su que tu étais là, j’en aurais fait des tonnes. J’aurais été jusqu’à verser des larmes, j’aurais même maudit le ciel et pleuré sur mon pauvre c?ur brisé.

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