The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(4)
Heureusement, ma mère s’est remariée quelque temps après, mais ce fut la fin de nos étés à Avalon, cette ville de la Caroline du Sud située au bord de la mer où je suis née et où j’ai grandi. Je ne peux pas dire que je n’ai pas été soulagée. Cela voulait dire que, en revenant seule ici, je pouvais voir mon père tranquillement et profiter du moment. Bien s?r, cela voulait dire aussi qu’en retournant à Boston, ma mère me posait des tas de questions et voulait savoir tout ce que mon père disait sur elle. Situation inconfortable et injuste, mais c’était toujours mieux que de me retrouver coincée entre les deux dans la même ville.
– Tu vas lui répondre par texto ?
La voix du type en face de moi me sort de mes pensées.
– T’inquiète, je lui répondrai plus tard.
Je glisse rapidement mon portable dans ma poche arrière. Si l’entendre se faire larguer était plut?t gênant, ce n’est rien, comparé à la honte que je pourrais vivre s’il voyait les messages de Peyton.
Il m’observe en silence.
– Je m’appelle Tate, finit-il par me dire.
J’hésite.
– Cassie.
– Tu es ici pour l’été ?
J’acquiesce.
– Je suis chez ma grand-mère, elle a une maison dans le sud de la ville. Tu sais, j’ai grandi à Avalon Bay.
– C’est vrai ?
– Oui. J’ai déménagé à Boston avec ma mère après le divorce de mes parents. Mon père vit toujours ici, je suis devenue, de fait, une Summer Girl. Enfin, pas vraiment, parce que généralement je ne reviens qu’en juillet pour une semaine ou deux. Mais, cette année, je vais rester jusqu’au Labor Day1, ce qui va faire de moi une vraie Summer Girl.
Arrête de babiller ! je m’ordonne.
– Et toi ?
Je lui pose la question un peu vite, pressée de parler d’autre chose que de moi et désolée d’avoir eu l’impression d’utiliser l’expression Summer Girl environ quatre millions de fois en une seule phrase.
– C’est le contraire, j’ai déménagé à Avalon au début du collège. Avant ?a, nous habitions en Géorgie, à Simon’s Island. (Tate semble un peu morose.) Pour être honnête, je t’envie un peu pour Boston. J’aimerais bien qu’on s’installe dans une vraie ville au lieu d’échanger une sorte de station balnéaire pour une autre. Tu vas à l’école, là-bas ?
– Oui, je vais à Briar University.
– Une fille de Ivy League2, hein ?
On se retrouve vite à marcher l’un près de l’autre vers la fête. Tout naturellement, rien de vraiment concerté.
– Je vais rentrer en dernière année, j’ajoute.
– Super. Et qu’est-ce que tu étudies ?
– Littérature anglaise, je réponds en lui jetant un regard ironique. Je sais. Totalement inutile… sauf si je veux devenir prof.
– Tu veux être prof ?
– Non.
Il sourit et… j’aper?ois des dents blanches et régulières sous le clair de lune. Son sourire est parfait. Une fille pourrait s’y perdre.
Tout en continuant de marcher, je décide donc de regarder droit devant moi en enfon?ant les mains dans mes poches.
– Tu sais ce qui m’agace, Tate ?
– Qu’est-ce qui t’agace, Cassie ?
Je sens encore qu’il me sourit.
– Tout le monde dit qu’on se construit à l’université, n’est-ce pas ? Mais d’après ce que j’ai vu, ce n’est qu’une série de fêtes pourries, de séances d’études qui durent des nuits entières et des heures passées dans des amphithé?tres à écouter des bouffons qui n’en finissent plus de déblatérer. Et pendant ce temps-là, tu restes assise à faire semblant d’avoir aimé un livre ennuyeux qu’on t’a demandé de lire, alors qu’en réalité, il est plus agréable de regarder l’eau bouillir que de lire la plupart des classiques de la littérature. Voilà, c’est dit. Les classiques, c’est nul, et l’université ennuyeux à mourir.
Tate éclate de rire.
– Peut-être que tu ne vas pas aux bonnes fêtes ?
Il a raison, je n’y vais pas. Parce que jamais, au grand jamais, je ne suis allée à une fête où j’ai longuement pu parler avec un mec qui ressemble à Tate.
Plus on s’approche du grand feu, plus le chemin s’éclaire. La musique se fait de plus en plus forte. Un reggae lent sur lequel plusieurs couples enlacés se déplacent lascivement. J’ai l’impression qu’il n’y a que des locaux. S’il y a des membres du country club, je ne les reconnais pas. De toute fa?on, les estivants n’ont pas l’habitude de fréquenter les locaux. Joy pense que la seule raison pour laquelle elle a été invitée ici ce soir, c’est parce qu’un certain Luke voulait sortir avec elle.