The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(7)
– D’accord, ma chérie. Dans ce cas, je ne dis rien.
Ses yeux noisette pétillent, lui donnant un petit air juvénile. C’est amusant comme grand-mère peut être très élégante et terriblement distante en société. Toujours habillée comme si elle descendait d’un yacht, arborant ces vêtements BCBG beaucoup plus adaptés au chic de Nantucket qu’a la décontraction d’Avalon Bay. Je mettrais ma main à couper qu’elle possède une centaine de carrés Hermès. Pourtant, lorsqu’elle est en famille, cet aspect extérieur glacial fond et c’est la femme la plus chaleureuse qu’on puisse rencontrer. J’adore passer du temps en sa compagnie, elle est tellement dr?le ! Parfois, lors d’un grand d?ner de famille, elle est capable de sortir une blague très cochonne. C’est surprenant, surtout avec son accent délicat du Sud. Cela nous fait tous beaucoup rire. Ma mère déteste ?a, mais ma mère n’a aucun sens de l’humour ; elle n’en a jamais eu.
– Tu t’es fait de nouveaux amis ?
– Non, mais ce n’est pas grave. Je verrai Joy plus tard en ville, et Peyton viendra peut-être me rendre visite une semaine ou deux en ao?t, je réponds en regardant le choix de muffins. Tu sais, je regrette que tu m’aies dissuadée de chercher un job d’été.
Grand-mère prend un bout de son muffin aux graines d’avoine. Depuis que je la connais, son petit déjeuner se compose invariablement d’un muffin et d’une tasse de thé. C’est sans doute pour ?a qu’elle a toujours gardé la ligne.
– Cass, ma petite chérie, si tu avais un job, nous ne pourrions pas prendre nos petits déjeuners ensemble, pas vrai ?
– Tu n’as pas tort.
Je choisis un muffin banane-noix, attrape une petite assiette en verre dans le placard et me mets à table à mon tour. Un morceau de noix tombe de mon muffin, je le remets dans ma bouche aussit?t.
– Quel est le programme aujourd’hui ?
– Allons faire un tour en ville dans les nouvelles boutiques qui ont ouvert leurs portes. Levi Hartley a pris sur lui de rénover toute la promenade. Son entreprise de construction a réparé pratiquement tous les commerces endommagés par l’ouragan. J’ai repéré un très beau magasin de chapeaux l’autre jour et j’aimerais bien aller y faire un tour.
Faire un tour dans un magasin de chapeaux, typique de grand-mère Lydia. Je n’ai jamais porté de chapeau, à part la casquette de base-ball de Briar U qu’on nous a distribuée lors des journées d’orientation de première année. Et encore, c’est parce qu’ils nous ont forcés à la mettre pour prêter serment de fidélité à l’université. Je ne sais même plus où elle est, sans doute quelque part au fond de mon placard.
– Un shopping de chapeaux. Hum… j’ai trop h?te.
Elle ricane doucement.
– Et je dois trouver un cadeau d’anniversaire pour les filles, alors si on pouvait jeter un coup d’?il dans quelques-uns des magasins pour enfants, ?a m’arrangerait. Et puis… on pourrait peut-être aussi pousser jusqu’à l’h?tel, qu’est-ce que tu en penses ? J’ai vraiment envie de voir ce qu’ils en ont fait.
– Et moi donc ! lance grand-mère en fron?ant les sourcils. Mackenzie Cabot, la jeune femme qui l’a acheté, m’avait promis, au moment de la signature, qu’elle garderait le caractère et le charme que nous lui avions donnés, grand-père et moi. Elle m’a régulièrement envoyé des dessins des améliorations qu’elle avait l’intention d’y apporter et aussi des photos à mesure que le chantier avan?ait. Je dois avouer que tout ?a témoignait de sa volonté de restaurer les lieux au plus près de leur état d’origine. Mais, depuis le début du mois de juin, plus rien.
Son inquiétude est évidente. Je sais que la plus grande crainte de grand-mère était que Le Beacon devienne méconnaissable. Cet h?tel, c’était toute sa vie. Il a survécu à trois ouragans et avait déjà été reconstruit à deux reprises par mes grands-parents. Ils y avaient mis toute leur énergie, leur sang, leur sueur, leurs larmes… et leur amour. Quand je pense que pas un seul de leurs quatre enfants ne s’est battu pour garder l’h?tel dans la famille, je dois avouer que cela m’irrite un peu.
Will et Max, mes deux oncles, vivent à Boston avec leurs épouses et ont chacun trois jeunes enfants. Tous deux étaient catégoriques, ils ne voulaient pas déménager dans le Sud pour rénover un h?tel qui ne les intéressait pas. Tante Jacqueline et son mari Charlie ont une maison dans le Connecticut et trois enfants, ils n’avaient aucune envie de se lancer dans l’h?tellerie. Et puis il y a maman, avec son calendrier mondain bien rempli à Boston, toujours occupée à dépenser l’argent de son ex-mari. Stupide vengeance, elle avait déjà un bon pactole avant son mariage, ce qu’on appelle une petite fortune personnelle. Les Tanner pèsent des millions. Mais mon ancien beau-père Stuart a commis l’erreur de demander le divorce, et ma mère n’est rien d’autre que mesquine à son égard.