The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(146)



Je me frotte le nez, je ne sais plus très bien où j’en suis.

– Je ne comprends pas ce qui se passe, explique-moi.

– J’ai aussi parlé à ma mère seul à seule.

– D’accord…

Je ne comprends toujours pas.

– Elle lui a pardonné, répète Tate, la voix légèrement cassée, mais ?a ne veut pas dire qu’elle a besoin qu’on le lui rappelle tous les jours.

Cette fois, une sensation nauséabonde se répand dans mon ventre jusque dans mes intestins.

– Et je représente un rappel de ma mère, je murmure.

Il acquiesce, l’agonie plein les yeux.

– Nous avons parlé pendant un moment. Dans le passé, maman n’a jamais voulu savoir avec qui mon père avait eu cette liaison, mais maintenant, elle le sait. Elle sait que c’est ta mère. Elle a admis que ce serait difficile pour elle de te voir si toi et moi étions ensemble, si nous étions un couple.

Je sens les larmes qui montent. Je ferme brièvement les yeux, j’espère arriver à ne pas pleurer. Je ne peux même pas bl?mer Gemma. C’est le pire, je la comprends. Bien s?r qu’elle ne veut pas de ce rappel. Chaque fois que son fils ramènera sa copine à la maison, elle va lui rappeler que son mari l’a trompée ? Avec la mère de cette fille ?

– Je ne peux pas faire ?a à maman, dit Tate d’une voix étranglée. Je t’aime, Cass, je t’aime beaucoup, mais je ne pourrais pas vivre en sachant que je fais de la peine à ma propre mère. Je ne peux pas lui faire ?a.

Il serre les dents. Il déglutit à plusieurs reprises. Il a l’air tellement bouleversé.

J’attrape sa main, j’entrelace nos doigts.

– Ce n’est pas grave. Je comprends.

– Je suis vraiment désolé.

Chaque mot traduit une grande souffrance.

– Tu ne peux pas ramener à la maison la fille dont la mère a presque détruit le mariage de tes parents. ?a restera toujours un nuage noir qui va planer au-dessus de notre relation, surtout si ta mère n’arrive pas à le surmonter. Il n’y a plus la moindre lueur d’espoir.

Mes lèvres commencent à trembler, je les mordille autant que je peux. Je ne veux pas pleurer.

– Alors, je suppose qu’on va se dire au revoir.

– J’imagine.

Sa voix se fissure à nouveau, tout comme une partie de mon c?ur.

– J’ai passé un bel été, je lui dis.

– Le meilleur été de ma vie.

Je souris. Ses yeux s’embrument à nouveau. Les miens suivent rapidement. Je peux à peine le voir, tellement ma vision est floue. Nous pleurons tous les deux, et je sais que si je reste assise ici plus longtemps, je vais craquer.

– Je suis content de t’avoir rencontrée, rouquine.

– Heureuse de t’avoir rencontré aussi, Gate.

Je le laisse là, sur la jetée. Je ne sais pas comment mes jambes parviennent à me porter jusqu’à la maison, mais je finis par y arriver. Même dans ma chambre, je continue à lutter contre les larmes, car s’il était dans sa chambre maintenant et que nous passions devant nos fenêtres en même temps, il me verrait. J’entre dans la salle de bains et m’assois sur le bord de la baignoire. Ce n’est qu’à ce moment-là que je me mets à pleurer.





Chapitre 35

Cassie



Novembre





– On a réussi !

Le visage tout rouge de Tate remplit l’écran de mon ordinateur portable. Il passe une main dans ses cheveux plus dorés que jamais par le vent, tout sourire dehors. Me voilà soulagée. Je suis constamment inquiète depuis qu’il a mis les voiles, et chaque fois que je le vois, sain et sauf, j’ai envie de pleurer de joie.

– Je peux vous dire qu’on a eu chaud plus d’une fois. J’ai failli me pisser dessus pendant la tempête du mois dernier…

Je frissonne. C’était un mauvais moment à passer. J’ai vu la vidéo qu’il a faite du pont après la tempête et elle hante encore mes rêves.

– Et je ne m’excuserai jamais assez de t’avoir imposé ma version a cappella de ? Poker Face ?1 le soir où j’ai descendu cette bouteille de Jack2.

Je glousse.

– Cette fois, le voyage a officiellement pris fin. Enfin, si on veut. Je vais rester ici jusqu’à ce que les parents de ma copine me la reprennent.

Il balaie amoureusement de ses yeux bleus le hunier du Surely Perfect.

– Je passerai le mois prochain à naviguer autour de l’Australie. Histoire de voir de quoi on parle. Alors, restez à l’écoute, les amis. Le voyage n’est pas encore terminé. On se reparle bient?t. Salut à tous !

La vidéo s’arrête là.

Je me mets à pleurer.

C’est désormais une routine hebdomadaire. Chaque lundi, lorsque Tate publie son vlog de voyage, je m’assois sur mon lit, j’ouvre l’ordinateur portable et je regarde les trente ou quarante minutes de récapitulation de sa semaine. Je ne sais pas quel logiciel de montage il utilise, mais ses vidéos sont excellentes. Il y a des superpositions de photos, des cartes de dates pour montrer quand certaines séquences ont été filmées et aussi des plans fixes, quand Tate place la caméra quelque part et la laisse tourner. Mon c?ur bat toujours la chamade lorsque je vois ses mains habiles hisser une voile ou souquer un bout. Mais ce que je préfère dans ses vidéos, c’est quand on le voit assis sur le pont ou attablé dans la cambuse et qu’il me parle. En fait, il parle à tout le monde, mais j’aime à penser qu’il me parle à moi toute seule.

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