The Summer Girl (Avalon Bay, #3)(85)
– Oh oui, de temps en temps.
– De temps en temps… répète-t-elle.
– Mouais… je marmonne en m?chouillant très lentement. On échange surtout des messages sur les réseaux sociaux, juste pour se donner des nouvelles.
Elle se mordille les lèvres avant de reprendre sa tasse de café.
– Tu sais ce que j’en pense, Cassie.
Oui, trop bien. Tu ne peux pas me donner un demi-frère pendant cinq ans et ensuite t’attendre à ce que je ne lui parle plus jamais, juste parce que tu as décidé de divorcer une deuxième fois…
Je ne dis pas ?a à voix haute.
Honnêtement, je l’aimais bien, Stuart Sheffield, l’homme que maman avait épousé en secondes noces. Très riche, bien s?r. Avec un nom pareil, évidemment, il était riche. Stu était plus sérieux que mon père, plus strict aussi, mais il était gentil. ?a craint qu’il soit tombé dans le panneau avec ma mère, mais je ne peux pas le bl?mer. Elle est très douée pour charmer les gens. Et comme le monde tourne autour d’elle, dès qu’elle a décidé que Stu et Robb n’existaient plus, j’étais censée faire comme elle.
– Ce n’est pas bien grave, je répète. Ce n’est pas comme si Robb et moi passions des vacances ensemble dans les Hampton. Je lui ai juste demandé de faire quelques dessins pour moi.
– Et c’est quoi, ?a, tu écris des livres pour enfants maintenant ? (Elle a l’air énervée). C’est à ?a que sert mon gros chèque pour tes frais de scolarité ?
– C’est juste un cadeau d’anniversaire. Les jumelles adorent les histoires que j’invente pour elles à l’heure du coucher. Papa m’a suggéré d’en prendre une et d’en faire un livre.
– Tu m’étonnes.
Je serre et je fais tout ce que je peux pour libérer la tension de mes m?choires. La pression ne fait qu’augmenter quand elle me demande sèchement :
– Et son infirmière, qu’est-ce qu’elle a prévu pour ce fameux anniversaire ?
– Victoria ! s’exclame grand-mère.
– Quoi ?
Elle lève un sourcil.
– Je pensais t’avoir inculqué de meilleures manières.
– Maman, je t’en prie… tu prends le parti de la femme trophée de Clayton ?
Je ravale un rire, parce que Nia est tout sauf une femme trophée. Elle se moque de l’image qu’elle renvoie. L’argent, les vêtements, le statut social ? Elle s’en fout. Exactement le contraire de ma mère.
– Il y aura une fête pour les jumelles dans l’après-midi, je dis en ignorant la remarque désobligeante qu’elle vient de faire sur Nia, tous leurs copains et copines seront là. Ensuite, nous d?nerons tous les cinq.
Comme je m’attends à une remarque acerbe sur le fait qu’elle n’a pas été invitée au vingt et unième anniversaire de sa propre fille, j’ajoute :
– Toi et moi, on va toujours à Charleston ce week-end-là, n’est-ce pas ? On y passera toute la journée de dimanche, non ? Je suis folle de joie à l’idée d’y aller.
Le fait de parler d’elle a l’effet escompté. Elle commence à se détendre.
– Moi aussi, j’ai h?te d’y être. (Elle se lève.) On a l’essayage dans une heure. J’aimerais arriver un peu plus t?t. Tu es prête à partir après ton petit déj ?
– Ouaip.
– Très bien. Je passe un coup de fil et on y va.
Et elle sort de la cuisine, toute contente.
Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression qu’elle va appeler mon ancien beau-père pour se plaindre du fait que Robb et moi sommes toujours en contact.
En parlant de ?a… Je clique rapidement sur l’e-mail et ouvre la pièce jointe.
– Montre-moi, me demande grand-mère.
Je rapproche ma chaise de la sienne et nous admirons ensemble le produit fini.
– Oh Cassie, tu as fait un travail formidable, ajoute-t-elle.
– C’est un travail d’équipe. Je ne dis pas ?a par modestie, c’est la stricte vérité. J’ai écrit l’histoire, Robb a fait les dessins et Peyton, qui travaille pour un studio d’arts graphiques à Boston, a réalisé la maquette que j’ai ensuite envoyée à l’imprimeur.
Je zoome sur une illustration. La création de Robb pour Kit le dragon est vraiment superbe. Il a su trouver l’équilibre parfait entre l’effrayant et le mignon. Il a donné vie à mon Kit.
– Quel talent ! je m’émerveille. On dirait de vrais personnages, tu ne trouves pas ?
– Mais ils sont vrais, c’est toi qui les as créés, ma chérie.
– Je sais, mais maintenant je peux les voir. C’est trop cool. Je suis tellement contente.
Grand-mère se penche vers moi et me remet une mèche de cheveux derrière l’oreille.
– Voilà le beau sourire que j’aime voir sur ce visage. Cassandra, je sais que ta mère est… difficile, c’est le moins que l’on puisse dire. J’espère malgré tout que tu ne prends pas trop à c?ur certaines des choses qu’elle dit. Et je veux que tu saches que je suis fière de toi, fière de la femme que tu es en train de devenir. Je te trouve formidable et je voulais te le dire, parce que je le pense vraiment.